Découverte d'une larve qui dévore le plastique

  26 Avril 2017    Lu: 1510
Découverte d'une larve qui dévore le plastique
Des chercheurs ont fait la découverte d'une certaine espèce de ver capable de manger et digérer le plastique. On tient peut-être là une arme contre la pollution des objets en plastique.

Pour se débarrasser du plastique, on a tout essayé : en faire des pulls (c'est pas dingue), le brûler (ça pollue), l'abandonner en forêt (ça pollue), en faire cadeau aux poissons (ça pollue), le recycler de diverses manières (mais c'est toujours du plastique).

La solution est peut-être ailleurs : chez les insectes. En particulier chez un ver, le ver de cire, qui a la capacité de manger le plastique, et surtout de le digérer sans problème). Cette découverte faite récemment pourrait bien permettre un bond en avant dans l'élimination des matières plastiques qui polluent actuellement terres et océans. C'est Federica Bertocchini, biologiste à l'Institut de biomédecine et de biotechnologie de Cantabrie, en Espagne, qui a fait cette découverte, détaillée dans une étude publiée le 24 avril dans Current Biology.

Un gourmand caché dans la ruche

La chercheuse a fait cette découverte presque par hasard : en débarrassant un jour ses ruches de vers de cire (petites larves se nourrissant du miel des abeilles), qu'elle jette à la poubelle, elle réalise un peu plus tard que les sacs en plastique sont plein de trous. Curieuse, elle décide d'étudier l'insecte pour comprendre s'il est à l'origine du phénomène.

Nous avons alors découverte que la larve d'un insecte assez commun, le galleria mellonella (fausse teigne de la cire, en français), peut biodégrader un des plastiques les plus résistants qui existent : le polyéthylène", explique la chercheuse.

Ce n'est pas une révolution : la science connaît déjà le ténébrion meunier, un ver friand de farines de céréales et de polystyrène extrudé (le composant du Styrofoam, un isolant thermique). Mais la larve de cire est bien plus gourmande : quand le ténébrion n'ingurgite que 0,13 milligrammes par centimètre² de Styrofoam en une heure, le ver de cire avale 0,23 milligrammes par centimètre².

"C'est tellement rapide", commente Federica Bertocchini au média Seeker. "Si on le met dans un sac en plastique, il en ressort en 20 minutes." Habituellement, ce ver consomme de la cire, qui est, comme le plastique, un polymère. Son estomac est donc habitué à traiter ce genre d'aliment.

Un premier pas vers l'élimination du plastique

"Puisqu'ils mangent de la cire, ils ont pu développer une molécule pour la digérer, et cette molécule pourrait aussi fonctionner sur du polyethylène", explique Federica Bertocchini à National Geographic.

L'idée n'est donc pas de lancer des élevages de larves de cire, mais de comprendre comment cet insecte parvient à éliminer du plastique.

"Si une seule enzyme est responsable de cette réaction chimique, sa reproduction à grande échelle en utilisant des méthodes biotechnologiques est faisable", complète son collègue Paolo Bombelli, qui cosigne l'étude, au journal The Telegraph. "C'est très excitant, détruire le plastique est toujours si compliqué."

Les chercheurs envisagent deux hypothèses : soit des acides présents dans la salive de l'insecte aident à la décomposition du plastique, soit des bactéries dans l'estomac et les intestins permettent sa digestion. Pour eux, c'est la dernière qui semble la plus probable.

Le plastique, hautement polluant et omniprésent

Actuellement, la présence de plastique dans la nature pose d'énormes problèmes. Les forêts, les océans, les montagnes regorgent de sacs, bouteilles et autres objets qui dégagent des matières toxiques en se décomposant, très lentement d'ailleurs. Un sac plastique, par exemple, ne disparaît complètement qu'en 450 ans.

En janvier 2016, le Forum économique mondial alertait la population internationale : si les êtres humains n'inversent pas leurs tendances de production et de consommation, il y aura en 2050 plus de plastique que de poissons dans l'océan.

Grâce à ces larves, "on pourrait peut-être trouver la molécule et la produire à grande échelle, plutôt que de lancer un million de vers dans un sac plastique", imagine Federica Bertocchini pour The Atlantic. "Se débarrasser du plastique dans nos campagnes, un océan sans aucun plastique...", rêve la chercheuse, "ce serait l'utopie."

Mashable

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