Résultats présidentielle 2017: Marine Le Pen peut-elle être éliminée dès le premier tour?

  20 Avril 2017    Lu: 2115
Résultats présidentielle 2017: Marine Le Pen peut-elle être éliminée dès le premier tour?
Il y a comme une ambiance de coups de tonnerre dans la fin de campagne de Marine Le Pen. Voilà deux ans que la présidente du Front national est annoncée dans le duo de tête des intentions de vote au premier tour de l'élection présidentielle. Et systématiquement donnée battue au second, quel que soit l'adversaire. Un double statut de favorite et de grande perdante qui l'a conduite à tout miser sur une stratégie d'apaisement en vue de fédérer une hypothétique majorité au soir du 7 mai. Problème: rien ne s'est déroulé comme prévu.

Marine Le Pen rêvait d'un match retour contre Nicolas Sarkozy et François Hollande? Tous deux ont été éliminés, de gré ou de force. Le scandale des affaires touchant François Fillon, loin de lui attirer de nouveaux électeurs, a au contraire propulsé sur le devant de la scène Emmanuel Macron tout en mettant en lumière ses propres turpitudes judiciaires. Elle qui misait sur un face à face avec "un candidat du système" se retrouve noyée dans un match à quatre, incluant l'inclassable Jean-Luc Mélenchon.

Tant et si bien que l'avance de la fille de Jean-Marie Le Pen, qui a pu tutoyer les 30%, s'est graduellement dégradée, la faisant chuter de la première à la deuxième place, à moins de trois points de ses premiers poursuivants, comme l'illustre notre compilateur de sondages.

"S'il est probable qu'elle batte le meilleur score d'un candidat FN à la présidentielle, et même le record historique de voix du FN à une élection, on note une érosion des sondages. Elle était encore à 28% en février et elle est aujourd'hui à 22-23% selon les enquêtes. Cela montre qu'elle n'a pas su créer de dynamique autour de sa campagne", résume Yves-Marie Cann, directeur des études politiques chez Elabe.

Improvisation et coup de barre à droite

Marine Le Pen 2017 sera-t-elle la Lionel Jospin de 2002, éliminé à la surprise générale pour avoir trop négligé sa campagne de premier tour? Si le scénario n'est pas le plus probable, il est devenu arithmétiquement possible et trotte désormais dans toutes les têtes à l'extrême droite.

Pour éviter que la fuite ne tourne à l'hémorragie dans la dernière ligne droite, la candidate d'extrême droite a opéré un virage très net depuis 10 jours, manifestement soucieuse de consolider son socle de premier tour en réaffirmant les fondamentaux du FN: identité et lutte contre l'immigration. Revirement qui devrait s'exprimer ce mercredi lors de son grand meeting de Marseille.

Signe qui ne trompe pas, Marion Maréchal Le Pen, incarnation du Front national canal historique et longtemps marginalisée dans la campagne, devrait pour la première fois y prendre la parole avant sa tante. Objectif: se concilier à tout prix le vote de la droite "hors les murs", déjà ardemment courtisée à Perpignan avec Robert Ménard.

Autres indices d'un durcissement idéologique, deux nouvelles mesures non prévues au programme: un moratoire immédiat sur l'immigration légale et le rappel des militaires réservistes en vue de rétablir les frontières.

Des provocations appelées à frapper les esprits

Parallèlement, Marine Le Pen a laissé de côté son costume de candidate "apaisée" pour se replonger dans des discours clivants, provocateurs et susceptibles de remobiliser son coeur de cible électoral. Après la polémique sur la rafle du Vel d'Hiv qui lui a manifestement échappé, la candidate du FN a repris ses formules frondeuses de 2012, liant immigration et terrorisme.

"Avec moi, il n'y aurait pas eu Mohammed Merah", "il n'y aurait pas eu les terroristes migrants du Bataclan et du Stade de France" de novembre 2015, a-t-elle glissé lors de son meeting houleux au Zénith de Paris. Un lien que la candidate s'est empressée de renouer après l'arrestation de deux personnes soupçonnées de préparer un attentat contre les candidats à la présidentielle.

"La colonisation a beaucoup apporté, notamment, puisqu'on parle de l'Algérie, à l'Algérie: des hôpitaux, des routes, des écoles... Même des Algériens qui sont de bonne foi l'admettent", a-t-elle assumé ce mercredi sur BFMTV après avoir obtenu de TF1 que la chaîne retire le drapeau européen lors d'une interview. Objectif: marquer les esprits au moment où les intentions de vote se cristallisent.

"Son socle est très solide et il n'a pas diminué mais elle n'a pas attiré à elle de nouveaux électeurs, prévient le sondeur Yves-Marie Cann. Depuis quelques temps on voit que d'anciens électeurs de Nicolas Sarkozy en 2012, qui n'avaient pas exprimé d'intentions de vote jusqu'à présent, commencent à le faire en faveur de François Fillon. Problème: Marine Le Pen n'en récupère pas". Un avertissement quand près d'un quart des Français n'ont toujours pas décidé pour qui ils voteront dimanche prochain.

Le Huffington Post

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