11 avril 1890. Joseph Merrick, l’ Elephant Man, est retrouvé mort

  11 Avril 2017    Lu: 3121
11 avril 1890. Joseph Merrick, l’ Elephant Man, est retrouvé mort
Il y a 127 ans, Joseph Merrick surnommé “Elephant man” est retrouvé mort dans son lit, les vertèbres brisées.

Parmi ceux surnommés pendant longtemps « les monstres », Joseph (John) Merrick alias Elephant Man est certainement le plus connu.
C’est d’ailleurs le film de David Lynch, The Elephant Man, tourné en 1980 qui a rendu célèbre cet homme au destin tragique.

Principalement au 19e siècle, on a donné le nom d’homme éléphant » ou « femme éléphant » à des personnes souffrant d’une anomalie de la peau.
En effet, l’épiderme se distingue par sa rigidité, son épaisseur et sa dureté, comparable à celui d’un pachyderme.

Cependant, on sait aujourd’hui que John Merrick ne souffrait pas d’éléphantiasis, ni de la maladie de Recklinghausen. Cet homme souffrait du syndrome de Protée, une maladie génétique qui affecte la croissance des tissus, et produit des déformations.

La vie de John Merrick

Le vrai prénom de John Merrick est Joseph, mais en écrivant l’effroyable existence de cet homme, le professeur Frederick Treves, chirurgien et protecteur de Merrick, fit une erreur.

John Casey Merrick est né à Leicester en Angleterre en août 1862. Sa mère, Mary Jane, meurt alors que son fils est encore très jeune.
Son père se remarie, mais la seconde épouse est horrifiée par les difformités du garçon qui n’a que 10 ans.
Il semblerait que les malformations aient commencé vers l’âge de 21 mois.

Sa mère a prétendu que ces difformités étaient dues au fait qu’elle avait été renversée par un éléphant dans un cirque alors qu’elle était enceinte.

Cette théorie farfelue est bien sûr totalement exclue.

Le jeune garçon quitte donc le domicile familial à 12 ans et va vivre dans la « maison syndicale des travailleurs ».

Il paye son maigre loyer en cirant des chaussures dans la rue, fait du porte-à-porte et de nombreux autres petits boulots. Malheureusement, ses difformités sont telles qu’il en est vite réduit à devenir un phénomène de foire.

Il va être ainsi promené de ville en ville par un propriétaire de cirque peu scrupuleux. Objet de répugnance et d’horreur, celui que l’on appelle Elephant Man, s’exhibe plusieurs fois par jour devant un public adepte des spectacles malsains.

Pour cacher son apparence, Merrick porte des chaussons en forme de sac aux pieds. Il met sur sa tête un énorme chapeau avec un morceau de tissus qui cache son visage.
Le corps est camouflé sous une ample cape noire.

Portrait d’Elephant Man

C’est grâce au Professeur Treves que nous connaissons la vie de John Merrick et également son apparence.

Le scientifique a rencontré Merrick dans de curieuses circonstances. Alors qu’il se promenait dans Whitechapel Road, il vit sur une vitrine un écriteau marqué » venez voir l’homme éléphant, mi-homme, mi-bête ».

Curieux, Treves entra et paya les deux pennies demandés.

Une autre version raconte que ce serait un étudiant en médecine qui aurait mentionné à Treves cet étrange spécimen exposé dans la boutique, située près de l’hôpital de Londres.

Dans l’arrière-boutique délabrée, une forme dissimulée sous une couverture était prostrée sur un tabouret.
À la demande du propriétaire des lieux, la » chose » se leva et apparut torse nu, habillée d’un simple caleçon.

Voici le descriptif fait par Treves :

Une tête démesurée et difforme. À partir de ce qu’auraient dû être les sourcils se projette en avant une masse osseuse.
Au-dessus de la tête pend un sac de peau spongieuse à l’apparence d’un chou-fleur marron. Quelques cheveux ont poussé sur cette “tête.

À partir de la mâchoire supérieure, se projette en avant une autre masse osseuse. Le même genre de protubérance part de la bouche et la lèvre supérieure est retournée vers l’extérieur.

Le nez ressemble à une masse informe de chair.

Dans le dos, pend une autre masse de peau qui descend jusqu’aux cuisses.

Un bras est à peu près normal, mais l’autre est énorme terminé par une main en forme de battoir aux doigts déformés.

Une autre masse de chair boursoufflée apparaît sur la poitrine.

Les membres inférieurs sont eux aussi difformes. Merrick boite à la suite d’un accident pendant son enfance.

De plus, sa peau dégage une odeur nauséabonde.

Treves a reconnu qu’il venait de voir le spécimen de l’humanité le plus abominable.

Malgré tout, il se prit de pitié pour Merrick et fit intervenir la police, car au même moment les exhibitions d’êtres humains sont interdites en Grande-Bretagne.

Une fin de vie plus « humaine »

Suite à l’intervention de Treves, le propriétaire quitte l’Angleterre et tente d’exhiber son « monstre » en France puis en Belgique.
Mais, les autorités interdisent également ce type d’exhibitions. Devenu sans aucune valeur, l’homme éléphant est abandonné dans un train.

Ne passant pas inaperçu, Merrick est interpellé par la police française qui le remet aux autorités britanniques.
Merrick a conservé la carte de visite de Treves et c’est ainsi qu’il se voit confier au professeur.

Il est installé à l’hôpital de Londres où l’on a pu lui aménager deux petites pièces dans les dépendances.

Pour la première fois de sa vie, Merrick possède un toit et n’est plus obligé de s’exhiber comme un animal.

Mais, il faut trouver de l’argent. La presse s’empare de l’affaire, suite à l’annonce que fait paraître le directeur de l'hôpital de Londres, Francis C. Carr Gomm et relate au public la misérable existence de cet homme.
Des milliers de personnes ainsi que la reine Victoria répondent à l’appel de détresse et font des dons. Grâce à eux, Merrick est certain de pouvoir vivre décemment jusqu’à la fin de ses jours.

Il va en fait séjourner dans l’établissement hospitalier pendant 5 ans.

Durant cette période, il s’ouvre peu à peu aux autres et confie les détails de sa vie.

Devenu célèbre, il reçoit de nombreuses visites et particulièrement de la haute société londonienne.

Étant donné son apparence, Merrick était considéré comme un demeuré. En réalité, son esprit est très éveillé.
Il démontre une grande intelligence et beaucoup de sensibilité.

Comme n’importe quel homme, il s’intéresse aux femmes et lit beaucoup de romans d’amour.

Son plus grand regret est de ne pas pouvoir être aimé.

Si la maladie a rendu difforme son corps, elle a laissé intact son esprit. Il est parfaitement conscient de ce qu’il est, mais aussi de ce qu’il aurait voulu être : un homme normal.

Merrick reçoit la visite des membres de la famille royale qui lui envoient par la suite des cadeaux à chaque Noël.

La vie s’écoule paisiblement et Merrick goute enfin à un peu de repos.

Le 11 avril 1890, John Merrick est découvert mort au matin. Il n’a que 27 1/2 ans.

Sa tête était si lourde qu’il ne pouvait dormir couché et devait se tenir assis dans son lit, le dos soutenu par des coussins.
Mais, quand on le découvre, il est allongé et son énorme tête est rejetée vers l’arrière. Sous le poids, les vertèbres cervicales ont été cassées.

S’agit-il d’un accident ? John Merrick a-t-il voulu dormir comme n’importe quel homme en sachant qu’il risquait sa vie ?
On ne le saura jamais.

Son squelette est conservé à l'hôpital du collège de médecine de Londres, mais n’est plus exposé au public par respect pour cet homme si différent des autres.


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