Facebook a lancé mardi de nouvelles fonctionnalités visant à empêcher toute tentative de republication de contenus de «revenge porn» sur sa plateforme, sur Messenger ou encore Instagram, dont il est aussi le propriétaire. «Ça répond à une demande sociétale», nous indique Antigone Davis, Head of Global Safety Policy chez Facebook.
Le «revenge porn», c’est l’action de poster des photos ou des vidéos intimes sur les réseaux sociaux sans le consentement des personnes concernées. Pour aider ses victimes, la firme du milliardaire Mark Zuckerberg permet désormais de signaler a priori et non plus a posteriori le contenu jugé illégal.
Exemple. Un internaute publie un cliché intime d’un autre sans son approbation. Le post est alors signalé à Facebook par un utilisateur grâce à un onglet qui se situe en haut à droite.
Alertées, les équipes de modération prennent la relève en se chargeant de l’analyser et de le supprimer s’il contrevient aux «standards de la communauté». Elles bloquent également «dans la majorité des cas» le compte incriminé et empêchent par le biais des nouveaux outils toute republication sur un autre compte en notifiant par le biais d’un message de sensibilisation qu’il s’agit d’un contenu non autorisé. Comment ? En utilisant la technologie du «photo-matching», déjà employée pour les images à caractère pédopornographiques. Chaque cliché possède en effet ce qu’on appelle un hash. Une sorte d’empreinte digitale. Un système d’automatisation repère alors les similitudes et entrave la diffusion.
Un outil convaincant, mais…
Même si elles n’ont pas directement participé à l’élaboration de ce nouvel instrument, des associations mais aussi plusieurs experts en sécurité du monde entier ont été consultés par Facebook. En France, le réseau social a notamment sollicité l’aide du centre Hubertine-Auclert pour l’égalité femmes-hommes. «Ça fait plusieurs mois qu’on échange avec la firme pour tenter d’améliorer la sécurité des femmes en ligne», explique Aurélie Latourès, chargée d’études au sein de l’organisme. Des discussions autour du «revenge porn» mais pas que. Sont aussi abordées les violences à caractère sexiste ou sexuel en ligne. «On a beaucoup évoqué avec eux la place du consentement qui est, selon nous, à repositionner», indique-t-elle.
Des progrès restent à faire, notamment dans l’accompagnement des victimes. Les conseils, les ressources sont peu visibles et nécessitent une fouille approfondie du réseau social pour y accéder. Pourtant, cette aide existe bel et bien. En sus d’un formulaire, «on a mis à leur disposition un guide et on les renvoie vers des organismes car nous ne sommes pas les mieux positionnés pour leur venir en aide. Seules les associations bénéficient de cette expertise», dit Facebook. Les données en question sont toutes répertoriées sur le «safety center» de Facebook. Sauf que les numéros de téléphone des associations proposés renvoient… en Grande-Bretagne. «Il faut améliorer l’accès aux dispositifs de proximité et faciliter l’accessibilité de la plateforme en question», appuie Aurélie Latourès. Même son de cloche du côté de l’association féministe et LGBT Les Effronté-e-s, elle aussi consultée par Facebook.
En attendant que le réseau social y remédie, le centre Hubertine-Auclert entend lancer en juin un site sur lequel toutes les données utiles à destination des victimes de harcèlement à caractère sexiste et sexuel seront recensées.
Liberation.fr
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