Les habitants de Fukushima "forcés" de revenir dans les zones radioactives

  04 Avril 2017    Lu: 1264
Les habitants de Fukushima "forcés" de revenir dans les zones radioactives
Le gouvernement japonais veut tourner la page de la catastrophe de Fukushima et vient de couper les aides financières aux habitants délogés des zones radioactives. Une décision dangereuse, prématurée et très critiquée par les ONG...
Six ans après le tsunami et la catastrophe nucléaire de Fukushima, le gouvernement japonais a levé l'ordre d'évacuation de quatre districts, parmi les plus contaminés autour de la centrale. Conséquence, 32.000 habitants déplacés de ces zones irradiées à l'époque et aidés financièrement ne recevront plus leur maigre pension (100.000 yens, 837 euros) de l'État. Un "détail" qui a son importance: pour une grande majorité d'entre eux, cette décision est synonyme de retour "à la maison", relate Arnaud Vaulerin, correspondant de Libération au Japon.

Zones "inadaptées"

Pourtant, dans les communes de Tomioka, Namie, Iitate et Kawamata, les niveaux de radioactivité sont toujours anormalement élevés et potentiellement dangereux pour la santé. Tokyo a d'ailleurs augmenté artificiellement le seuil toléré de l'exposition aux radiations à 20 millisievert (mSv) "soit la limite autorisée pour les travailleurs du nucléaire", précise l'article consacré. Les ONG japonaises crient au scandale et ont lancé un appel aux Nations unies pour demander à l'organisation internationale de dénoncer cette "réinstallation forcée dans des zones toujours inadaptées à l'habitat humain". Le Premier ministre Shinzo Abe est pointé du doigt et accusé de "faire pression" sur ces populations pour réduire le budget d'indémnisation et redorer l'image du Japon en vue des Jeux olympiques 2020.

Zones A, B et C

La zone contaminée par l'explosion de Fukushima-Daiichi est divisée en trois secteurs. Le secteur A affiche un taux d'exposition inférieur à 20 mSv/an, le B entre 20 et 50 et le C supérieur à 50 mSv. Dans le premier district, le retour est désormais autorisé, dans le second pas encore. Dans la zone C, la plus touchée, la question ne se pose même pas. 23.000 personnes habitaient à cet endroit et ont reçu une compensation de 14,5 millions de yens (120.000 euros) par la compagnie Tepco, gestionnaire de la centrale nucléaire.

Fin de l'assistance

Le gouvernement japonais cessera également de dédommager les 55.000 ex-habitants de la zone B en mars 2018 et mettera aussi fin à l'aide au logement des 27.000 autres qui ont décidé à l'époque de quitter les régions limitrophes non concernées par l'évacuation obligatoire. "L'Etat japonais se conduit de manière criminelle en forçant les habitants à rentrer dans des endroits contaminés puisqu'il arrête de verser des aides financières", accuse une mère de famille qui a quitté Koriyama en 2011 après les premiers symptômes de sa fille.

"Nous n'obligeons personne à revenir"

Tokyo n'oblige "personne à revenir", évidemment: "Des gens ont peur de la contamination, mais nous leur disons que dans la majorité des cas, les relevés d'exposition tournent autour de 2, 3, 4 ou 5 mSv à l'année, reprend Fujita. Ce sont des petites quantités qui ne présentent pas de risques. Après, bien sûr, se sentir en sécurité reste une question personnelle", précise Shinya Fujita, directeur des affaires internationales à l'Agence nationale de la reconstruction.

JO 2020

Signe de la politique de réhabilitation progressive de la région sinistrée,
le comité olympique international (CIO) a donné vendredi son feu vert pour l'organisation d'épreuves de baseball à Fukushima: "Ce sont les jeux de Tokyo, mais au moins une rencontre, probablement le match d'ouverture, aura lieu au stade de Fukushima", a déclaré le 16 mars dernier le président du comité d'organisation des JO-2020, Yoshiro Mori.

18.446 morts

Le séisme de magnitude 9 et le tsunami dévastateur du 11 mars 2011 ont causé la mort de 18.446 personnes. L'accident de la centrale nucléaire de Fukushima a contraint 123.000 habitants à l'exil, en raison des radiations.

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