Législatives en Arménie: victoire du parti du Sarkissian

  03 Avril 2017    Lu: 2746
Législatives en Arménie: victoire du parti du Sarkissian
Le parti du président arménien Serge Sarkissian a largement remporté les élections législatives organisées dimanche dans ce pays du Caucase, un scrutin toutefois entaché de fraudes selon l'opposition.

Ces élections sont les premières organisées en Arménie depuis une réforme constitutionnelle instaurée en 2015 visant à instaurer un régime parlementaire. L'opposition, qui voit dans cette réforme une façon pour le chef de l'Etat de maintenir son emprise sur le pays, a dénoncé des fraudes lors du scrutin sans qu'il soit clair si elle allait appeler à manifester lundi.

Après le dépouillement de 99,8% des bulletins, le Parti républicain de Serge Sarkissian arrivait en tête avec 49,15% des voix, a indiqué lundi la Commission électorale centrale.

"Selon les résultats préliminaires de l'élection, le Parti républicain a toutes les chances de former le nouveau gouvernement", a déclaré le porte-parole du parti au pouvoir, Edouard Charmazanov, lors d'une conférence de presse.

La coalition d'opposition menée par l'homme d'affaires Gaguik Tsaroukian a réuni pour sa part 27,37% des votes et entrera donc au Parlement.

Gaguik Tsaroukian, l'un des hommes les plus riches d'Arménie, a fait campagne en attaquant le gouvernement sur son incapacité à lutter contre la pauvreté et la corruption et en promettant de réduire les prix du gaz et de l'électricité.

Deux autres partis d'opposition, "Elk" et le nationaliste Dachnaktsoutioun, ont obtenu respectivement 7,78% et 6,58% des voix et franchi la barre des 5% nécessaires pour rentrer au Parlement.

Quatre partis se partageront donc les 101 sièges du Parlement, alors que cinq partis et quatre coalitions étaient en lice lors du scrutin de dimanche qui a réuni 60,86% des électeurs de ce pays de 2,9 millions d'habitants, selon la commission.

- Soupçons de fraudes -

L'Arménie n'a jamais connu de transfert de pouvoir à l'opposition via un processus électoral et les soupçons de fraudes, agités par l'opposition, pesaient sur le scrutin de dimanche.

"Nous avons observé de nombreuses irrégularités dans les bureaux, des violations du secret du vote et des votes multiples", a déclaré dimanche à l'AFP Hovsep Khourchoudian, un dirigeant d'une des coalitions d'opposition.

Pendant la campagne électorale, la délégation de l'Union européenne en Arménie et l'ambassade des Etats-Unis avaient exprimé dans un communiqué commun leur "inquiétude face aux informations faisant état d'intimidation des électeurs, d'achat de votes et d'utilisation des ressources de l'administration en faveur de certains partis".

Le gouvernement avait cependant promis d'organiser un scrutin exemplaire, le pays ayant déjà connu des violences post-électorales déclenchées par des accusations de fraudes. En 2008, l'élection de Serge Sarkissian avait par exemple donné lieu à des affrontements entre la police et des partisans de l'opposition ayant fait 10 morts.

Lors de la campagne, M. Sarkissian avait assuré à l'AFP avoir fait "d'énormes efforts pour que ce vote crucial soit impeccable".

Initiée par le président et adoptée à l'issue d'un référendum contesté, la réforme constitutionnelle de 2015 diminuera les pouvoirs du gouvernement et accroîtra ceux du Parlement après la fin du second et dernier mandat de Serge Sarkissian, fin 2018.

Pour l'opposition, cette réforme permettra à M. Sarkissian de changer de casquette en prenant la direction de son parti politique, se maintenant ainsi au pouvoir.

Le président s'est défendu de toute velléité de se maintenir au pouvoir, défendant sa réforme comme "une étape dans le processus de démocratisation de l'Arménie" qui, selon lui, renforcera l'opposition.

Il a néanmoins reconnu qu'il espère rester "actif" après la fin de son mandat.

"En tant que président du Parti républicain, j'assume les responsabilités pour mes collègues", a-t-il ajouté en réponse à une question sur son futur après 2018, laissant entendre qu'il continuera à peser sur la politique du pays.
AFP

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