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«Lorsque le Cercle Européen d’Azerbaïdjan (TEAS) m’a proposé de m’exprimer sur le sujet des relations entre la France et l’Azerbaïdjan dans le numéro de la Revue du Trombinoscope dédié aux positions des candidats à l’élection présidentielle française sur les sujets internationaux, j’ai tout de suite accepté, car à mon avis ces sujets ne sont pas assez évoqués, alors qu’ils sont cruciaux pour l’avenir de la France et son positionnement dans le monde et la sécurité collective.
L’année 2017 marque le 25e anniversaire de l’établissement des relations diplomatiques entre la France et l’Azerbaïdjan. Notre pays a été le deuxième, après la Turquie, à reconnaitre l’indépendance de la République d’Azerbaïdjan en 1992, après la chute de l’Union Soviétique. Fort de ce symbole, l’amitié et le respect entre les deux pays n’a cessé de croître, tout comme les relations économiques et l’engagement de nos deux pays sur des sujets de sécurité collective, comme la lutte contre le terrorisme.
En tant que Président du groupe d’amitié France-Caucase au Sénat, je suis impressionné par le degré d’échanges et de collaboration entre les parlementaires des deux pays, mais aussi par la difficulté qu’a l’Azerbaïdjan d’être écouté en France. Alors que les relations de la France avec un grand nombre de pays sont incontestées, ni par les politiques ni par les medias, le «Azerbaijan bashing » est bien présent en France et grandement favorisé par certains lobbys. Evidemment, l’Azerbaïdjan doit encore faire des progrès sur le chemin d’une démocratie accomplie. Mais rappelons-nous qu’il a fallu plus de deux cent ans à la France pour stabiliser son régime démocratique, qui est toujours perfectible, y compris de nos jours. Rappelons aussi que la République d’Azerbaïdjan n’a que 25 ans et qu’elle sort de plus de 70 ans de joug soviétique, qui ont laissé des traces, tant sur l’Azerbaïdjan que sur les pays voisins du Caucase et d’Asie centrale. De plus, l’Azerbaïdjan est un pays laïc depuis 1918 et fait montre d’une tradition de tolérance religieuse très précieuse dans cette région tourmentée du monde.
L’Azerbaïdjan est un pays stratégique pour la France. D’abord, parce que l’Azerbaïdjan est une puissance énergétique de pétrole et de gaz, et en ce sens, ce pays est indispensable à la sécurité énergétique de l’Europe, notamment au travers de la mise en place du corridor gazier sud TANAP-TAP qui sera opérationnel en 2018.
D’un point de vue économique, l’Azerbaïdjan est la première puissance économique du Caucase, et notre premier partenaire commercial de la région. Notre collaboration économique actuelle se focalise principalement sur les importations d’hydrocarbures, représentant un total de plus d’un milliard d’euros, nos exportations vers le pays représentant pour le moment 174 millions d’euros.
Depuis ces dernières années, de nombreux contrats ont été signés par les grands groupes français en Azerbaïdjan, que ce soit Suez-Environnement, Total, ENGIE, Thalès, CIFAL, ou le Groupe Accor... Notre coopération économique grandit, et est mutuellement bénéfique puisqu’elle permet aussi à l’Azerbaïdjan de se diversifier en développant d’autres secteurs que les hydrocarbures, comme le tourisme, l’agriculture, et les télécoms – secteurs dans lesquels la France est pionnier.
Pour autant, il reste un point que le prochain président de la République française aura à traiter, celui de la résolution pacifique et juste du conflit qui déchire l’Azerbaïdjan et l’Arménie sur le Haut-Karabagh. La région du Haut-Karabagh, ainsi que sept provinces avoisinantes sont actuellement hors du contrôle de l’Azerbaïdjan, alors que ces territoires sont reconnus comme faisant partie intégrante de l’Azerbaïdjan par la communauté internationale incarnée par les Nations Unies, dont le Conseil de Sécurité a voté quatre résolutions demandant le retrait des troupes arméniennes des territoires occupés.
Ce conflit territorial est complexe et provoque de nombreuses victimes collatérales, en particulier les presque un million de réfugiés et personnes déplacées internes vivant depuis 25 ans dans des camps, éparpillés en Azerbaïdjan, après avoir dû fuir les territoires occupés. D’aucun feront valoir le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes, mais comment faire valoir sérieusement ce droit quand les azerbaidjanais vivant au Karabagh ont été expulsés de leurs maisons et sont donc en incapacité de se prononcer par voie référendaire ?
En tant que co-présidente du groupe de Minsk en charge de faciliter une paix négociée entre l’Azerbaïdjan et l’Arménie, la France doit faire preuve d’une objectivité exemplaire sur le dossier. Le président français nouvellement élu devrait faire de la résolution de ce conflit, aux portes de l’Europe et malheureusement risquant de s’enflammer à tout moment, un de ses dossiers prioritaires, car de la résolution de ce conflit dépend la stabilité politique et économique de la région.
Une solution négociée, juste, et respectueuse du droit international est possible, mais elle doit passer par des prises de décision difficiles par l’ensemble des parties en présence. A ce titre, en tant qu’élu, j’ai personnellement à cœur de m’engager dans un effort de diplomatie parlementaire en invitant mes confrères d’Azerbaïdjan et d’Arménie à discuter de quelle manière à notre niveau, nous pouvons faire avancer les discussions».
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