La politique "cool et sexy" de Martin Schulz euphorise les jeunes Allemands

  14 Mars 2017    Lu: 674
La politique "cool et sexy" de Martin Schulz euphorise les jeunes Allemands
On a rarement vu qualifier de "bombe" un candidat à la chancellerie allemande. Mais l'expression, venue d'un jeune militant social-démocrate, trahit l'euphorie qui gagne les partisans de Martin Schulz, électrisés par les sondages.

Matthias Zeller, 21 ans, qui dirige la branche jeunesse de la section SPD de Mannheim (ouest), confesse auprès de l'AFP s'être laissé emporter par la "joie exubérante" de voir Schulz défier la chancelière Angela Merkel lors des législatives du 24 septembre.

Geile Sau

Son surprenant "geile Sau" - expression admirative à mi-chemin entre "super mec" et "bombe sexuelle" - lâché fin janvier sur la chaîne publique ARD, "traduit l'enthousiasme des jeunes, particulièrement au SPD, pour Schulz et la force nouvelle du parti", explique-t-il.

Car la décision de Martin Schulz de quitter le Parlement européen, qu'il a dirigé pendant cinq ans, a complètement relancé la course électorale, dans laquelle le SPD partait distancé avec son précédent poulain, le vice-chancelier Sigmar Gabriel.

#schulzzug

Son arrivée a été saluée dans les sondages par un bond de 10 points pour son parti, certaines enquêtes le plaçant devant le camp conservateur de la chancelière. Et la cote personnelle du social-démocrate, autour de 50%, dépasse celle de sa rivale (38%). "Le SPD se sent différent avec son nouveau candidat", constate Christopher Lauder, ancien membre du Parti pirate devenu social-démocrate, décrivant un "changement d'humeur" particulièrement visible sur les réseaux sociaux.

Les partisans de Schulz submergent Twitter d'images flanquées de mots-dièses #schulzzug (#letrainSchulz), #keinebremsen (#pasdefreins) ou #gottkanzler (#dieuchancelier), faisant de leur champion un bolide lancé à grande vitesse vers la chancellerie.

Sur le même thème, une vidéo baptisée "Schulzzuglied" ("la chanson du train Schulz") a déjà recueilli plus de 100.000 vues sur YouTube, et le thème "The_Schulz", parodie du "The Donald" des militants pro-Trump, a été créé sur le site communautaire Reddit.

Make Europe Great Again

Autre emprunt ironique à Trump: le portrait de Schulz est régulièrement agrémenté de l'acronyme MEGA - Make Europe Great Again. "C'est important parce que sur les réseaux sociaux, les discours simples et populistes pénètrent très vite, alors que les réponses justes mais complexes ne passent pas", explique Matthias Zeller. "Nous transférons le contenu de notre parti à notre groupe-cible - nous voulons que la politique soit cool, sexy et humaine", précise-t-il.

Parcours atypique

L'enthousiasme autour du candidat de 61 ans, qui a passé plus de 20 ans dans la sphère bruxelloise, peut surprendre au moment où les discours europhobes semblent submerger le Vieux continent. Mais outre ses talents d'orateur, son parcours - Schulz voulait devenir footballeur professionnel, n'a pas le bac, a surmonté son alcoolisme avant d'ouvrir une librairie puis d'apprendre seul six langues - lui donne une touche atypique et populaire.

Le leader social-démocrate se prête volontiers à cette campagne dont l'état-major du SPD n'est en rien responsable. Il a même appelé Matthias Zeller le lendemain de son passage télévisé. "Il m'a donné un sentiment de confiance et de reconnaissance pendant son coup de fil. Il s'entend très bien avec les jeunes et peut compter sur la base du parti", raconte le jeune homme.

Martin Schulz s'est également fendu d'une vidéo pour remercier ses partisans sur Reddit, et s'est réjoui sur Twitter, d'un smiley radieux, de voir "10.000 nouveaux adhérents" rejoindre les rangs du SPD.

Son activité sur les réseaux sociaux contraste avec la discrétion d'Angela Merkel, qui reste l'un des rares dirigeants européens dépourvu de compte Twitter.

Bulle internet

Christopher Lauer, l'ex-Pirate, met néanmoins en garde contre tout optimisme prématuré basé sur cette "bulle internet". "Je pense que ça enthousiasme les jeunes mais au final, ce qui leur importera ce sont les perspectives politiques que leur offrent les partis". Le candidat a d'alleurs pris un peu ses distances avec le buzz Schulz : "Je ne suis pas une pop star, mais un homme politique (...) je veux devenir chancelier", a-t-il dit vendredi au quotidien Bild.

Tags: #Schulz   #UE  


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