Les réfugiés "ne doivent plus pouvoir choisir leur destination"

  09 Mars 2017    Lu: 799
Les réfugiés "ne doivent plus pouvoir choisir leur destination"
La commission des Libertés civiles du Parlement européen débattra jeudi matin d'un mécanisme européen permanent de répartition des demandeurs d'asile entre les Etats membres. "Cela doit être automatique et obligatoire pour tous les Etats membres et pour les demandeurs d'asile. Ceux-ci ne doivent plus pouvoir choisir leur destination", estime Cecilia Wikström, l'eurodéputée libérale suédoise qui doit piloter le projet au Parlement.

En 2015, quand le pays avait été submergé de centaines de milliers de réfugiés, la Grèce aurait dû, en vertu du règlement de Dublin, accueillir et enregistrer toutes les personnes arrivant sur son sol, mais elle avait préféré, comme d'autres pays sur la route des Balkans, laisser la plupart des gens continuer leur voyage vers le nord-ouest de l'Europe pour y demander l'asile.

Relocalisation

La crise migratoire avait alors mis en lumière les manquements du règlement de Dublin. Pour y remédier, la Commission européenne a proposé l'an dernier un mécanisme correctif, qui prévoit que quand un Etat membre reçoit un nombre déraisonnable de demandes d'asile, en fonction de sa taille et de ses capacités, les nouveaux demandeurs soient automatiquement dirigés vers d'autres Etats membres.

La Grèce, victime de sa géographie

Cecilia Wkiström soutient ce mécanisme de répartition. "L'idée que la Grèce doive traiter toutes ces demandes d'asile et que les autres Etats membres n'envoient que des couvertures et des garde-frontières ne mène nulle part." Elle plaide même pour un seuil plus bas: la Commission propose que le mécanisme correctif soit activé quand un pays doit gérer plus de 150% de demandes d'asile par rapport au quota imposé par l'Europe, la Suédoise veut que ce seuil soit à 100%.

Procédure d'urgence

Contrairement à la Commission, Cecilia Wikström ne veut pas obliger un pays hyper sollicité à tester sa capacité d'accueil avant que le demandeur d'asile soit envoyé dans un autre Etat membre. Cela générerait pour ces pays une charge administrative trop lourde. L'eurodéputée plaide cependant pour une procédure d'urgence permettant de suspendre le mécanisme quand un pays ne contrôle pas suffisamment ses frontières et n'enregistre pas les nouveaux réfugiés.

"Mouvements secondaires"

L'enregistrement est en effet d'une importance cruciale pour éviter les "mouvements secondaires". Cecilia Wikström insiste sur l'importance d'une bonne information et la sensibilisation, mais elle prévoit aussi un bâton: les personnes qui quittent l'Italie ou la Grèce sans être enregistrées et demandent l'asile en Allemagne ou ailleurs ne resteront pas en Allemagne mais seront envoyées au hasard vers un autre Etat membre.

Regroupement familial

L'eurodéputée veut cependant assouplir les règles en matière de regroupement familial et donner aux demandeurs d'asile la chance d'indiquer leur pays de préférence. Un Syrien arrivé en Grèce qui aurait déjà étudié en France pourrait demander que sa demande soit traitée dans ce pays. La France serait alors libre de rejeter cette demande. "Cela incite les demandeurs d'asile à rester dans le plan de répartition, incite les Etats membres à collaborer au plan et favorise l'intégration."

Opposition

Des pays comme la Hongrie, la Slovaquie et la Pologne refusent jusqu'ici toute participation au plan de répartition temporaire de 160.000 demandeurs d'asile. La Commission veut leur faire payer 250.000 euros par demandeur d'asile refusé, mais Cecilia Wikström estime qu'"accoler un prix à un individu manquerait totalement d'éthique". Elle propose de bloquer plutôt les fonds structurels européens, et plaide pour une période de transition de cinq ans pour les pays ayant une capacité d'accueil limitée.

Quête d'un consensus

Si Cecilia Wikström arrive à trouver une majorité au Parlement, elle devra aussi trouver un accord avec les Etats membres. Ceux-ci sont depuis des années à la recherche d'un consensus sur le dossier et leurs approches diffèrent souvent.

Tags: #refugies  


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