Sommet de l'UE: l'avenir de Tusk au menu

  09 Mars 2017    Lu: 2732
Sommet de l'UE: l'avenir de Tusk au menu
Le Polonais Donald Tusk devrait être reconduit président du Conseil européen, malgré l'opposition de son propre pays.
Les dirigeants européens devraient surmonter jeudi l'opposition frontale de Varsovie et reconduire le Polonais Donald Tusk à la tête du Conseil européen, lors d'un sommet à Bruxelles censé faire avancer leur quête d'unité post-Brexit.

Après une première journée à 28, la Première ministre britannique Theresa May laissera vendredi ses homologues débattre -sans elle- de l'avenir de l'Union après le départ programmé du Royaume-Uni, qu'elle a promis de notifier d'ici la fin du mois.

Les Européens aimeraient pouvoir affirmer que l'Europe sortira plus unie de cette épreuve, alors qu'ils se divisent surtout pour l'heure autour du concept flou d'UE à «plusieurs vitesses» dans leurs débats sur l'avenir post-Brexit.

Discorde

Mais les dirigeants européens devront d'abord régler jeudi après-midi, à 28, un premier sujet de discorde: l'avenir de Donald Tusk, qui brigue un second mandat de deux ans et demi à la présidence du Conseil européen.

L'ancien Premier ministre libéral polonais occupe depuis fin 2014 la présidence de cette institution européenne, dont le rôle est de coordonner les sommets réguliers réunissant les chefs d'Etat ou de gouvernement pour fixer les priorités politiques de l'UE.

Il dispose d'un large soutien des dirigeants nationaux, mais, de manière inédite, il est contesté par son propre pays, qui a proposé un candidat concurrent, l'eurodéputé Jacek Saryusz-Wolski.

«Chorégraphie»

Donald Tusk a «brutalement violé» la règle de «neutralité politique» nécessaire à son poste, l'accuse notamment la Première ministre polonaise Beata Szydlo, dans une lettre adressée mercredi à ses homologues européens.

Elle lui reproche de s'être «personnellement impliqué» dans la vie politique de son pays, où certaines réformes menées par le pouvoir, aux mains désormais du parti conservateur nationaliste Droit et Justice (PiS), ont été critiquées par Bruxelles comme des atteintes à l'Etat de droit. «Je suis impartial et politiquement neutre», s'est défendu mercredi devant la presse Donald Tusk, se disant «prêt pour le jugement».

Un diplomate d'un pays européen a taclé la «volonté d'exporter un problème interne» de Varsovie, qui ne se prévaut pour l'heure que du soutien de la Hongrie de Viktor Orban. «J'espère qu'on trouvera une chorégraphie qui permettra à Beata Szydlo de s'exprimer sans que cela ne perturbe la procédure», a confié un autre.

De fait, l'opposition de Varsovie à Donald Tusk ne bloque pas sa candidature. «Il y a un soutien écrasant» pour lui, a affirmé mercredi, sous condition d'anonymat, un responsable gouvernemental allemand, alors qu'il faudrait en cas de vote réunir une majorité qualifiée de 21 pays favorables au moins (représentant 65% de la population de l'UE).

«Désintégration»

Une fois la question Tusk évacuée, les 28 ont prévu d'échanger jeudi sur la politique commerciale de l'UE, la crise migratoire et leurs chantiers en matière de défense. Ils doivent également discuter de la situation dans les Balkans occidentaux, où ils s'inquiètent de la montée des tensions et de la dégradation de la situation politique.

Vendredi, sans Theresa May, ils consacreront une matinée à la préparation de la «Déclaration de Rome», qu'ils prévoient de publier pour les 60 ans du traité fondateur de l'UE, qui seront célébrés à Rome le 25 mars. Ce texte solennel doit montrer que l'UE restera unie après le Brexit.

Mais c'est le concept clivant d'un futur à «plusieurs vitesses» pour l'Europe qui cristallise les débats, avec le soutien fort de Paris et Berlin, désireux notamment de pouvoir renforcer la défense européenne sans être bloqués par des pays récalcitrants.

Toutefois, d'autres pays s'inquiètent de devenir des membres de seconde zone de l'Union, comme ceux du groupe de Visegrad (Hongrie, Pologne, République tchèque, Slovaquie), qui se sont notamment illustrés ces derniers mois par leur vive hostilité à la politique migratoire de l'UE. «Il faut être prudent, si on va trop loin, on pourrait finir par une désintégration», a mis en garde un diplomate de l'un de ces pays.

Tags: #UE   #Tusk  


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