Moscou accusé de «terrorisme» par Kiev

  06 Mars 2017    Lu: 864
Moscou accusé de «terrorisme» par Kiev
Kiev doit chercher à convaincre la Cour internationale de Justice lundi que Moscou soutient le «terrorisme».
Kiev devrait chercher lundi à convaincre la plus haute juridiction de l'ONU que Moscou soutient le «terrorisme» dans le conflit impliquant des rebelles séparatistes prorusses qui déchire l'est de l'Ukraine, alors que les tensions s'intensifient.

L'Ukraine demande à la Cour internationale de Justice (CIJ) de prendre des mesures urgentes afin que Moscou mette fin «à tout appui», financier, armé ou humain, aux rebelles en Ukraine, ainsi qu'à ce que Kiev qualifie de «discrimination» envers les minorités de la Crimée annexée par la Russie.

Elle réclame également des dédommagements pour des attaques menées selon elle contre les civils durant près de trois ans de conflit. Mais Moscou, qui a toujours démenti armer les rebelles, rétorque que l'affaire est motivée «par des intérêts politiques» et dénonce «un fort manque de volonté des institutions ukrainiennes de mener un dialogue concret» pour résoudre le conflit dans l'est.

Discussions «infructueuses»

L'Ukraine a introduit à la mi-janvier sa requête auprès de la Cour qui siège à La Haye, après plusieurs années passées, dit-elle, à protester contre le financement présumé par Moscou des rebelles séparatistes combattant contre ses forces gouvernementales.

Car, selon elle, la Russie a «largement échoué» à répondre à ses efforts à chercher une résolution du conflit. Et «des négociations supplémentaires seraient futiles».

D'autant que les rares discussions ces derniers mois entre le président ukrainien Petro Porochenko et son homologue russe Vladimir Poutine sont restées «infructueuses», a assuré jeudi la présidence ukrainienne dans un communiqué.

L'Ukraine demande donc à la Cour de «juger que la Fédération de Russie a engagé sa responsabilité internationale (...) en soutenant le terrorisme et en n'en empêchant pas le financement», d'après sa requête auprès de la CIJ.

Regain de violences

De tels échanges interviennent alors qu'un regain d'affrontements entre l'armée ukrainienne et les rebelles prorusses a fait 35 morts début février sur la ligne de front, dans la petite ville industrielle d'Avdviïka, sous contrôle ukrainien.

Cela fait maintenant près de trois ans que l'Ukraine est en proie dans l'est à des affrontements qui ont mené à un refroidissement des relations entre Moscou et l'Occident, désormais au plus bas depuis la Guerre froide. Le conflit a fait plus de 9600 morts depuis son déclenchement en avril 2014, un mois après l'annexion de la Crimée par la Russie.

Aux yeux de Kiev, la Fédération de Russie avait alors «défié de manière éhontée la Charte des Nations unies, en s'emparant par la force militaire» de la Crimée et en tentant ensuite de «légitimer cet acte d'agression» au moyen d'un référendum «illégal».

Quatre jours d'audience

L'Ukraine, ancienne république soviétique, estime que la Russie viole la convention internationale sur l'élimination de toutes les formes de discriminations raciales en soumettant systématiquement les Tatars de Crimée, une minorité ethnique, à de mauvais traitements et en réprimant l'expression politique et culturelle de leur identité.

L'Ukraine souhaite enfin voir la Russie «réparer intégralement le préjudice causé par tout (...) acte de terrorisme que la Fédération de Russie a causé, facilité ou favorisé». Y compris le crash du vol MH17 de la Malaysia Airlines abattu par un missile dans l'est de l'Ukraine. Kiev accuse la Russie d'avoir une responsabilité dans ce crash, ce que dément Moscou.

Une «large délégation» d'environ 35 représentants, dont des «membres de différentes agences, des experts et des avocats», assisteront aux quatre jours de l'audience devant la CIJ, qui devrait débuter lundi et se clôturer jeudi, a indiqué à l'AFP un représentant de l'ambassade de Russie.

Décision contraignante et sans appel, mais...

Créée en 1945 pour résoudre les conflits entre les Etats, la plus haute instance judiciaire de l'ONU doit maintenant juger si elle traite l'ensemble de l'affaire.

Ses quinze juges permanents doivent également prendre une décision concernant les «mesures conservatoires» requises par Kiev, dont l'ordre à Moscou de «s'abstenir de tout acte qui risquerait d'aggraver ou d'étendre le différend».

Mais si la décision de la CIJ est contraignante et sans appel, il y a toutefois peu de chances que les procédures légales aient un impact direct sur le conflit.


Tags: #Russie   #Ukraine   #terrorisme  


Fil d'info