Assassinat de Kim Jong-Nam: la Malaisie libère un Nord-Coréen

  03 Mars 2017    Lu: 698
Assassinat de Kim Jong-Nam: la Malaisie libère un Nord-Coréen
Le seul Nord-Coréen arrêté dans l'enquête sur l'assassinat à Kuala Lumpur de Kim Jong-Nam, demi-frère du dirigeant nord-coréen, a été relâché vendredi faute de preuves même si, pour la police, il a bien joué un rôle dans cette affaire aux relents de Guerre froide.
Ri Jong-Chol, 47 ans, est l'un des huit Nord-Coréens suspectés d'être impliqués dans l'empoisonnement le 13 février à l'aéroport de Kuala Lumpur du demi-frère de Kim Jong-Un, qui a succombé à un puissant agent neurotoxique.

Les charges à son encontre ne justifient pas une inculpation, avait expliqué jeudi le procureur général de Malaisie Mohamed Apandi Ali, annonçant son expulsion pour vendredi.

La police malaisienne le regrette. "Nous pensons que Ri Jong Chol a joué un rôle" dans l'assassinat du demi-frère tombé en disgrâce "mais malheureusement, nous manquons d'éléments de preuves pour l'inculper", a déclaré par sms à l'AFP le chef de la police Khalid Abu Bakar.

"Nous sommes frustrés", a-t-il ajouté depuis l'Arabie saoudite où il se trouve en pèlerinage, démentant que la décision ait été prise après des pressions politiques ou diplomatiques.

Le véhicule transportant M. Ri a quitté sous bonne escorte le commissariat où il était détenu pour gagner les services d'immigration situés à Putrajaya, la capitale administrative, selon un officier de police. "Je ne sais pas quand il sera expulsé car ils doivent régler des questions de papiers".

La police veut entendre sept autres Nord-Coréens - dont un diplomate de l'ambassade de Corée du Nord à Kuala Lumpur et un employé de compagnie aérienne qui se trouveraient en Malaisie. Quatre des suspects ont fui la Malaisie le jour de l'assassinat.

- Deux femmes risques l'exécution -

La libération de M. Ri survient deux jours après l'inculpation de deux suspectes.

Des images de vidéo-surveillance ont montré Kim Jong-Nam approché par derrière par deux femmes, dont l'une lui semble lui projeter quelque chose au visage. La victime a succombé pendant son transfert à l'hôpital.

D'après Kuala Lumpur, il a été empoisonné à l'agent neurotoxique VX, une version plus mortelle du gaz sarin, indolore, inodore, et si toxique qu'il a été classé comme arme de destruction massive. Kim Jong-Nam est mort en moins de 20 minutes, et son décès fut probablement "très douloureux".

Siti Aisyah, une Indonésienne de 25 ans, et Doan Thi Huong, une Vietnamienne de 28 ans, inculpées mercredi pour assassinat, encourent la peine de mort par pendaison.

Elles affirment avoir été dupées et avoir cru participer à un vidéo gag.

Depuis le début de cette affaire, la Corée du Sud pointe un doigt accusateur sur son voisin du Nord, parlant d'un "ordre permanent" de Kim Jong-Un pour éliminer son demi-frère. Kim Jong-Nam vivait en exil depuis des années mais s'était montré critique envers un régime parmi les plus hermétiques au monde.

La Corée du Nord proteste vigoureusement contre l'enquête des autorités malaisiennes, accusées de collusion avec ses ennemis. De même Pyongyang n'a pas accepté les conclusions de l'autopsie et soutient que la victime est décédée d'une crise cardiaque.

- 'Les faits'-

Le chef de la police malaisienne a balayé ces accusations. "Notre enquête, étayée par les expertises, confirme que Kim a été assassiné. La Corée du Nord peut dire ce qu'elle veut, ce sont les faits", a-t-il dit à l'agence Bernama.

Le ministère des Affaires étrangères a encore une fois dénoncé "l'emploi de telles armes chimiques, par quiconque, ou que ce soit, dans n'importe quelles circonstances". "Son utilisation dans un lieu public aurait pu mettre la population en danger", dit le ministère, ajoutant que l'Organisation pour l'interdiction des armes chimiques de La Haye a fourni à Kuala Lumpur une aide technique.

La brouille diplomatique entre les deux pays, qui entretenaient jusqu'alors des relations relativement chaleureuses, s'aggrave chaque jour.

Kuala Lumpur a annoncé jeudi l'annulation, à compter du 6 mars, d'un accord bilatéral permettant à leurs ressortissants respectifs de se rendre chez l'autre sans visa.

La Malaisie figurait parmi les rares pays au monde à avoir conclu de tels accords avec Pyongyang.

La Malaisie avait établi des relations diplomatiques avec la Corée du Nord en 1973 et ouvert une ambassade à Pyongyang en 2003.

Ces dernières années, elle a servi de courroie de transmission entre le Nord et le reste du monde. Kuala Lumpur a accueilli des rencontres discrètes entre représentants nord-coréens et américains.

Tags: #assassinat   #KimJong-Nam  


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