Rivaux historiques, Ankara et Téhéran ont développé ces derniers mois une coopération fondée sur le pragmatisme, parrainant ainsi, avec Moscou, une trêve qui, malgré des violations répétées, a permis de réduire l`intensité des combats en Syrie.
Mais la Syrie cristallise les dissensions qui continuent de diviser l`Iran, poids lourd chiite qui soutient le président Bachar al-Assad, et la Turquie, majoritairement sunnite, qui soutient des groupes de l`opposition. Au cours du week-end, le chef de la diplomatie turque Mevlüt Cavusoglu a accusé l`Iran de vouloir "transformer la Syrie et l`Irak en (pays) chiites".
Quelques jours plus tôt, le président turc Recep Tayyip Erdogan avait évoqué, lors d`une tournée dans plusieurs pays du Golfe, le danger du "nationalisme persan". En réaction à ces déclarations, Téhéran a convoqué lundi l`ambassadeur de Turquie pour lui transmettre la "protestation de l`Iran". "Notre patience a des limites", avait déclaré peu avant le porte-parole du ministère iranien des Affaires étrangères, Bahram Ghassemi, qui a dénoncé des "propos non constructifs".
Ces échanges surviennent à quelques jours de négociations intersyriennes qui débutent jeudi à Genève pour tenter de trouver une solution à une guerre qui a fait plus de 310.000 morts et jeté des millions de Syriens sur les routes depuis 2011.
La Turquie et l`Iran ont tous deux des troupes au sol en Syrie et les observateurs estiment qu`une solution politique est difficilement envisageable sans un minimum d`entente entre les deux pays.
Les deux pays sont également en désaccord au sujet de l`Irak, où Ankara voit d`un mauvais oeil la participation de milices chiites soutenues par Téhéran à l`offensive pour reprendre Mossoul, bastion des djihadistes du groupe Etat islamique (EI). "Il est très dangereux de faire entrer des milices chiites dans une ville dont la population est à 99% arabe et sunnite", a déclaré mardi M. Cavusoglu.
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