Avec une estimation de 1,5 million de véhicules fabriqués en 2015, le pays produit désormais trois fois et demie moins de voitures que l’Allemagne (5,5 millions), mais aussi presque 50 % de moins que l’Espagne et même 100 000 véhicules de moins que le Royaume Uni qui ne possède pourtant plus un seul constructeur national sur son territoire.
Et si l’on analyse le long terme cher au ministre, la dégringolade est encore plus spectaculaire. En 2003, la France produisait plus de 3 millions d’automobiles, soit moins que l’Allemagne, mais deux fois plus que la Grande Bretagne et 25 % de plus que l’Espagne. Contrairement aux autres pays, la conjoncture du secteur a eu peu d’influence sur cette tendance.
Virage raté du haut de gamme
Trois raisons majeures expliquent cette situation. D’abord, les constructeurs français ont raté le virage du haut de gamme qui est à l’origine du succès allemand à l’exportation. Cet investissement stratégique de très long terme a été tenté par PSA avec sa gamme DS, pour l’instant avec un succès mitigé, mais pas par Renault.
La deuxième raison tient aux coûts de production qui ont poussé au transfert d’unités, notamment dans les petites voitures, grande spécialité des Français, vers les pays de l’Est. Enfin la dernière explication est à trouver dans la stratégie même de Renault qui a choisi d’exploiter à fond le succès de ses gammes low cost Dacia, les Logan et autres Duster produites en Roumanie ou au Maghreb.
PSA, dont l’Etat n’était pas actionnaire avant 2014, produit deux fois plus de voitures en France que Renault. Il s’agit peut-être d’une mesure de bonne gestion de la part de ce dernier, puisque sa performance est aujourd’hui supérieure à celle de son concurrent. Mais en tout cas, cela prouve que l’Etat français n’a pas réussi à infléchir la stratégie de désindustrialisation de Renault dans l’hexagone durant ces dix dernières années. Ni même agi sur les coûts de production qui ont fini par dépasser ceux des Allemands.
En revanche, Paris a toujours été au rendez-vous des moments difficiles, notamment en 2009 pour les deux constructeurs et a été l’artisan du sauvetage de PSA. Conclusion, l’Etat est un mauvais stratège et un bon pompier, et pour cela, la participation au capital ne sert pas à grand-chose.
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