La Misophonie ou la haine des sons

  04 Février 2017    Lu: 2446
La Misophonie ou la haine des sons
Vous vous hérissez lorsque quelqu’un froisse du papier d’aluminium, vous ne supportez pas le bruit d’une craie sur un tableau noir ou le son de la mastication des autres vous exaspère ?
Il est tout à fait normal de ne pas apprécier certains sons, mais lorsque l’agacement se transforme en haine impossible à surmonter, on parle de misophonie. Ce trouble neuropsychiatrique se caractérise par une véritable aversion pour certains sons, extrêmement dérangeant dans le quotidien des individus touchés.

La misophonie, une pathologie neuropsychiatrique qui rend la vie difficile
La misophonie est un terme qui vient du grec miso, qui signifie « haine », et phono, c’est-à-dire « son ». Littéralement, cette haine du son, aussi appelée « sensibilité sélective à certains sons » (4S ou SSSS), se traduit par une forte réaction à des bruits spécifiques du quotidien qui ne viennent pas d’eux-mêmes. Cette réaction négative, qui va de l’agacement à l’enragement, est souvent provoquée par des sons de table, comme la mastication, le raclement de gorge, le claquement de dent, mais peut aussi trouver sa source dans d’autres bruits dits « normaux » comme le tic tac d’une montre, le son du clavier d’ordinateur, un claquement de porte … La misophonie est souvent confondue avec l’hyperacousie, bien que les deux pathologies n’aient rien à voir. En effet la seconde est une dysfonction du système auditif qui provoque une perception amplifiée de tous les sons, et peut être traitée à l’aide d’appareils auditifs. Dans les cas de misophonie, le système auditif est tout à fait fonctionnel, c’est le cerveau qui associe certains sons au sentiment d’énervement. La réaction peut également être physique : tremblements, accélération cardiaque, transpiration, tension musculaire, sont des symptômes fréquents lorsque le misophone est exposé au son qui l’irrite.

Pour les misophones, la vie n’est pas facile. Ceux-ci ont pleinement conscience qu’ils perçoivent les sons de manière exagérée mais ne peuvent pas lutter contre. La peur d’entendre le son détesté provoque des angoisses et les individus mettent en place des stratégies d’évitement pour échapper à des situations pour eux insupportables. Leur pathologie perturbe leur vie sociale, la plupart ne peuvent par exemple même plus manger en famille ou entre amis.

Des causes non connues, un traitement impossible

Cette intolérance à certains bruits a été identifiée pour la première fois en 1997 par Marsha Johnson, mais c’est le couple Jastreboff de l’université d’Atlanta qui ont émis le terme de misophonie en 2000. Les causes de la maladie, qui apparaît durant l’enfance ou l’adolescence et se renforce avec l’âge, restent encore un mystère. On évoque une déformation du cortex, mais cela pourrait aussi bien provenir de simples traumatismes psychiques durant l’enfance et l’adolescence.

De plus le traitement de la misophonie est souvent inefficace. La dysfonction étant cérébrale, les appareils auditifs ne peuvent rien améliorer. L’unique solution pour la plupart des misophones se trouve dans les protections auditives telles que les bouchons d’oreilles, ou encore l’écoute de musique au casque pour masquer le bruit désagréable. Il est également possible de s’exercer à écouter le son détesté en essayant de l’associer à un son aimé, des méthodes sophrologiques peuvent aider mais ne feront jamais totalement disparaître le trouble.

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