Nestlé admet (enfin) que son fournisseur thaïlandais traite ses employés comme des esclaves

  24 Novembre 2015    Lu: 789
Nestlé admet (enfin) que son fournisseur thaïlandais traite ses employés comme des esclaves
Mieux vaut tard que jamais. Accusé depuis le mois d`août de soutenir sciemment l`esclavage qui sévit dans le milieu de la pêche en Thaïlande, Nestlé a fini par admettre "des préoccupations à propos d`abus des droits du travail et de l`Homme".
Le 23 novembre, l`ONG Vérité a publié - sur commande de Nestlé - un rapport sur les conditions de vie des travailleurs de la filière d`approvisionnement thaïlandaise à qui le groupe achète notamment des fruits de mer pour des produits alimentaires pour les chats.

Les conclusions sont effarantes: employés "vendus" d`un capitaine de bateau à un autre, travail d`enfants, confiscation des passeports des travailleurs immigrés, agressions physiques et verbales, restriction de la liberté de mouvement des marins y compris à terre, absence de jour de repos, etc.

Certains détails font froid dans le dos. Voilà ce qu`un marin birman a confié à Vérité, après s`être échappé de son bateau:

“Parfois, le filet est trop lourd et les travailleurs sont tirés dans l`eau et disparaissent. (...) Il y a avait beaucoup de bagarres. Les gens sont fatigués, et facilement énervés. Ils se tueraient entre eux. Quand quelqu`un meurt, il est jeté à l`eau. Certains sont passés par-dessus bord. J`ai eu un accident à bord. Une poulie s`est décrochée et est tombée sur moi, elle m`a presque cassé le bras."

Les skippers de navire semblent à peine mieux traités: "Le calcul de la paye n`est pas très clair, même pour moi. Cela fait dix ans que je travaille sur ce bateau. Je n`ai pas d`économies. Je survis à peine, et je n`ai pas de famille à charge. La vie est très dure ici."

Tandis que cet autre skipper reconnaît qu`il n`y aucun contrôle exercé à l`embauche:

“Le processus pour trouver un job est très informel. Aucun document n`est demandé, aucune vérification, aucune recherche n`est effectuée. Vous pouvez entrer tout simplement. (...) Le contrôle des passeports est très vague. Beaucoup de travailleurs n`ont pas de passeport, pas de document. Personne ne vérifie l`âge ou d`où viennent les travailleurs, comment ils sont venus."

Avec la publication de ce rapport, Nestlé a annoncé son intention de lutter contre ces conditions de travail grâce à une meilleure traçabilité des produits, une meilleure formation des skippers, des audits plus réguliers, etc.

Nestlé s`était pourtant défendu

En août, le géant suisse de l`alimentation Nestlé s`était pourtant défendu contre les accusations dont il faisait l`objet, à la suite d`une plainte en nom collectif aux Etats-Unis. "Le travail forcé n`a aucune place dans notre chaîne d`approvisionnement", avait indiqué le groupe dans un courriel à l`AFP.

Selon cette plainte, "Nestlé importe via un fournisseur thaïlandais, Thai Union Frozen Products PCL, plus de 28 millions de livres (12.000 tonnes) d`aliments pour animaux à base de fruits de mer pour de grandes marques vendues en Amérique dont une partie sont produits dans des conditions d`esclavage".

Le géant suisse de l`alimentation a répondu qu`il s`appuyait sur un code obligeant ses fournisseurs à respecter les droits humains et la législation du travail.

Pour Vérité, les résultats de son enquête n`ont rien de surprenant. "Les conclusions de cette évaluation sont largement cohérentes avec les recherches antérieures de Verité et d`autres travaux d`évaluation sur le secteur des fruits de mer thaïlandais, ainsi que les rapports fait par les médias et d`autres organisations."

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