C`était notamment le cas de l`Irak, dont les autorités sont fortement soutenues par les Etats-Unis dans leur lutte pour chasser le groupe Etat islamique (EI) du pays. Mais la pression s`est accrue dimanche avec les appels à des mesures de réciprocité lancées par les députés de la commission des Affaires étrangères du Parlement ainsi que par une importante coalition de groupes paramilitaires irakiens qui participe à la bataille pour reprendre Mossoul aux jihadistes de l`EI.
"Nous réclamons que les Américains soient empêchés de se rendre en Irak, ainsi que le départ de ceux qui sont déjà présent" dans le pays, a déclaré le Hachd al-Chaabi (Mobilisation populaire) dans un communiqué. Une telle mesure pourrait affecter la coopération militaire alors que plus de 4.800 soldats américains sont déployés en Irak pour aider à lutter contre l`EI.
"Une insulte"
En Iran, la presse a tiré à boulets rouges sur le décret signé par le nouveau président américain: "Les Etats-Unis coupent leurs relations avec le peuple iranien", selon le grand quotidien Hamshahri; "Le mur de Trump est arrivé jusqu`en Iran", titre le journal réformateur Shahrvand, alors que le quotidien conservateur Javan dénonce "l`ordre raciste".
Pour le ministre des Affaires étrangères Mohammad Javad Zarif, la décision de M. Trump va avoir l`effet inverse de son objectif de lutter contre le terrorisme. Car elle sera perçue "comme un grand cadeau aux extrémistes et à leurs protecteurs", a-t-il réagi dimanche dans un tweet.
"Cette discrimination collective aide les terroristes à recruter en creusant la fracture initiée par les démagogues extrémistes" alors que "la communauté internationale a besoin de dialogue et de coopération pour s`en prendre aux racines de la violence et de l`extrémisme", notamment au Moyen-Orient, a-t-il ajouté.
Bien que n`étant pas concernée par l`interdiction, l`Indonésie, le pays comptant le plus grand nombre de musulmans, a également "profondément regretté" une décision qui "pourrait affecter la lutte globale contre le terrorisme". "Il est faux de lier l`extrémisme et le terrorisme à une religion en particulier", a ajouté le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Arrmanatha Nasir. Cette nouvelle politique "va causer un tort énorme à des dizaines de milliers de personnes" fuyant "la guerre et les persécutions" mais "fera peu contre le terrorisme", a estimé Hanan Salah, une experte spécialiste de la Libye à Human Rights Watch (HRW).
Concernée directement puisqu`elle a été empêchée samedi soir de prendre l`avion pour les Etats-Unis, Maryam, une Iranienne de 44 ans, s`interrogeait sur le choix des sept pays. "Ils ont un problème avec les musulmans, mais pourquoi n`ont-ils pas interdit les ressortissants des autres pays musulmans comme les Emirats arabes unis, le Qatar ou l`Arabie saoudite? (?) C`est une insulte", a réagi cette femme qui avait obtenu sa "carte verte" (permis de résidence aux Etats-Unis) en octobre après 14 ans d`attente.
Des internautes se demandaient aussi selon quelle logique l`Afghanistan et le Pakistan n`étaient pas inclus dans la liste des pays concernés.
"Illégitime"
Dans le Yémen en guerre, le "gouvernement" dirigé par les rebelles chiites Houthis à Sanaa, non reconnu par la communauté internationale, a dénoncé le décret de M. Trump, jugeant qu`il était "illégal et illégitime" de "classer le Yémen et ses citoyens comme étant source de terrorisme ou d`extrémisme". Au Soudan, autre pays concerné par le décret, le ministère des Affaires étrangères a déploré que cette décision intervienne après la levée "historique" de sanctions économiques américaines le 13 janvier.
En Syrie, ni le régime ni les différents groupes rebelles n`avaient réagi à l`annonce. Le silence était également de mise en Libye, où les Etats-Unis risquent de voir leur influence reculer. "Cela va créer un vide (...) qui sera rempli par des acteurs régionaux comme l`Egypte, l`Algérie, la Turquie, des pays du Golfe, ou des puissances comme la Russie qui joue un rôle de plus en plus actif en Libye", souligne Mohamed Eljareh, chercheur à l`Atlantic Council.
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