Après avoir pendant des années massivement employé la colistine en médecine vétérinaire, la Chine a décidé récemment de l`interdire, et projette de l`introduire en médecine humaine.
En 2015, ce pays a découvert la présence d`un gène, le MRC-1, dans des bactéries E. coli et K. pneumoniae, résistantes à la colistine. Ce gène de résistance aux traitements a également été décelé par la suite au Danemark, au Vietnam, en Espagne et aux Etats-Unis, relèvent les chercheurs qui publient deux études dans la revue médicale spécialisée The Lancet Infectious Diseases.
"Le développement de bactéries résistantes à la colistine va probablement s`aggraver lorsque le médicament va être introduit chez l`homme (en Chine)" prédit le Pr Timothy Walsh de l`Université de Cardiff qui, avec un collègue chinois, a mené une étude dans deux hôpitaux chinois pendant huit ans.
L`étude a notamment permis d`identifier le gène MCR-1 dans 146 prélèvements d`E. coli dont cinq étaient également résistants aux carbapénèmes.
Une autre étude menée par des chercheurs de l`Université du Zhejiang (est de la Chine) a découvert le gène MCR-1 dans 20 prélèvements d`E. coli sur 1.495, l`un d`entre eux était également résistant aux carbapénèmes.
Cette double résistance inquiète vivement les chercheurs qui craignent l`avènement d`une ère post-antibiotique dans laquelle les infections courantes ne pourraient plus être jugulées.
Pour l`instant, le risque reste encore limité, souligne Pr Yu Yunsong. "Mais ajoute-t-il, la situation doit être suivie de près alors que la Chine se prépare à introduire la colistine chez l`homme".
Dans un commentaire joint aux études, le Pr David Paterson de l`Université du Queensland (Australie) reconnaît que le "scénario catastrophe" ne s`est "pas encore produit à une grande échelle en Chine".
Il demande toutefois aux autorités chinoises d`être "vigilantes" pour que les nouveaux antibiotiques mis à la disposition des hôpitaux ne fassent pas l`objet "de copies génériques bon marché utilisées dans l`agriculture", ce qui pourrait avoir un impact encore plus important que le gène de résistance MCR-1.
En septembre, une septuagénaire américaine est morte après avoir été infectée par une bactérie K.pneumoniae résistante aux carbapénèmes et à 25 autres antibiotiques.
On estime que la résistance aux antibiotiques est responsable de 700.000 morts par an dans le monde, dont 23.000 aux Etats-Unis et 13.000 en France.
Et le phénomène pourrait causer dix millions de décès par an d`ici à 2050, selon une étude britannique récente, soit autant que le nombre des victimes du cancer.
Des prescriptions excessives et à mauvais escient d`antibiotiques et leur usage excessif dans l`élevage sont principalement responsables du phénomène de résistance microbienne.
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