Le fantôme de Saddam Hussein continue de hanter l`Amérique

  30 Décembre 2016    Lu: 533
Le fantôme de Saddam Hussein continue de hanter l`Amérique
Dix ans après l`exécution de Saddam Hussein, le fantôme du dirigeant irakien continue de hanter l`Amérique, symbole de son ambition fracassée d`apporter la stabilité et la démocratie au Moyen-Orient.
Lorsque le dictateur irakien est pendu à Bagdad le 30 décembre 2006, le président américain George W. Bush et l`opinion américaine savent déjà que l`invasion de l`Irak, qui a déjà tué près de 3.000 soldats américains, n`a pas apporté les fruits espérés.

Les violences n`ont jamais pris fin

L`exécution "ne mettra pas fin à la violence en Irak", reconnaît le président américain, qui prévient que "des choix difficiles et des sacrifices restent à faire" pour renforcer "la jeune démocratie irakienne".

Mais dix ans plus tard, le compte n`y est toujours pas pour les Etats-Unis.

La "jeune démocratie irakienne" rêvée par l`administration américaine n`a pas réussi à éliminer les violences inter-confessionnelles.

L`émergence de l`Etat islamique

La colère de la minorité sunnite face au gouvernement à majorité chiite a favorisé l`émergence du groupe ultra-radical Etat islamique, dont une partie des cadres sont des anciens de l`armée de Saddam Hussein.

Plus de 5.000 soldats américains sont toujours sur place, soutien indispensable pour une armée irakienne encore incapable d`assumer seule la guerre contre les djihadistes.

Dans la société américaine, qui avait soutenu massivement l`intervention, les plaies restent vives.

Bourbier irakien

Le souvenir du chaos irakien a pesé lourd dans la décision du président Barack Obama de ne pas intervenir militairement contre le président syrien Bachar al-Assad.

La fin de l`interventionisme, promet Donald Trump
Dans sa campagne électorale victorieuse, le président élu Donald Trump a promis de ne plus jamais engager les Etats-Unis dans des opérations de "changement de régime" ou d`"édification d`une nation". Et certain de marquer des points dans l`opinion, il n`a pas pas manqué d`affirmer qu`à la différence de sa rivale Hillary Clinton, il n`avait pas soutenu la guerre en 2003 - malgré une déclaration publique de l`époque disant le contraire.

Dans les élites américaines, l`introspection continue pour tenter de comprendre les raisons de l`échec.

Saddam, un leader "dépassé"

John Nixon, le premier analyste de la CIA à avoir interrogé Saddam Hussein après sa capture en décembre 2003, publie jeudi un livre témoignage "L`interrogatoire de Saddam Hussein", où il affirme que la CIA, et l`administration américaine sont restées prisonnières d`une vision fausse du dictateur irakien.

Loin d`être un chef tout-puissant, Saddam Hussein était pendant ses dernières années au pouvoir "complètement dépassé" sur ce qui se passait dans son pays, estime ainsi John Nixon.

"Il était inattentif à ce que son gouvernement faisait, n`avait pas de plan réel pour la défense de l`Irak, et ne saisissait pas l`importance de la tempête" qui arrivait et allait le renverser, affirme aujourd`hui l`analyste.

"Saddam Hussein était occupé à écrire des romans en 2003. Il ne s`occupait plus de faire tourner le gouvernement", affirme l`analyste.

Mais l`administration américaine et la CIA croyaient dur comme fer que "décapiter le régime baasiste ferait de l`Irak un pays pacifique", souligne-t-il aujourd`hui.

"Bush n`écoutait que ce qu`il voulait entendre"

Et George W. Bush n`acceptera jamais de revenir sur son analyse, explique John Nixon, qui raconte une confrontation éclairante en 2007 avec lui dans le Bureau ovale.

John Nixon tente d`expliquer à George W Bush qu`il a interrogé un Saddam Hussein plutôt désarmant et maniant l`auto-ironie, mais le président américain donne des signes d`impatience, et ne se calme que lorsque l`analyste évoque une personnalité "arrogante" ou "sadique".

Le président Bush "n`écoutait que ce qu`il voulait entendre", estime John Nixon.

Aucun intérêt à éliminer Saddam

Pour lui, en tout cas, l`Amérique, contrairement à ce qu`elle croyait, n`avait pas intérêt à éliminer le dictateur irakien.

"Même si j`ai constaté que Saddam Hussein était un être souverainement déplaisant, j`ai tiré des interrogatoires un respect involontaire pour la manière dont il a réussi à maintenir si longtemps l`unité de la nation irakienne", estime aujourd`hui John Nixon.

"Il est improbable qu`un groupe comme l`EI aurait pu réussir aussi bien sous son régime répressif", ajoute-t-il.

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