Nouveau film de Mel Gibson : l`objection de conscience comme imagination créatrice VIDEO

  07 Décembre 2016    Lu: 785
Nouveau film de Mel Gibson : l`objection de conscience comme imagination créatrice VIDEO
Desmond Doss, héros du film de Mel Gibson Tu ne tueras point, se disait «coopérateur de conscience». Pour Marie-Noëlle Tranchant, dans un dilemme apparemment irréductible entre guerre et non-violence, il a inventé une troisième voie. Hacksaw Ridge est «un film contre la guerre»
Un objecteur de conscience a obtenu la plus haute distinction de l`Armée américaine, la médaille d`honneur, pour ses hauts faits dans la guerre du Pacifique, alors qu`il refusait de porter une arme.

Ce paradoxe magnifique est au cœur du nouveau film de Mel Gibson Tu ne tueras point, qui raconte l`histoire vraie de Desmond Doss (mort en 2006). Il avait fait l`expérience de la violence dans sa jeunesse et s`était converti à l`Eglise des adventistes du 7ème jour, où le commandement de ne pas tuer (y compris les animaux) est une exigence absolue. Comment concilier cet impératif religieux avec le devoir non moins impérieux de servir son pays en guerre? Au prix d`humiliations nombreuses et de dures sanctions (il a même été traduit en cour martiale), Doss est parvenu à devenir infirmier non-combattant, dispensé de l`entraînement armé. Lors de la terrible bataille d`Okinawa, il a ramené sous la mitraille japonaise 75 soldats américains blessés. Ainsi, non seulement cet objecteur de conscience en uniforme militaire n`a pas tué, mais il a sauvé des vies.



Non seulement cet objecteur de conscience en uniforme militaire n`a pas tué, mais il a sauvé des vies.

Aujourd`hui, l`objection de conscience a mauvaise presse. On en faisait cas dans les années 50, 60, quand Boris Vian chantait Le déserteur et que les pacifistes refusaient de partir sous les drapeaux, en Indochine ou en Algérie. L`objecteur de conscience a acquis (de longue lutte) un statut supposant des contraintes mais aussi le respect. Il semble que ce ne soit plus compris, et de moins en moins admis. N`importe quel ministre de passage se croit autorisé à interdire la liberté de conscience comme si c`était un moteur polluant ou un aliment non homologué. La loi prétend faire rentrer tous les citoyens dans le rang selon le vieux mode scrogneugneu: je ne veux voir qu`une seule tête. On a beaucoup à perdre à cette mentalité de pion borné. Vouloir étouffer la conscience sous la loi (en fait sous des lois proliférantes), c`est plus que museler des récalcitrants. C`est boucher les sources de l`imagination créatrice.

La conscience n`est pas que la conscience morale d`un devoir ou d`un interdit. C`est l`imagination artistique de la vie, son expression la plus intime, sa forme la plus personnelle. Quand elle a quelque chose à objecter à la règle commune, c`est qu`elle a perçu ailleurs une chose plus nécessaire, plus vivante, plus vitale, qui mérite de se mettre dans l`embarras vis-à-vis de la société pour en témoigner. On peut lui faire payer son écart, tout artiste authentique a payé un jour pour ce qu`il apportait d`inédit au monde. Mais l`histoire de Desmond Doss montre que l`objection de conscience, enracinée dans une conviction profonde et persévérante, offre une chance d`inventer des solutions originales aux contradictions de l`existence.

Pour arriver à une résolution si heureuse, si élégante, si spirituelle, il a fallu que la conscience de l`officier objecte à l`ordre reçu.
Sous cet aspect, elle rappelle une autre histoire, racontée par l`école de psychologie comportementale de Palo Alto, dite «histoire de l`officier français». Pour mater une révolte des Parisiens, un officier reçoit l`ordre de «tirer sur la canaille». Il se rend sur une place avec sa troupe et met la foule en joue. Alors, il s`avance et dit: «J`ai reçu l`ordre de tirer sur la canaille. Or je vois ici beaucoup d`honnêtes gens. Je leur demande de se retirer afin que je puisse exécuter mon ordre». Les émeutiers comprennent et vident la place. Il n`y aura pas de sang injustement versé.
Pour arriver à une résolution si heureuse, si élégante, si spirituelle, il a fallu que la conscience de l`officier objecte à l`ordre reçu, à cette façon grossière et insultante de résoudre le conflit. Comme le soldat Doss, l`officier français invente une réponse personnelle en dépassant le dilemme: obéir ou désobéir. L`opposition stérile, et apparemment irréductible des deux termes donne lieu à une véritable création poétique, vivante, singulière, imprévue. Il n`y a que la conscience, parce qu`elle est capable d`imaginer plus et mieux, pour élargir le champ du possible. Desmond Doss avait une belle expression: il ne se disait pas objecteur mais «coopérateur de conscien

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