L`Opep cherche à limiter sa production

  28 Novembre 2016    Lu: 1517
L`Opep cherche à limiter sa production
L`Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) va tenter mercredi à Vienne de sceller un accord pour limiter sa production et ainsi faire remonter les cours, mais de nombreuses incertitudes pèsent sur ces négociations extrêmement complexes, notamment les modalités pratiques d`une telle entente. Ce serait la première fois depuis 8 ans que le cartel parviendrait à s`entendre pour diminuer sa production.
Depuis plusieurs semaines, les tractations entre les 14 membres pour mettre en place des quotas par pays vont bon train pour aboutir à cet accord, réclamé à cor et à cris par les pays les plus dépendants de la manne pétrolière (Nigeria, Venezuela...), mais compromis par les fortes rivalités entre l`Iran et l`Arabie saoudite, et la situation précaire de certains producteurs en guerre (Irak, Libye).

Les ministres de l`Opep ont convenu il y a deux mois à Alger lors d`une réunion informelle de ramener leur production entre 32,5 et 33 millions de barils par jour (mbj) et de parvenir à un accord avec d`autres grands producteurs, à commencer par le premier d`entre eux, la Russie, qui s`y est dit favorable, pour relancer des cours déprimés par une surabondance d`offre depuis l`été 2014.

Tombés en début d`année à 26-27 dollars le baril, les prix du pétrole ont amorcé depuis une spectaculaire remontée, alimentée par des interruptions de production et les espoirs d`une entente internationale sur les niveaux de production. Ils oscillent depuis mi-août entre 42 et 53 dollars le baril en moyenne.

"Un nombre croissant d`analystes pétroliers semble s`accorder avec les marchés sur le fait que l`Opep sera en mesure de s`entendre sur une certaine forme d`accord avec la Russie pour résorber la production de brut", a commenté Fawad Razaqzada, analyste chez Forex.com. Le ministre russe de l`Énergie Alexandre Novak a fait savoir jeudi que le cartel avait proposé à Moscou de réduire sa production de 500.000 barils par jour.

Reste à savoir si une telle mesure peut encore être efficace, alors que l`Opep a pompé plus de brut que jamais en octobre - 33,64 mbj -, que la production russe a beaucoup augmenté ces dernières années pour atteindre plus de 11 mbj, et que plusieurs membres de l`Opep demandent à être exemptés de toute mesure contraignant leur offre.

Selon des informations ayant fuité cette semaine dans la presse, chaque pays se verrait proposer de réduire sa production de 4% à 4,5%, à l`exclusion de la Libye, qui a jugé dimanche "impensable" toute réduction de sa production, et du Nigeria.

Revirement saoudien

"L`impact de toute décision de l`Opep sur les prix moyens de 2017 est considérablement surévalué dans la mesure où toute réduction potentielle de la production ne constituerait qu`une partie relativement faible du puzzle mondial de l`offre et de la demande, avec des facteurs de contrepoids tels que le pétrole de schiste américain", ont commenté les analystes de JBC Energy.

Si l`Arabie saoudite, leader du cartel, a estimé "impératif" un consensus, l`Irak, deuxième producteur du groupe, a envoyé des messages contradictoires et l`Iran semble moins enclin au compromis.

"Les choses ont changé depuis la tentative de (mettre en place un) gel à Doha en avril. (...) C`était l`Arabie saoudite qui avait de grosses hésitations (...), aujourd`hui l`Arabie saoudite est la première à s`engager à réduire", souligne Olivier Jakob, analyste chez Petromatrix.

Un revirement qui s`explique, selon l`analyste, par le fait que la politique de guerre des prix menée jusqu`alors par Ryad n`a eu que peu d`effets sur son grand rival géopolitique, Téhéran, habitué de longue date à évoluer au sein d`un marché déprimé en raison des sanctions occidentales qui ont pesé sur le pays de 2012 à 2015.

"Ce qui est le plus important concernant cet accord potentiel de l`Opep, ce n`est pas son plein respect mais le fait qu`il pourrait autoriser l`Arabie saoudite à mettre un terme à sa politique (initiée en) novembre 2014 de production libéralisée", relève M. Jakob.

C`est sans doute pourquoi, selon M. Razaqzada, l`Opep devrait "autoriser l`Iran à simplement limiter plutôt que réduire sa production de pétrole, ce qui augmente les chances qu`un accord soit conclu" alors que Téhéran se refuse catégoriquement à baisser son offre.

A l`unisson de ses homologues saoudien et russe, le ministre iranien du Pétrole Bijan Zanganeh a jugé dimanche que "l`Opep peut parvenir à un accord durable concernant sa production et la gestion du marché".

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