Ukraine: l`UE au chevet d`un pays instable

  24 Novembre 2016    Lu: 653
Ukraine: l`UE au chevet d`un pays instable
L`UE se penche jeudi sur la situation de l`Ukraine, un cas sensible pour la diplomatie européenne, synonyme d`opposition frontale avec la Russie accusée d`y entretenir la guerre civile, et qui prend une nouvelle dimension avec l`élection de Donald Trump à la Maison Blanche.
Jean-Claude Juncker et Donald Tusk, qui président respectivement la Commission et le Conseil européens, accueillent le président ukrainien Petro Porochenko à Bruxelles pour le 18e sommet UE-Ukraine. Une conférence de presse commune est prévue à la mi-journée.

Outre une poignée d`accords financiers à formaliser, plusieurs sujets phares figurent au menu officiel des discussions: la libéralisation des visas, l`"agenda des réformes" avec les mesures anti-corruption prévues par Kiev, et un point sur les accords de Minsk.

Signés en février 2015 sous l`égide de Paris et Berlin, ces accords russo-ukrainiens, censés mettre fin au conflit ayant éclaté dix mois plus tôt dans l`est de l`Ukraine, ne sont pas entièrement respectés par les deux parties.

Les Occidentaux accusent la Russie de Vladimir Poutine de soutenir militairement les rebelles prorusses contestant l`autorité de Kiev, notamment dans la région du Donbass, ce que le Kremlin dément. Le conflit entre forces ukrainiennes et séparatistes a fait près de 10.000 morts en deux ans et demi.

Durant le sommet à Bruxelles, "je pense que l`accent doit être porté sur la situation dans le Donbass, sur l`agression russe, sur la prolongation des sanctions", a déclaré le ministre ukrainien des Affaires étrangères, Pavlo Klimkine, le week-end dernier à la chaîne de télévision Inter.

"Nous devons forcer la Russie à mettre en oeuvre les accords de Minsk. Pour cela, nous avons besoin de nos amis européens et des représentants des Etats-Unis", a-t-il ajouté.

Pour un haut responsable européen, s`exprimant sous couvert de l`anonymat, "c`est évident que les séparatistes en Ukraine peuvent poursuivre leurs activités grâce à un très fort soutien venu de l`extérieur du pays (...) La Russie a une responsabilité particulière".

Après l`annexion de la péninsule ukrainienne de Crimée par la Russie en mars 2014, les Etats-Unis et l`UE ont imposé de lourdes sanctions économiques à la Russie.

La question de leur prolongation au-delà de janvier 2017 doit être abordée lors du prochain sommet de chefs d`Etat de l`UE à la mi-décembre.

Les Etats-Unis `en soutien

Mais elle sera déjà dans les esprits jeudi, une semaine après l`appel lancé de Berlin par Barack Obama et cinq dirigeants européens au maintien de ces sanctions jusqu`au respect effectif des accords de Minsk.

Craignant que son successeur élu Donald Trump se montre plus indulgent à l`égard de Vladimir Poutine, l`actuel président américain a aussi exigé de ce dernier qu`il travaille à "un règlement" de la crise ukrainienne avant la fin de son mandat en janvier.

Côté européen, certains veulent apaiser les craintes liées à l`élection de Trump.

Donald Tusk a insisté sur le maintien d`une coopération transatlantique "étroite", en incluant la question ukrainienne.

Pour les experts de l`Institut français des relations internationales (Ifri), l`arrivée du milliardaire populiste à la Maison Blanche donne l`occasion à l`Europe de "se prendre en main pour assurer sa défense et gérer les crises telles que celles de l`Ukraine, laissant les Etats-Unis dans un rôle de soutien".

En outre, Kiev ne doit pas redouter "une éventuelle reconnaissance de l`annexion de la Crimée par les Etats-Unis (...) à ce stade improbable en raison des positions prises par le Parti républicain", écrivent ces experts dans un rapport intitulé "Le monde selon Trump".

A l`agenda du sommet, figurent aussi le sujet du gaz et de la sécurisation des approvisionnements via l`Ukraine à l`approche de l`hiver, ainsi que l`avenir de l`accord d`association UE-Ukraine.

L`accord a été ratifié par 27 Etats membres mais son application dans tous ses aspects (coopération économique, militaire, droits sociaux etc) reste menacée par le "Non" exprimé par les Néerlandais dans un référendum en avril. Une solution politique est toujours à l`étude à La Haye, censée être présentée au prochain sommet de l`UE.

C`est le refus de l`ex-président prorusse Viktor Ianoukovitch de signer de cet accord qui avait entraîné il y a trois ans la révolution du Maïdan à Kiev ayant finalement mené à sa chute.

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