Les Animaux fantastiques vaut-il le détour magizoologique ?

  16 Novembre 2016    Lu: 781
Les Animaux fantastiques vaut-il le détour magizoologique ?
C`est reparti pour un tour (de magie) ! J. K. Rowling donne un second souffle à sa saga avec un spin-off tiré de l`univers du sorcier. Verdict.
Quelques légers spoilers pourraient nous avoir échappé, attention donc où vous mettez les pieds...

Le 16 novembre 2001, Harry Potter passait du papier à l`écran. Le début d`une saga iconique qui a engrangé plus de 2 milliards de dollars et contribué à fédérer une communauté de millions de fans fidèles. Pour que la magie se perpétue de génération en génération, J. K. Rowling a fait comme George Lucas avant elle : relancer la machine avec une nouvelle fable, mi-spin-off, mi-prequel lié à l`univers Harry Potter. Et nous voici donc, quinze ans plus tard, jour pour jour, devant Les Animaux fantastiques, à écouter, non sans un certain frisson, le générique si familier composé par John Williams. Les moldus les plus mordus diront que c`est aussi grisant que d`entendre le Star Wars Theme au début du Réveil de la Force. Et ils auront raison.

Le risque était de se retrouver face à un copier-coller malhabile d`Harry Potter. C`était sous-estimer l`ingéniosité de J. K. Rowling et son inépuisable imagination. L`Anglaise, qui signe ici son premier scénario de film, réinvente tout un monde merveilleux riche et irrésistible. En 1926, le magizoologue Norbert Dragonneau (l`acteur oscarisé Eddie Redmayne) débarque à New York. Comme tous les visiteurs étrangers qui veulent mettre un pied dans le pays, le Britannique doit se plier à la froide inspection d`Ellis Island. Ses vêtements fatigués, sa timidité maladive qui lui donne un air singulier, son étrange et remuante valise manquent de lui faire rater l`admission. Une fois dans la ville lumière, sa quête commence.

Xénophobie et inégalités

Avec l`aide de deux sœurs, l`une ex-aurore renvoyée du ministère de la magie, l`autre douée de télépathie et d`un moldu aspirant boulanger, il se lance à la poursuite des créatures rares échappées de sa malle et qui créent de petits dégâts dans le monde des non-magiciens (les No-Maj aux États-Unis) : une amusante taupe addicte aux bijoux pille les boutiques de la ville, une sorte de paresseux invisible (et donc impossible à attraper !) vole les sucettes des enfants et un serpent velu (mais gentil) détruit inconsciemment les maisons de briques new-yorkaises. Au même moment, une force obscure, effrayante et surpuissante, ravage la ville et tue les hommes dans un déluge d`effets spéciaux sophistiqués absolument saisissants. Norbert l`incompris et ses suspicieuses petites bêtes ont tôt fait d`être accusés de ces crimes

Grindelwald veut conquérir les cœurs et les esprits d`une manière sophistiquée et envoûtante

Certains ont lu entre les lignes un message politique qui ferait écho à notre société contemporaine. La très engagée J. K. Rowling n`aurait pas choisi par hasard les années 20 : période où la xénophobie et les inégalités économiques étaient particulièrement fortes, explique, par exemple, le New York Times, qui dresse un parallèle avec la montée du populisme aux États-Unis. La némésis de cette nouvelle saga est en effet d`un autre acabit que Voldemort : là où le mage noir utilisait la peur pour fédérer, Grindelwald use de la séduction. Dans sa jeunesse, il a même réussi à entourlouper le retors Dumbledore.

« Contrairement à Voldemort qui était une brute énervée, ce nouveau méchant est bien plus mortel », explique David Yates, le réalisateur des Animaux fantastiques mais aussi des quatre derniers volets d`Harry Potter. « Il veut conquérir les cœurs et les esprits d`une manière sophistiquée et envoûtante. Il a un pur charisme, une capacité à inspirer, hypnotiser, porter les foules, et à les entraîner vers le plus sombre. » Reste à savoir si Johnny Depp, l`interprète de Grindelwald, réussira à se débarrasser de certaines manies qui lui collent à la peau depuis Pirates des Caraïbes pour apporter une véritable interprétation à ce personnage au fort potentiel.

Magie réussie, donc, pour J. K. Rowling. Faut-il s`en réjouir ou le regretter ? Harry Potter est en passe de devenir une franchise aussi bien huilée que Marvel. La romancière est parvenue – pour l`instant – à y insuffler de la nouveauté, de la surprise, une nouvelle noirceur et un peu de candeur. Le scénario pose les ramifications d`une intrigue dont on a hâte de connaître la suite. À voir si le sortilège tiendra le choc des cinq films.

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