Réunification de Chypre, la partie se joue en Suisse - Flash Info

  10 Novembre 2016    Lu: 538
Réunification de Chypre, la partie se joue en Suisse - Flash Info
Les deux dirigeants de la République de Chypre (grecque, au Sud) et de la République turque de Chypre du Nord se réunissent du 7 au 11 novembre en Suisse, sous l’égide de l’ONU, pour entrer dans le vif des négociations sur la réunification de l’île, coupée en deux depuis 1974.

« La fin de la route pour les pourparlers de paix chypriotes ? », interrogeait dimanche 6 novembre le quotidien Cyprus mail. Les négociations pour la réunification de l’île de Chypre, coupée en deux depuis 1974, en sont arrivées à « un moment critique » a en effet estimé le représentant spécial de l’ONU à Chypre, le Norvégien Espen Barth Eide.

Les deux dirigeants chypriotes, Nicos Anastasiades, le président de la République de Chypre (grecque, au sud de l’île) et Mustafa Akinci, élu à la tête de la République turque de Chypre du Nord (RTCN) reconnue uniquement par la Turquie, entament ce 7 novembre une intense semaine de négociations sur les questions les plus sensibles ayant trait au partage du territoire et à la sécurité.

Fin 2016, date butoir des pourparlers

Les deux dirigeants et leurs équipes de négociations se retrouvent en terrain neutre, au Mont Pèlerin, sur les hauteurs du lac Léman, en Suisse, pour ouvrir ce qui devrait être la dernière phase de pourparlers, sous l’égide de l’ONU. Depuis la reprise des négociations en mai 2015 – aux lendemains de l’élection de Mustafa Akinci, grand partisan du règlement du conflit – les deux dirigeants se sont donnés la fin de 2016 comme date butoir.

Signe que les discussions s’attaquent aux points durs, le Cyprus mail croit savoir que la délégation de Chypre Nord sera accompagnée de représentants turcs – la Turquie étant très concernée par les questions d’ajustements territoriaux, de départ des troupes turques estimées à 30 000 hommes sur l’île et de garantie de l’indépendance de l’île (Grèce et Royaume-Uni sont également des États garants).

C’est en son nom que la Turquie avait envahi le nord de l’île en 1974, en réaction à la tentative de coup d’État des nationalistes chypriotes grecs pour rattacher Chypre à la Grèce.

Rétrocéder des terres

Les deux parties ont jusqu’à présent progressé sur le thème de la gouvernance, en vue de l’établissement d’une fédération regroupant deux entités, chypriote grecque et chypriote turque.

Mais cette fédération suppose une rétrocession à la partie chypriote grecque de territoires sous contrôle de la RTCN qui occupe 38 % de l’île, soit plus que la proportion de la population chypriote turque.

Cela concernerait la zone tampon sous contrôle de l’ONU, la ville devenue fantôme de Varosha, vidée de ses 40 000 habitants par l’armée turque en 1974, mais aussi des terres habitées depuis plus de 40 ans par des Chypriotes turcs.

L’épineuse question des propriétés spoliées

À cela s’ajoute l’épineuse question des propriétés spoliées à restituer ou indemniser. En 1974, 200 000 personnes ont dû fuir, les Chypriotes grecs habitant au Nord vers le Sud et inversement les Chypriotes turcs du Sud vers le Nord, en laissant derrière eux leurs propriétés qui ont depuis lors été habitées, transformées, vendues, etc.

Les Chypriotes grecs qui cultivent le souvenir d’un âge d’or passé réclament pour beaucoup d’entre eux la restitution de leurs biens. La minorité chypriote turque longtemps victime de conflits inter-communautaires veut, elle, tirer un trait sur le passé.

La puissance turque auNord a en outre mené une politique de colonisation en faisant venir des paysans turcs sur l’île. Ils sont 118 000 sur 286 000 habitants au nord, selon le recensement de 2011.

L’enjeu des puissances garantes

L’enjeu des puissances garantes est un autre point de friction entre la majorité chypriote grecque, qui veut s’en délester, et la minorité chypriote turque demandeuse de protection.

Mustafa Akinci plaide pour « une approche réaliste et raisonnable » des deux parties.

Réaliste, Espen Barth Eide a récemment estimé qu’en dépit des attentes, la rencontre du Mont Pèlerin ne serait pas la fin de la route des négociations.

S’il devait voir le jour, l’accord politique resterait à valider par référendum par les Chypriotes turcs et les Chypriotes grecs. Or les opposants font entendre leur voix. Et chacun a en mémoire l’échec du plan Annan de 2004 (du nom du secrétaire général de l’ONU d’alors) rejeté par 75 % de Chypriotes grecs alors qu’il avait été largement approuvé par les Chypriotes turcs.

Un nouvel échec enterrerait durablement toute perspective de réunification.

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