La fratrie Abdeslam, 3 kamikazes identifiés

  16 Novembre 2015    Lu: 1006
La fratrie Abdeslam, 3 kamikazes identifiés
Au moins trois des auteurs des attentats de vendredi à Paris ont été identifiés ce dimanche soir. Tous les trois sont des Français ayant un lien avec la Belgique. Parmi eux, Omar Ismaïl Mostefaï, qui s’est fait exploser au Bataclan. Bilal Hadfi, Français âgé de 20 ans, s’est pour sa part fait exploser près du Stade de France. Les polices française et belge recherchent également Salah Abdeslam (photo), dont l’un des frères, Brahim, s’est fait exploser devant un restaurant sans faire de victime.
Plusieurs dizaines de perquisitions ont été menées dans la nuit de dimanche à lundi en France, en au moins quatre points du territoire : Toulouse (sud-ouest), Grenoble (Alpes), Bobigny (région parisienne) et Jeumont (Nord-Pas-de-Calais). A Toulouse, 200 hommes armés ont été mobilisés dans le quartier de la Reynerie, où vivait Mohamed Merah, auteur des attentats de 2012. Au moins trois personnes ont été interpelées. A Grenoble, les forces de l`ordre ont visé une quinzaine de sites et auraient interpellé, selon nos confrères de la radio RTL, sept ou huit personnes. Enfin, à Bobigny et à Jeumont, les objectifs n`ont pas été précisés.

Il faut noter qu`il s`agit là de perquisitions administratives permises par l`instauration de l`état d`urgence. Les autorités précisent qu`elles n`ont pas de lien direct avec les attentats de vendredi. Elles évoquent des opérations antiterroristes, mais ne font pas le rapprochement avec l`avis de recherche lancé dimanche. Les forces de l`ordre recherchent particulièrement un Français résident en Belgique : Salah Abdeslam. Il avait loué à son nom l`une des voitures retrouvées dans Paris et qui ont servi aux assaillants lors des attentats. Ci-dessous, le point sur les personnes identifiées formellement à ce stade de l’enquête, dont trois kamikazes.

Ismaïl Omar Mostefaï : l`un des meurtriers du Bataclan

Son nom a été dévoilé dès samedi par le procureur de Paris, François Molins. Il faisait partie de l’équipe de terroristes qui s’est attaquée au Bataclan à partir de 21h40, heure de Paris, vendredi soir. C’est là qu’il s’est fait exploser.

C’est celui sur lequel les enquêteurs disposent, actuellement, du plus d’informations.
Agé de 29 ans, ce ressortissant français est né à Courcouronnes, dans l’Essonne en région parisienne. Il a également vécu à Chartres avec ses parents, ses trois frères, ses deux sœurs et sa femme. Il est le père d’une fille née en 2010.

C’est à Chartres qu’il se serait radicalisé en fréquentant un islamiste radical marocain venant de Belgique, qu’il aurait rencontré à la mosquée de la proche commune de Lucé. Il était connu des services de police pour huit condamnations de droit commun entre 2004 et 2010, sans jamais être condamné à des peines de prison ferme. Il faisait l`objet d`une fiche « S » dressée en 2010 pour s`être rendue en Turquie et – peut-être – en Syrie. Selon le procureur de Paris, il n’aurait jamais été impliqué dans un dossier terroriste auparavant. Sept de ses proches sont actuellement en garde à vue en France.

Les deux autres membres du commando terroriste qui s’est attaqué à la salle de spectacle du Bataclan n’ont, pour le moment, pas été identifiés.

Bilal Hadfi, 20 ans : un des trois kamikazes du Stade de France

Le second terroriste identifié est l’un des trois kamikazes qui se sont fait exploser près du Stade de France à 21h20, 21h30 et 21h53, vendredi soir. Ce Français âgé de 20 ans se nomme Bilal Hadfi, selon une source proche de l’enquête citée par l’Agence France-Presse. Il aurait résidé en Belgique. Selon le Washington Post, l’individu aurait combattu au sein de l’organisation Etat islamique, en Syrie.

Le passeport d’un Syrien a également été trouvé près du corps de l’un des kamikazes qui se sont fait exploser près du Stade de France. Le ministre grec de l`Immigration Giannis Mouzalas a révélé l`identité du propriétaire : Ahmad Almohammad, un Syrien originaire d`Idleb, au nord-ouest de la Syrie, rapporte notre correspondante à Athènes Charlotte Stiévenard.

Selon Giannis Mouzalas, ce jeune homme de 25 ans serait arrivé le 3 octobre sur l`île de Leros avec 198 autres personnes dans un bateau en provenance de Turquie. Après avoir été enregistré, il aurait pris le ferry pour le port du Pirée cinq jours plus tard. Ahmad Almohammad aurait ensuite choisi la route des Balkans. Il a été enregistré à son entrée Serbie, puis en Croatie, et on perd ensuite sa trace jusqu`en France.

Giannis Mouzalas a bien insisté sur le fait que lors de la procédure d`enregistrement en Grèce, les règles de l`Union européenne ont bien été respectées. Le propriétaire du passeport n`était pas soupçonné de quoi que ce soit. Le ministre n`a pas pu préciser non plus s`il s`agit d`un faux passeport. La prudence est donc de mise, car pour l`instant, rien ne prouve également que le propriétaire du passeport est bien le kamikaze du Stade de France.

Les Abdeslam : trois frères au centre de l`enquête

Le troisième kamikaze dont le corps a pu être identifié est Brahim Abdeslam, un Français de 31 ans résidant en Belgique, qui s`est fait exploser devant un bar du boulevard Voltaire, sans faire de victime. Les enquêteurs s’interrogent encore sur la raison de cet attentat « isolé » par rapport aux autres attaques menées par les trois équipes distinctes dont les contours se dessinent à mesure que l’enquête avance.

Brahim Abdeslam est membre d’une fratrie de trois qui est au centre des recherches. L’un de ses deux frères, Mohammed, a été interpellé à Molenbeek. Il est actuellement en garde à vue à Bruxelles. Par ailleurs, la police judiciaire française a lancé un appel à témoin concernant son autre frère, Salah Abdeslam. Ce dernier, ressortissant français, est né en Belgique, à Bruxelles. Il a été brièvement contrôlé par la gendarmerie, près de Cambrai, dans le nord de la France. Les gendarmes ont relevé son identité, mais ont laissé repartir la voiture, avec trois occupants à bord, avant de réaliser que son nom apparaît dans l’enquête sur les attentats.

Reste la « troisième équipe », celle qui a mené les trois attaques contre plusieurs restaurants dans l’Est parisien. Pour l’instant, aucune information sur l’identité de ses membres n’est encore connue.

Qu`est-ce qu`une fiche « S » ?

L`un des kamikazes du Bataclan, Omar Ismaïl Mostefaï, originaire de Courcouronnes dans l`Essonne, était connu des services de polices pour des délits de droit commun. La police avait également noté son basculement dans la mouvance radicale. Il était signalé au travers d`une fiche « S ». Qu`implique-t-elle et qui vise-t-elle ?

La fiche « S » pour atteinte à la sûreté de l`Etat, n`est qu`une des nombreuses catégories qui compose le fichier des personnes recherchées par la Police. Un fichier qui compte 21 catégories. On y trouve des fiches « M » pour les mineurs en fugue, ou encore des fiches « V » pour les évadés. Les raisons ne manquent pas, même les aliénés sont fichés.

Chaque fiche contient l`état civil, la photo, les motifs de recherche et la conduite à tenir en cas de contrôle. Mis à part les fiches PJ — recherches de la police judiciaire —, le fichage, y compris en « S », n`entraine aucune mesure automatique d`arrestation ni de surveillance .

Les fiches « S » ont un rôle d`alerte. Elles ciblent les personnes soupçonnées de visées terroristes. Et la notion d`atteinte à la sûreté de l`Etat est large, cela va du jihadiste revenant de Syrie, dont la nomenclature est intitulée « S 14 », aux hooligans et aux zadistes.

Il y aurait à ce jour 10000 fiches « S » pour radicalisation. Des personnes qui ne se trouvent pas nécessairement en France et ne sont pas non plus forcément de nationalité française.

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