Le retour de la peine de mort en Turquie mettrait fin à tout projet d’adhésion à l’UE

  06 Novembre 2016    Lu: 773
Le retour de la peine de mort en Turquie mettrait fin à tout projet d’adhésion à l’UE
Dans une semaine, la Commission européenne présentera son rapport sur les progrès de la Turquie, alors que les politiques d’Erdoğan continuent de prendre Bruxelles à rebrousse-poil. Un article d’EurActiv Allemagne.

Au printemps dernier, lorsque l’accord UE-Turquie sur les réfugiés a vu le jour, le président turc Recep Tayyip Erdoğan faisait déjà pression sur Bruxelles pour laisser ouvert le processus d’adhésion à l’UE et pour accélérer la levée des obligations de visa pour les citoyens turcs.

Depuis la tentative de coup d’État à la mi-juillet et les purges de l’appareil d’État, les arrestations de journalistes et le muselage de la presse qui ont suivi, une réaction de l’UE se fait de plus en plus attendre. Par conséquent, la présentation la semaine prochaine devant le Parlement du rapport de la Commission sur les progrès réalisés par Ankara en vue de son adhésion est très attendue.

Le ministre autrichien des Affaires étrangères, Sebastian Kurz, a récemment tenu des propos qui n’ont pas dû être appréciés par tout le monde. Selon lui, l’UE « ne devrait pas être victime de chantage » dans le processus d’adhésion de la Turquie à l’UE ». Certains s’inquiètent en effet que des commentaires de ce genre fassent s’effondrer l’accord sur les réfugiés.

Toutefois, l’arrestation des membres de la direction du quotidien turc Cumhuriyet, l’arrestation de maires kurdes et la proposition d’Erdoğan de rétablir la peine de mort pourraient être la goutte qui fait déborder le vase.

Jusqu’à présent, l’UE s’est retenue de donner une position officielle, mais un responsable de la DG élargissement et voisinage de l’exécutif a déclaré à EurActiv Allemagne que la réintroduction de la peine de mort pourrait mettre KO la poursuite des négociations. Un point de vue partagé par plusieurs dirigeants européens au cours de l’été. Le Parlement a quant à lui rappelé que tout pays mettant en place la peine capitale s’excluait des négociations d’adhésion à l’UE.

Dans une interview, l’eurodéputé CDU Elmar Brok, proche de la chancelière allemande Angela Merkel, a insisté sur le fait que la Commission devait prendre en compte la question de la peine de mort dans son évaluation des progrès de la Turquie. Il n’a toutefois pas été jusqu’à dire que cela voulait dire claquer la porte au nez de la Turquie. Au contraire, « l’objectif ne devrait pas être l’adhésion totale, mais quelque chose qui se situe en dessous, une sorte de partenariat privilégié ».

Le principal parti d’opposition turc, le CHP, attend le rapport de Bruxelles avec grande impatience. Un porte-parole a déclaré à EurActiv que le chef du parti, Kemal Kılıçdaroğlu, avait personnellement protesté contre l’arrestation du rédacteur en chef du Cumhuriyet et s’était vivement opposé au rétablissement de la peine de mort.


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