Le Huffington Post: Le référendum en Azerbaïdjan est une bonne nouvelle pour la démocratie et l`Union européenne
Aux confins des mondes russe, européen, perse, turc et arabe se trouve un petit pays musulman et laïc, l`Azerbaïdjan. Fin septembre, les Azerbaïdjanais se rendait aux urnes pour voter un référendum et près d`une trentaine d`amendements constitutionnels. Un exercice assez inhabituel pour cette ancienne République soviétique et qui démontre sa capacité à intégrer un processus démocratique pour le développement du pays.
Ancienne République soviétique, indépendante depuis 1991, cette dernière pourrait jouer un rôle crucial à moyen terme pour l`Union Européenne. Son positionnement géographique lui confère un rôle d`Etat pivot, stratégique à plusieurs titres et notamment au niveau énergétique et sécuritaire.
Au niveau énergétique tout d`abord, à côté des pipelines Trans-adriatique (TAP) et Trans-anatolien (TANAP), de nouveaux projets voient le jour pour délivrer le gaz turkmène à l`Union européenne, via la mer Caspienne. De plus, même si l`accord trouvé avec l`Iran sur le nucléaire l`année dernière signifie à terme l`exportation du gaz perse vers l`UE, nul ne sait comment cela va effectivement être mis en place. Dans ce contexte, l`Azerbaïdjan reste un partenaire stable dans la stratégie européenne visant à diversifier son approvisionnement énergétique.
Au niveau sécuritaire, Bakou continue à accroître sa coopération avec l`UE, notamment dans le contre-terrorisme et la contre-radicalisation. Au niveau commercial, ce petit pays caucasien s`impose comme l`une des plaques tournantes entre l`Union européenne et la Chine.
Bien qu`importants, ces dossiers sont supplantés aujourd`hui par l`épineux conflit du Nagorno-Karabakh. Cette région, ainsi que sept provinces alentour, est occupée par l`Arménie depuis plus de 20 ans. De nombreuses organisations internationales, notamment les Nations unies et le Parlement européen, ont voté des résolutions appelant au retrait immédiat et inconditionnel des troupes arméniennes. Alors que 5 millions d`Azerbaïdjanais se rendaient aux urnes la semaine dernière, un sondage effectué quelques heures avant le vote par l`institut de sondage américain Arthur J. Finkelstein montrait que cette question était la plus importante pour plus de 96% des Azerbaïdjanais. En effet, le 12 avril dernier, ce territoire du Sud Caucase basculait dans la violence. Bien qu`un cessez-le feu soit en vigueur, ce nouvel épisode du conflit a fait une douzaine de morts. Fort peu médiatisé, il a jeté plus d`un million de réfugiés sur les routes de l`exil depuis le milieu des années 90. C`est dans ce contexte qu`a eu lieu la semaine dernière un référendum. En effet, le rapprochement de Bakou avec l`Union européenne est souvent conditionné par les institutions européennes à un renforcement des normes démocratiques.
Le 26 septembre dernier, les électeurs ont soutenu à une importante majorité –plus de 69%- l`extension du mandat présidentiel et la création d`une nouvelle position de vice-président. Le Parlement européen, attentif au bon déroulement du scrutin, a dit qu`il respectait les résultats- pas moins de 29 amendements constitutionnels ont été votés. Strasbourg avait d`ailleurs envoyé une délégation pour contrôler l`ouverture et la fermeture des bureaux de vote. 117 observateurs internationaux de 18 organisations internationales, incluant l`Assemblée Parlementaire du Conseil de l`Europe étaient présents. Au terme de cette journée, le député européen et vice-président du Parti Populaire Européen Mario David déclarait: "En tant qu`observateur expérimenté, je peux témoigner du fait que notre rencontre avec le Comité Central électoral et nos observations sur le terrain montre que ces élections ont été conduites selon les critères internationaux". L`Assemblée parlementaire n`a pas manqué de féliciter le peuple et les autorités d`Azerbaïdjan pour la tenue d`un référendum, considéré comme "légal et légitime, conforme à la Constitution et à la législation nationale, et comme une étape vers un développement stable et durable". De même, le vice-président du Parlement européen Ryszard Czarnecki disait, avant le référendum "nous respecterons les résultats car pour nous la volonté du peuple est la plus importante". Dont acte.
Ces résultats sont extrêmement encourageants dans l`optique d`un accroissement des relations avec l`Union européenne. Ils démontrent la capacité et la détermination de l`Azerbaïdjan à s`engager dans un processus sûr, durable et stable pour le développement du pays.
Signe de l`approfondissement des relations entre Bakou et Bruxelles, la tenue d`événements de première importance, comme le Grand Prix européen de Formule 1, le Concours européen de l`Eurovision et les Jeux Olympiques européens. La petite République devrait avoir un rôle important lors de l`Euro 2020 de Football qui se tiendra en partie à Bakou.
Le Huffington Post