Les jihadistes menacent la Russie
Les organisations jihadistes Etat islamique et Al-Qaïda ont menacé la Russie dont l`aviation a mené ces dernières 24 heures un nombre record de frappes contre leurs positions depuis le début de son intervention militaire dans la guerre en Syrie.
Sur les lignes de front, des groupes rebelles non islamistes ont affirmé mardi avoir reçu des Etats-Unis des missiles antichars TOW qui leur permettent de contrer l`avancée des troupes du régime dans les provinces de Hama (centre) et Idleb (nord-ouest).
Dans ce conflit devenu très complexe par la multitude des protagonistes, l`EI et la branche syrienne d`Al-Qaïda, le Front Al-Nosra, se font la guerre et combattent séparément le régime de Bachar al-Assad. Mais dans des enregistrements séparés, ils se sont déchaînés contre la Russie qui a décidé d`envoyer ses avions aider les troupes du régime.
«La Russie sera vaincue», a menacé le porte-parole de l`EI Abou Mohamed al-Adnani dans l`enregistrement diffusé mardi sur les sites jihadistes, appelant «les musulmans en tous lieux à lancer le jihad contre les Russes et les Américains».
Il a accusé les Etats-Unis d`être «faibles et impuissants» et de «faire appel» à l`Australie, à la Russie, à la Turquie et l`Iran pour l`aider «dans sa guerre contre l`EI».
Avant lui, le chef du Front Al-Nosra, Abou Mohammad al-Jolani, a appelé «les moujahidine du Caucase à soutenir autant qu`ils peuvent le peuple de Syrie. Si l`armée russe tue notre population, tuez sa population, si elle tue nos soldats, tuez les siens. Oeil pour oeil».
La Russie est intervenue le 30 septembre avec son aviation pour venir en aide au régime, son allié, qui avait subi plusieurs revers face aux rebelles. Moscou affirme que ses avions bombardent l`EI et les groupes rebelles islamistes, dont Al-Nosra, dans plusieurs régions.
Les Etats-Unis sont, eux, à la tête d`une large coalition qui bombarde depuis plus d`un an en Syrie et en Irak l`EI, sans parvenir à le neutraliser.
Le porte-parole de l`EI a affirmé que son groupe «se renforce chaque jour et continuera à devenir plus fort», alors qu`il occupe la moitié de la Syrie et occupe de vastes régions d`Irak, où il sème la terreur et commet de multiples exactions - décapitation, viols, rapts...
Il a néanmoins confirmé la mort du numéro deux de son organisation, Fadel Ahmad al-Hayali, tué dans un raid aérien américain le 18 août près de Mossoul, dans le nord de l`Irak.
Moscou et Washington continuent d`avoir des positions opposées sur le conflit même si tous deux bombardent l`EI, et le président russe Vladimir Poutine a vertement critiqué les Etats-Unis en dénonçant leur manque de coopération et leur parachutage de munitions à des groupes rebelles dans le nord syrien.
Ces munitions sont distinctes des missiles TOW reçus en nombre accru ces quatre derniers jours par les rebelles dans le centre de la Syrie, selon l`Observatoire syrien des droits de l`Homme (OSDH).
«Les TOW ont joué un rôle important pour arrêter la violente attaque de l`armée et de son allié russe», a déclaré Assaad Hanna, porte-parole du groupe «Division 101».
Sur un autre front, les forces du régime, après quelques succès dans leur contre-offensive appuyée par les frappes russes, ont subi un revers dans leur tentative d`encercler Khan Cheikhoun (centre), un fief des rebelles du Front Al-Nosra, et ont perdu 25 soldats depuis lundi, selon l`ONG.
- Attentats d`Ankara et la Syrie -
Selon le ministère de la Défense à Moscou, l`aviation russe a bombardé 86 «cibles terroristes» dans les provinces de Raqa (nord), Hama (centre), Idleb (nord-ouest), Lattaquié (ouest) et Alep (nord) ces dernières 24 heures, soit un record absolu depuis le début de son intervention.
A Damas, deux obus tirés par des rebelles islamistes sont tombés sans faire de victime dans l`enceinte de l`ambassade de Russie, devant laquelle se tenait une petite manifestation de soutien.
Pour les Russes, tous ceux qui sont opposés sur le terrain à M. Assad sont des «terroristes», alors qu`Américains et Européens veulent un départ d`Assad et appuient des groupes rebelles qu`ils qualifient de «modérés».
Washington et ses alliés reprochent surtout à Moscou de ne pas concentrer ses frappes sur l`EI.
Enfin, le président turc Recep Tayyip Erdogan a estimé que, selon les renseignements obtenus par son pays, le double attentat survenu samedi à Ankara, qui a fait au moins 97 morts, «trouve son origine en Syrie».
Déclenché en mars 2011 par une révolte populaire brutalement réprimée, le conflit en Syrie s`est mué en guerre ouverte qui a fait plus de 240.000 morts, poussé à la fuite des millions de Syriens et provoqué une grave crise migratoire.