Leurs travaux, publiés début octobre dans la revue PNAS, révèlent que les porteurs sains du virus de la dengue peuvent infecter les moustiques qui les piquent, participant ainsi à la chaîne de transmission de la maladie.
Pour parvenir à cette conclusion, les chercheurs ont vérifié expérimentalement si ces cas, qui représentent 75 % des infections, pouvaient à leur tour contaminer les moustiques. Pour ce faire, ils ont mené une vaste analyse auprès des populations exposées à la dengue, à Kompong Cham (Cambodge). Les porteurs sains ont été mis en contact avec des moustiques sains, élevés en laboratoire.
Une transmission silencieuse
« Tout l’enjeu du protocole était de parvenir à détecter ces cas qui ne sont pas recensés par les réseaux de santé classiques puisqu’ils ne présentent quasiment aucun signe de la maladie », expliquent l’Institut Pasteur et le CNRS.
« Cette découverte soulève la possibilité que les personnes qui ne présentent que peu ou pas de symptômes, c’est-à-dire la majorité des infections, contribuent à perpétuer la transmission du virus de façon silencieuse », commente Louis Lambrechts, chercheur au CNRS, responsable du groupe Interactions Virus-Insectes à l’Institut Pasteur à Paris, cité dans un communiqué. Il ajoute : « De plus, les personnes qui sont peu ou pas affectées par le virus vont potentiellement être exposées à plus de moustiques au cours de leur routine quotidienne que les personnes sévèrement malades, alitées ou hospitalisées. »
390 millions de personnes infectées chaque année
Le virus de la dengue, également connu sous le nom de « grippe tropicale » est transmise à l’homme par des moustiques du genre Aedes (tigre ou aegypti). Chaque année, 390 millions de personnes sont infectées par le virus à la suite de la piqûre infectieuse.
Initialement présente dans les zones tropicales et subtropicales du monde, la dengue touche désormais l’Europe où les deux premiers cas autochtones ont été recensés en 2010 rappelle l’Institut Pasteur. En dépit des progrès de la recherche, il n’existe aujourd’hui ni traitement antiviral spécifique, ni vaccin commercialisé pour combattre cette maladie.
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