Plus d’un journaliste fantasme sur l’exploration des zones d’ombre cachées derrière l’image lisse et la popularité sans faille de Zinedine Zidane. Très peu, en revanche, s’y sont concrètement aventuré. La journaliste Besma Lahouri avait bien publié, en 2008, le livre Zidane, une vie secrète, l’éditeur (Flammarion) et l’auteure ayant été victime auparavant de mystérieux cambriolages durant lesquels seuls les manuscrits avaient été dérobés… Du reste, l’ouvrage contenait peu de révélations fracassantes, faute de preuves et de témoins, notamment sur la question du dopage, qui revient sans cesse. L`émission "Envoyé spécial" s’est à son tour penché là-dessus, jeudi soir, pour tenter d’apporter quelques éclaircissements.

C’est lors de son passage à la Juventus (1996-2001) que Zinedine Zidane se serait dopé. Le joueur, cependant, avait seulement été entendu comme témoin, le 26 janvier 2004, lors du procès sur le dopage dans le foot italien. Le médecin du club, Riccardo Agricola, avait d’ailleurs été relaxé en appel. "Envoyé spécial" rappelle néanmoins que, lorsque la police avait perquisitionné les locaux de la Juve, elle y avait trouvé autant de médicaments que dans un hôpital : 281 références ! « Si on prend ces médicaments à haute dose, c’est une forme de dopage légal, assène Adriana Ceci, professeure en pharmacologie et experte auprès des tribunaux, interrogée par France 2. Il n`y a absolument aucune différence entre se doper et prendre ces produits. »

Est-ce que prendre de la créatine, c`est se doper ?

Il s’agit là du temps fort de cette enquête. L’experte en question, qui le fut lors dudit procès de la Juve, ne sait malheureusement pas quels médicaments avait alors pris Zinedine Zidane, en restant, comme tout le monde, aux déclarations du joueur lors de son audience devant le tribunal. Elle note, par exemple, que Zinedine Zidane avoua alors s’être fait injecter des substances sous perfusion, et s’interroge ainsi : « Au nom de quoi un joueur doit-il se faire perfuser ? Ça ne s`utilise que dans des situations extrêmes, comme en chirurgie... »

Nous sont revenues des images de Fabio Cannavaro et Lilian Thuram, époque Parme AC en 1999, filmés par une chaîne de télévision italienne en train de se marrer comme des baleines, des perfusions sur leurs bras. Un sujet qu’on avait évoqué il y a pile un an lors d’un entretien avec Emmanuel Petit, pas exactement le meilleur ami de Zidane, et qui admet sans problème que « le dopage existe dans le football ». « Depuis très longtemps, les joueurs se font injecter des minéraux via des perfusions. C’est cadré médicalement, avait-il objecté. Attention, ce n’est pas du tout une preuve de dopage, ça ! Moi qui ai toujours fait très attention à ce que je prenais, ça m’est arrivé. »

Il n’en reste pas moins que cette question du « dopage légal » est légitime. Lors du procès, puis dix ans plus tard dans une interview au Monde, Zinedine Zidane a publiquement déclaré : « Oui, j`ai pris de la créatine quand j`ai joué à la Juventus. » Une substance autorisée par les règlements antidopage… dans certaines proportions. Voici ce qu’en a dit son ex-coéquipier Franck Leboeuf, la semaine dernière à peine, sur l’antenne de SFR Sport : « Les quinze derniers jours de ma carrière, je suis au Qatar. Notre équipe est mauvaise, je suis sûr qu’on va se faire éliminer en demi-finale de la Coupe de l’Émir. Je me dis donc : je m`en fous, je vais essayer la créatine. C’était un test. Je fais ça bien, avec un médecin. On gagne la demie. Je continue d’en prendre pendant deux ou trois semaines. Je dispute la finale. Elle a duré deux heures. Il faisait 45°. J’ai couru partout. Les autres joueurs avaient des crampes et moi je courais partout. J’avais 37 ans, j’ai cru que j’en avais 22 ! »

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