La droite veut récupérer la présidence du Parlement européen

  15 Septembre 2016    Lu: 503
La droite veut récupérer la présidence du Parlement européen
5 candidats de droite briguent le poste de président du Parlement européen. Installé depuis 5 ans à ce poste, Martin Schulz fait campagne pour y rester.

Président emblématique de Parlement européen depuis 5 ans, Martin Schulz n’a pas envie de laisser sa place. Alors qu’approche à grand pas la mi-mandat de l’institution, début 2017, la droite entend bien récupérer son du.

Les deux principaux groupes politiques, les socialistes et démocrates (S&D) et le Parti populaire européen (PPE) s’accordent habituellement sur un partage équitable du perchoir.

Mais fort du soutien de Jean-Claude Juncker, le président de la Commission européenne, Martin Schulz entend exceptionnellement s’accrocher à sa fonction. Lors d’une interview commune à Der Spiegel, Juncker avait déclaré que l’UE avait besoin de stabilité, et devaient « être pilotées de la même manière pendant les deux ans et demi à venir ». La phrase est mal passée, et le président de la Commission a du avoir une explication avec son propre clan, à Strasbourg.

Du côté du centre, les ardeurs éventuelles de Guy Verhofstadt, qui se serait bien vu à la tête de l’institution, ont été géré en amont : Juncker l’a nommé au sein de la task-force Brexit. Un lot de consolation qui laissent encore beaucoup de candidats en lice.

5 candidats pour le PPE

Malgré le soutien affiché par Jean-Claude Juncker à l’Allemand, le PPE a entamé son processus de sélection du candidat à la présidence. Parmi les prétendants au perchoir figure le français Alain Lamassoure. Président de la commission spéciale Taxe, qui a planché sur l’optimisation fiscale dans la foulée du scandale LuxLeaks, le dirigeant de la délégation française au Parlement européen bénéficie d’une réputation de fin connaisseur de l’organe parlementaire.

Autre candidat, l’italien Antonio Tajani. Déjà vice-président de l’intuition (qui en compte 14), il a surtout occupé le poste de commissaire aux transports puis à l’industrie sous la présidence de José Manuel Barroso, un poste soulève la question de sa responsabilité dans le scandale des émissions automobiles truquées, le Dieselgate.

Ce proche de Berlusconi fait cependant figure de ligne rouge pour certains groupes politiques, comme les écologistes. « Il y a des gens chez le PPE qui réunissent les qualités pour diriger le Parlement. Antonio Tajani n’en fait pas partie » tranche Philippe Lambert.

Les autres candidats sont le slovène Alojz Peterle, l’Autrichien Othmar Karas et la seule femme en lice, l’irlandaise Mairead McGuinness.

« Personne n’a annoncé officiellement sa candidature » nuance une source au PPE. Le groupe doit se réunir mercredi 14 septembre pour aborder le calendrier de sélection des candidats, ce qui risque d’être compliqué. En théorie, le processus devrait être terminé mi-octobre. Mais s’il prend du retard, la gauche pourrait prendre la droite de vitesse. « Si les socialistes présentent un candidat avant nous, ils rompent de facto l’accord que nous avons avec eux» prévient Alain Lamassoure.

Pas de plan « B » chez les socialistes

Du côté des socialistes, le discours de soutien à Martin Schulz est rodé. Selon les élus européens, les temps difficiles que l’UE traverse nécessitent une figure politique d’envergure à la tête de l’institution et une stabilité.

Autre argument, l’équilibre politique à respecter à la tête des institutions européennes. Si le PPE récupérait le perchoir du Parlement, l’ensemble des institutions européennes serait alors dirigé par des responsables issus du centre droit.

« Martin Schulz a été le meilleur président du Parlement européen. Il a fait augmenter le prestige de l’institution. Rien que pour ça il faudrait le reconduire » a affirmé le président du groupe socialiste au Parlement, Gianni Pitella. « Si Schulz n’est pas reconduit, nous aurions des dirigeants PPE dans toutes les institutions ! C’est inconcevable » a-t-il poursuivi.

En off, certains socialistes s’inquiètent pourtant des concessions inévitables qui devront être faites pour que la gauche conserve ce poste. D’autres s’inquiètent de la dérive autoritaire prise par l’homme politique allemand, et préfereraient le voir briguer la chancelerie en Allemagne, une hypothèse qui reste aussi ouverte.

Et l’argument de l’équilibre politique en agace pourtant certains. « Le Parlement n’est pas la seule institution européenne » tranche Philippe Lamberts, le coprésident du groupe des Verts. Selon lui, les socialistes pourraient aussi bien négocier la nomination d’un socialiste à la tête du Conseil européen. De fait, Donald Tusk est à la fois très discret, et très critiqué notamment à droite, au sein même de sa famille politique.

Pour autant, « il n’y a pas de plan B à Martin Schulz au groupe socialiste, et personne de déclarera sa candidature face à lui » explique une source. Seule porte de sortie, une éventuelle candidature à la chancellerie en Allemagne pour le SPD, peu probable pour l’instant.

« Le soutien de Jean-Claude Juncker à Martin Schulz est une manière de garder les socialistes sous contrôle » affirme Philippe Lamberts.

Tags:


Fil d'info