Une anxiété justifiée n’est pas une phobie, quand la personne se trouve face à un danger réel. Il faut bien faire la distinction entre les deux. On parle de phobie quand le sujet n’arrive pas à se contrôler, malgré sa volonté et que le phénomène devient handicapant. Ne pas sortir de chez soi car on a peur des pigeons, par exemple. “La phobie est une peur irraisonnée et qui n’est pas cohérente. La personne a peur de quelque chose qui n’est pas dangereux en soi”, explique Déna Ollivier, psychologue clinicienne à Montreuil, en banlieue parisienne.
Par ailleurs, prévient Déna Ollivier, “il semblerait que certaines phobies soient normales chez les enfants, notamment la peur du noir avant 3 ans ou la peur des gros animaux”. Pas la peine de faire consulter en urgence ses bouts de chou inquiets, donc…
“Je considère qu’il faut faire appel à un thérapeute à partir du moment où c’est invivable. Certaines personnes qui souffrent d’agoraphobie vont jusqu’à se couper de la vie sociale”, reprend la psychologue. En revanche, la peur des serpents, par exemple, peut se gérer sans trop de désagréments au quotidien.
Les thérapies comportementales
Quel que soit le niveau ou le type de phobie, il est néanmoins possible d’envisager des traitements. “On peut s’en débarrasser, tout dépend du degré d’installation”, poursuit Déna Ollivier. Actuellement, c’est l’avènement des thérapies cognitivo-comportementales, qui vont davantage traiter les symptômes. Une approche qui a fait ses preuves dans le traitement des phobies.
“On part du principe que c’est l’appréhension de la situation qui provoque la panique. La personne va tout faire pour éviter le problème de peur que quelque chose ne lui arrive”, détaille la psychologue. Pour traiter le patient, le thérapeute va donc lui prouver qu’il n’y a pas de danger, avec une sorte de désensibilisation progressive, un peu comme pour les allergies. Air France propose ainsi des stages pour les phobiques de l’avion, leur promettant d` »apprivoiser l’avion ».
“Nous allons amener le patient à redevenir rationnel, explique Déna Ollivier. En général, on fait une liste très claire des phobies, par ordre d’anxiété. On commence par gérer ce qui génère le moins d’angoisse”. Et au fur et à mesure on traite les phobies les plus difficiles. C’est donc une thérapie progressive, mais normalement assez rapide : en 10 à 15 séances, il est possible de se débarrasser de ses angoisses, suivant l’avancée de la phobie. “On y va progressivement : dans le cas d’une phobie des serpents par exemple, on va tout d’abord amener le patient à y penser, puis lui montrer une photo, un film, etc.”, poursuit la psychologue.
La psychanalyse pour identifier la cause
Avant cet engouement pour la psychologie comportementale, l’approche était davantage tournée vers la psychanalyse. Chez Freud, le phobie est liée au complexe d’Oedipe. Il y voit un fantasme inavouable qui est transformé en phobie. Du coup, pour les soigner, il faut tenter de remonter à la source du problème, afin de comprendre l’origine de la phobie.
“On va déconstruire, savoir pourquoi le patient réagit ainsi”, explique Déna Ollivier. Une méthode qui prend beaucoup plus de temps que la première. “D’autant qu’il est de plus en plus admis qu’une partie des phobies peut avoir une origine biologique, avec des personnes qui y sont plus sensibles, ou des explications qui remontent à la période intra-utérine. Difficile alors d’analyser cette période”, tempère la spécialiste. Il est également possible de commencer avec une thérapie comportementale pour régler le symptôme avant de poursuivre sur une psychanalyse pour remonter à la cause.
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