Le Canada prêt à rejoindre la banque de développement créée par la Chine

  01 Septembre 2016    Lu: 432
Le Canada prêt à rejoindre la banque de développement créée par la Chine
Le Canada s`est dit mercredi candidat pour rejoindre la Banque asiatique d`investissement pour les infrastructures (BAII), créée par la Chine mais décriée par les Etats-Unis, en pleine visite à Pékin du Premier ministre Justin Trudeau, soucieux de relancer les relations sino-canadiennes.
La participation à la BAII générera des "opportunités commerciales" pour les entreprises canadiennes et de "bons emplois", a annoncé le ministre des Finances Bill Morneau lors d`une conférence de presse.

La BAII, née d`une initiative chinoise et dont les statuts fondateurs ont été signés en juin 2015, vise à financer des projets d`infrastructures en Asie. Sur ses 57 membres fondateurs, une vingtaine sont des pays occidentaux, dont la France, l`Allemagne et le Royaume-Uni.

Bien que Pékin s`en défende, la BAII constitue de facto un contrepoids à la Banque mondiale et à la Banque asiatique de développement, respectivement contrôlées par les Etats-Unis et le Japon.

Or, la nouvelle institution, dans laquelle la Chine dispose de pouvoirs de décision considérables, suscite la méfiance de Washington et Tokyo.

Tous deux ont refusé obstinément d`y adhérer, s`inquiétant de possibles critères de gouvernance au rabais et du risque que Pékin l`utilise pour favoriser ses entreprises et ses intérêts géopolitiques.


"Il faut de la transparence dans son fonctionnement, sinon l`argent pourrait être mal utilisé", martelait l`an dernier le président américain Barack Obama.

Pour sa part, le Canada estime qu`il peut "aider la banque au niveau de sa gouvernance".

"Si nous devenons le premier pays d`Amérique du Nord à rejoindre la BAII, je suis sûr que nous apporterons des positions constructives et équilibrées", a assuré M. Morneau.

"C`est clairement dans l`intérêt du Canada", a-t-il argumenté. Les infrastructures qui désenclavent des régions asiatiques "accroissent la variété de l`offre sur le marché mondial, pour le bénéfice de tous".

- Une marque de "confiance" -

La Chine cherche déjà activement à renforcer son influence diplomatique à travers l`Asie à coups d`investissements massifs le long de "nouvelles routes de la Soie", un moyen d`écouler ses surproductions de ciment et d`acier.

Pékin a également participé à la création d`une banque de développement propre aux économies émergentes des Brics (Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud) et basée à Shanghai.

La BAII, de son côté, accordera entre 10 et 15 milliards de dollars de prêts par an, avait annoncé en décembre son président, Jin Liqun, un ancien responsable chinois de la Banque mondiale.


M. Jin s`est félicité mercredi de la décision du Canada, témoignage "d`une confiance dans les solides fondations de la banque".

Les droits de vote de la Chine dans la BAII se trouvent "inévitablement dilués" avec l`arrivée de nouveaux membres, mais Pékin "ne se considère pas comme le grand patron et coopère volontiers avec tout le monde", a-t-il ajouté.

L`annonce intervient au deuxième jour d`une visite de Justin Trudeau en Chine, où il a rencontré mercredi son homologue Li Keqiang avant un sommet du G20 les 4 et 5 septembre à Hangzhou (est).

La Chine est le deuxième partenaire commercial du Canada, avec des échanges ayant dépassé 85 milliards de dollars canadiens l`an dernier (58,4 milliards d`euros).

- Canola et droits de l`Homme -

Mais leurs relations ont été assombries par le projet de la Chine d`imposer de nouvelles règles phytosanitaires sur ses importations de canola afin de protéger ses propres récoltes -- au risque de pénaliser les ventes (2 milliards de dollars annuels) du Canada, premier exportateur mondial.

Ces règles étaient censées entrer en vigueur jeudi, mais Li Keqiang a finalement annoncé mercredi un délai, le temps que se poursuivent des discussions bilatérales visant un accord de long terme.

La détention en Chine depuis 2014 d`un Canadien, Kevin Garratt, arrêté près de la frontière nord-coréenne et soupçonné d`espionnage, hantait également la visite de M. Trudeau.

Celui-ci a déclaré mercredi avoir "attiré l`attention" sur ce cas lors de ses entretiens à Pékin. L`objectif de sa visite, a-t-il cependant insisté, reste d`établir "un dialogue (bilatéral) solide, stable et continu".

Il avait affirmé, avant son départ, qu`il comptait encourager la Chine à "améliorer" son bilan en matière "de droits de l`homme".

Li Keqiang a rétorqué mercredi que Kevin Garratt serait traité "strictement selon la loi", avant d`appeler à "ignorer les perturbations" pour se concentrer sur "les intérêts d`ensemble" des relations sino-canadiennes.

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