De tous les métiers découverts durant le programme d`intégration ces derniers mois, c`est celui qu`il a préféré. "On peut démonter et remonter le moteur", résume-t-il, les yeux brillants.
Après un afflux massif de réfugiés en Allemagne en 2015, Porsche a lancé en mars ce programme pour "montrer la culture d`accueil allemande et permettre aux gens de s`établir le plus vite et le mieux possible", relate Norbert Göggerle, directeur de la formation professionnelle technique. Âgés de 16 à 38 ans, les 13 participants viennent d`Érythrée, d`Irak, d`Iran, d`Afghanistan, du Pakistan, de Syrie.
Il faut que j`en profite
Sélectionnés parmi une centaine de candidats, ils ont reçu pendant cinq mois des cours d`allemand, des enseignements sur la culture du pays - histoire, formalités bureaucratiques, fonctionnement d`une entreprise - et des enseignements techniques variés. Ainsi qu`une petite rémunération de 250 euros par mois et par personne. La plupart n`ayant qu`un allemand rudimentaire, le programme s`est surtout concentré là-dessus.
A son arrivée dans le pays deux ans plus tôt, Ammar ne parlait pas un mot de la langue de Goethe mais c`est désormais dans un allemand fluide et assuré, teinté d`un léger accent, qu`il se raconte. "J`ai fui vers l`Allemagne car la situation en Syrie est très mauvaise et on ne peut pas bien vivre là-bas", explique-t-il posément. "Mes amis allemands m`ont dit que j`avais de la chance d`être chez Porsche et qu`il fallait que j`en profite", ajoute Ammar, qui espère bien faire carrière ici.
Contrairement à Ammar, Zaryab Imran, 18 ans, n`avait jamais entendu parler de Porsche auparavant. Elle est arrivée en Allemagne avec sa famille en avril 2015. "Je n`étais pas en sécurité au Pakistan", raconte-t-elle dans un allemand hésitant.
Particulièrement intéressée par le travail du cuir pour l`aménagement intérieur des voitures, elle va suivre une formation supplémentaire d`un an chez le constructeur, avant d`y devenir apprentie. Filiale du géant automobile Volkswagen et fleuron de l`industrie allemande, Porsche est un employeur recherché qui a pour habitude de verser de généreuses primes à ses salariés (plus de 8.000 euros par personne cette année).
Forte motivation
"La motivation des réfugiés était extrêmement forte", s`étonne encore M. Göggerle. "On leur a expliqué que l`idée n`était pas de leur offrir un emploi chez Porsche, qu`il s`agissait de les aider à mettre le pied à l`étrier en Allemagne, mais ils se sont dit +si je me donne à fond, cela marchera peut-être+, et on l`a remarqué. Les gens étaient toujours ponctuels, très fiables", explique-t-il.
Résultat, la grande majorité des 13 participants va effectivement rester chez Porsche, pour une formation pluridisciplinaire, un apprentissage ou bien directement un poste en CDI à la production. La démarche de Porsche répond en partie au besoin croissant de main d`oeuvre qualifiée dans certains secteurs en Allemagne, comme la sous-traitance automobile, sur fond de vieillissement démographique.
Les milieux économiques fondent beaucoup d`espoir sur les réfugiés pour, à terme, adoucir la pénurie de main d`oeuvre. Mais cela ne se fera qu`au prix d`un effort considérable de formation.
De nombreuses entreprises, grandes ou moyennes, ont mis en place des initiatives pour faciliter l`accès des réfugiés au marché du travail. Beaucoup butent toutefois sur la lourdeur des procédures administratives, l`obstacle de la langue ou des qualifications insuffisantes. Sur l`année scolaire 2014/2015, seules 3% des entreprises qui forment des apprentis comptaient des réfugiés parmi eux. "Beaucoup de petites entreprises n`ont pas les moyens de former des réfugiés", souligne M. Göggerle. Porsche, qui ne dévoile pas combien son programme d`intégration lui coûte, en lancera une deuxième édition en décembre, pour une durée de 10 mois et avec 15 participants.
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