Turquie: des élections “injustes” selon les observateurs internationaux
Le président turc, Rece Tayyip Erdogan, a déclaré qu’il méritait le respect du monde entier suite aux résultats des élections. Le Parti de la justice et du développement (AKP) de M. Erdogan a retrouvé la majorité absolue au Parlement turc, qu`il avait perdue en juin dernier.
La mission internationale d’observation a toutefois exprimé de sérieuses inquiétudes après avoir suivi les élections. “Cette campagne était injuste et caractérisée par trop de violences et de peur”, affirme Andreas Gross, le chef suisse de la mission représentant le Conseil de l’Europe.
Le rapport préliminaire de la mission d`observation a indiqué que si les élections ont été menées de manière professionnelle et ont offert une variété de choix pour l`électorat, la violence contre l`opposition et ses partis ont entravé leur capacité à faire campagne librement, citant l`arrestation de militants de l`opposition pro-kurde HDP dans la période qui a précédé le vote.
"Les enquêtes criminelles contre les journalistes et les médias pour soutien au terrorisme et diffamation du président, le blocage des sites web et la fermeture de certains médias importants ont réduit l`accès des électeurs à une pluralité des points de vue et d`informations", a ajouté la mission dans sa déclaration.
Washington déplore les "pressions" sur les médias
La Maison Blanche a déploré lundi les "pressions" et les "intimidations" ayant visé des journalistes durant la campagne des élections législatives en Turquie.
"Les Etats-Unis félicitent le peuple turc pour sa participation aux élections", a souligné Josh Earnest, porte-parole du président Barack Obama qui doit se rendre en Turquie mi-novembre pour participer au G20.
"Nous sommes cependant très préoccupés par le fait que des médias et des journalistes critiques envers le gouvernement ont fait l`objet de pressions et d`intimidations durant la campagne", a-t-il ajouté, soulignant que les Etats-Unis avaient pris note du rapport des observateurs de l`Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE).
S`ils se sont réjouis du "vaste éventail politique" offert aux électeurs turcs, les observateurs ont jugé que les violences avaient "entravé les capacités des candidats à mener une campagne libre", notamment dans le sud-est à majorité kurde du pays. L`OSCE a par ailleurs condamné "des interventions dans l`autonomie éditoriale des médias" de la part du régime islamo-conservateur du président Erdogan.
"Nous avons, en privé comme en public, exprimé nos inquiétudes concernant la liberté de la presse, la liberté d`expression et la liberté de rassemblement en Turquie", a encore souligné le porte-parole de l`exécutif américain.
Ce scrutin s`est déroulé sur fond de reprise du conflit kurde et trois semaines après un attentat-suicide attribué aux djihadistes qui a tué 102 personnes à Ankara.