La femme arménienne de Bakou: `A part les azerbaïdjanais, je ne pouvais pas vivre parmi aucune nation` - Les coupables innocents

  02 Août 2016    Lu: 1742
La femme arménienne de Bakou:  `A part les azerbaïdjanais, je ne pouvais pas vivre parmi aucune nation` - Les coupables innocents
L’interlocutrice du projet intitulé ‘Les coupables innocents’ de la revue électronique internationale Karabakhinfo.com est Marita Askerova, une femme d’origine arménienne qui vit à Bakou.

De nombreux arméniens de Bakou qui ne se sont pas déplacés après le conflit du Haut-Karabakh n’ont pas hésité à cacher leur origine lors du recensement du Comite statistique d’Etat effectué en 1999. A cette époque, à l’exception du Haut-Karabakh, 700 arméniens vivant en Azerbaïdjan ont été recensés. Donc, 700 arméniens vivant parmi les azerbaïdjanais n’ont pas hésité à déclarer leur nationalité.

En réponse à la demande de la revue électronique ‘Karabakhinfo.com’, le Comite statistique d’Etat a marqué dans sa lettre officielle que selon le recensement de 2009, le nombre de la population arménienne atteint à 120 milles 306 personnes. Autrement dit, 1.3 % de la population du pays est composée des arméniens.

Cependant, les différents représentants de l’Etat, les députés, à différents temps et dans les différents stands, ont plusieurs fois déclaré qu’il y a suffisamment d’arméniens vivent parmi nous. Le chiffre plus entendu est 30 milles. En effet, ce n’est pas important si ce chiffre est plus ou moins. Le fait est qu’il y a toujours des arméniens dans notre pays et qu’ils ont le même droit que les citoyens azerbaïdjanais. Pourtant, il n’y a même pas un seul azerbaïdjanais en Arménie. Ainsi, ils ont mené la politique de nettoyage ethnique et ont expulsé tous les azerbaïdjanais de leur maison

Nous avons décidé de faire les entretiens avec quelques arméniens qui vivent à Bakou et autour de la ville et d’informer les lecteurs de la revue électronique internationale ‘Karabakhinfo.com sur leurs conditions de vie, les raisons de leur séjour en Azerbaïdjan, ainsi que, d’autres questions.

La dernière foi, nous avons présenté l’entretien avec Janetta Mammadova. Cette fois-ci, Askerova Marita Yachar, la femme arménienne vivant dans le district Karadagh de Bakou, nous rencontre sa vie.


« J’ai oublié que je suis arménienne ».

Nous sommes entrés dans le jardin de la maison par une porte en fer. Cette maison se distingue par son luxe et sa propreté de la maison de Janetta. Lorsque nous avons vu une dame d’age moyen parler fortement d’une manière mécontente dans le jardin, nous n’avons pas douté qu’elle serait notre interlocutrice…

« Je ne comprend pas d’ou cela vient, j’y habite depuis une centaine d’année, on ne m’a jamais demandé qui j’étais, que je faisait?! Là, ils viennent et me disent tu es arménienne et tu dois parler, je ne sais pas quoi. Je ne suis pas arménienne. J’y habite depuis très longtemps, je ne suis plus arménienne. Je vais parler de quoi ? Je ne les ai même pas ( sous-entendus les arméniens) vu.

Vous n’êtes pas arménienne ? La femme s’est effrayé de la question inattendue.

Qui vous l’a dit, j’ai ouvert mes yeux et vu ce pays.


En tout cas, si c’est possible, présenté-vous. Nous voulons vous connaître.

Askerova Marita Yachar. Mes parents étaient arméniens du Karabakh. Ils sont du village Khindirstan du district Stepanakert ( Marita appelle Khankendi comme Stepanakert – N.G). Avant ma naissance, Ils se sont déplacés à Bakou, au bourge de Kizildach. J’y suis allée à l’école secondaire. Je me suis mariée à 16 ans.



Comment avez-vous fait la connaissance avec votre marie ? Si l’on tient compte qu’il n’était pas de la même nation que vous, probablement, il n’était pas très facile de se marier ?

Nous étions voisins avec mon marie. À cette époque, les gens n’abordaient pas aussi sérieusement la question de la nation, lorsqu’ils se mariaient. Le fait d’être arménien ne les dérangeait pas. C’est pour quoi, nous n’avons pas fait face à un problème sérieux. Nous nous sommes aimés et mariés. En 1980, mon mari m’a enlevé. Un an après, j’ai eu un fils. Ensuite, mes deux filles sont nées.


« J’effectue mes prières (salahs), je fait le Ramadan, je prie ».


Parmi les voisins, est-ce qu’il y a quelqu’un sait que vous êtes arménienne ? Quelle est leur attitude envers vous ?


Je suis née ici et depuis de nombreuses années, j’y habite. C’est pour quoi, tout le monde me connait. Ils ont une attitude normale vers moi. Ils ne font pas la différence entre moi et d’autres voisins. Depuis que j’ai ouvert mes yeux, j’ai vu ces gens. Je les considère mes proches. C’est pour quoi, cela m’a paru bizarre de faire l’entretien en tant qu’une arménienne. Pour un moment, je me suis dite, qu’est ce que me distingue d’autres personnes ? Pourquoi ils veulent me demander quelque chose ? J’ai déjà oublié que je suis arménienne.


Pourquoi vous n’avez pas changé votre prénom ? Car plusieurs arméniens qui y vivent ont changé leur nom…

Oui, je ne l’ai pas changé. De nombreuses personnes m’appellent Rita, certains Meryem. Je ne peux rien dire sur les gens qui ont changé leur prénom. J’effectue mes prières (salahs), je fait le Ramadan, je prie. C’est le péché de dire quelque chose que on ne sait pas sur quelqu’un. Depuis que j’ai ouvert mes yeux, j’ai vu l’Islam et j’adore cette religion.


Il convient de souligner que dès le début de l’entretien, tous nos interlocuteurs ont déclaré qu’ils avaient converti à l’Islam et effectué les prières.


« … je ne pourrais pas vivre parmi aucune nation »


Avez-vous des contacts avec vos proches habitant à l’étranger ?


Je n’ai pas de proches, je n’ai personne. J’ai deux sœurs. Elles habitent en Russie.


Comment restez-vous en contact avec elles ?


Je ne les contacte pas. Dès fois ma sœur habitant en Russie m’appelle. Nous ne nous visitons plus.


Voulez-vous partir ?

Pourquoi est-ce que je dois partir ? J’ai déjà des petits-enfants. J’ai tous ce que Dieu peut donner à un homme. Je n’ai pas besoin de quelqu’un d’autre. Si elles me demandent, même si je suis obligée, je ne partira pas. C’est ma maison. A part les azerbaïdjanais, je ne pourrais pas vivre parmi aucune nation. Ma vie terminera ici.


En tant qu’une citoyenne azerbaïdjanaise, quelle solution du conflit voulez-vous parvenir ?


Je veux la restitution des territoires, la fin de la guerre et je veux que tout le monde vit pacifiquement comme avant.


Vous voulez dire que les azerbaïdjanais et arméniens vivent ensemble ?

Oui. La guerre et les conflit soient terminés.


La situation actuelle en Arménie… (Marita coupe notre parole, nous n’avons pas pu terminer notre question. Pourtant, elle a compris ce que nous voulions dire).

Je ne regarde rien sur la télé. Ma belle-fille pourra confirmer que je ne m’intéresse pas à quelque chose. J’écoute seulement mugam et je regarde les artistes.


Est-ce qu’à la maison vous effectuez une tradition que vous avez conservé de vos parents ? Que vous vous souvenez lors des fêtes ?


Depuis que j’ai ouvert mes yeux, j’ai vu Novrouz. Nous nous donnons les cadeaux. Rien d’autre.


« Elle ne se considère pas arménienne ».

Entre temps, Un sapin décoré dans le coin de la maison a attire notre attention. Marita a dit qu’elle avait décoré le sapin à la demande de ses petits-enfants. Lors de l’entretien, il était évident que Marita ne voulait pas prononcer le nom de sa nationalité. Nous avons plusieurs fois essayé de demander la nationalité des maries de ses sœurs. Chaque fois elle a dit qu’ils étaient de ‘Bakou’. Rien de plus. Nous avons demandé s’ils étaient les arméniens vivant à Bakou. Elle nous a répondu à la fois ‘oui’ et ‘non’. Nous avons avec beaucoup de difficulté appris que ses deux sœurs se sont mariées avec les arméniens de Bakou. Ainsi, après le lancement du conflit ils se sont déplacés en Russie et actuellement ils y habitent.
Marita a répondu à sa manière à notre question « Avez-vous des contacts avec elles ? » disant ‘oui’ et ‘non’.


Comment est-ce que vous vous souvenez le début du conflit – 1988? Probablement vous avez peur.

Bien-sur, je m’inquiétait du destin de mes enfants. Merci au Dieu, j’ai pu élever mes enfants. Ainsi, je vis en plein sécurité.


Nous avons terminé notre entretien et nous sommes partis. Le belle-fille azerbaïdjanaise de Marita qui nous attendait à l’extérieur s’est excusée pour les plaints de sa belle-mère avant l’entretien : « Vous savez, ne lui rapproche pas. Jusqu’à présent, personne ne lui a dit quelque chose sur son origine, personne ne s’y intéressée. C’est pour quoi, cela nous a paru bizarre. Car elle ne se considère pas arménienne.


Nous avons témoigné encore à un fait. Une fois de plus, nous sommes convaincus que les belles-mères arméniennes préparent encore beaucoup de ‘surprises’ pour ses belle-filles et beaux fils.

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