Le gouvernement arménien a annoncé vendredi 15 juillet qu’il prévoyait d’interdire les importations de certains produits turcs dans le cadre d’une série de mesures protectionnistes visant à relancer la production nationale. Le ministre arménien de l‘économie Artsvik Minasian a précisé que cette mesure concernerait au départ quelque 50 à 700 types de produits fabriqués en Turquie et importés par l’Arménie.

Elle devrait marquer la “première étape” d’une politique gouvernementale tendant à booster le “made in Armenia”et à créer par là même des emplois dans un pays en proie à un chômage endémique, a expliqué le ministre qui s’exprimait devant les journalistes. Soulignant les autres mesures à caractère protectionniste prévues par le gouvernement, A. Minasian a indiqué que “si tel ou tel produit importé de quelque pays fait du tort aux producteurs locaux, met en danger leurs affaires, ou compromet les chances de le produire ici, alors nous aurons recours aux procédures idoines [contre leur importation].” Le ministre, qui est membre de la Fédération révolutionnaire arménienne (FRA Dachnaktsoutioun), qui a récemment quitté les rangs de l’opposition pour se rallier à la coalition gouvernementale, n’a pas précisé les mesures concrètes envisagées pour dresser ces barrières fiscales imposées aux produits concernés. Le gouvernement n’a annoncé aucune mesure en ce sens à ce jour.

Malgré sa situation enclavée, aggravée par le double blocus terrestre imposé par la Turquie et l’Azerbaïdjan, l’Arménie a pratiqué depuis son indépendance une politique commerciale libérale. Reste donc à savoir si le protectionnisme commercial prôné par A. Minasian relève d’une rhétorique visant à flatter les sentiments nationalistes de la population ou s’il s’appuie sur une réelle volonté politique, qui devra de toute manière être conforme aux engagements contractés par l’Arménie en tant que membre de l’Union économique eurasienne (UEE) et de l’Organisation mondiale du commerce (OMC).

A. Minasian, dont le parti est le tenant de la ligne dure face à la Turquie, a appelé à une interdiction totale ou partielle des importations turques peu après sa nomination au ministère de l’économie en mars, à la suite de l’accord survenu entre la FRA D et le président Serge Sarkissian. Selon les chiffres du gouvernement arménien, l’Arménie aurait importé pour quelque 50 millions de dollars de produits turcs au cours des cinq premiers mois de l’année. La plupart de ces importations transitent par la Géorgie, en raison du blocus exercé par la Turquie depuis 1993 en solidarité avec l’Azerbaïdjan. La Turquie a de son côté interdit toute importation de produits arméniens, en solidarité encore avec Bakou. La balance commerciale de l’Arménie est encore largement déficitaire. Elle importait pour quelque 1,2 milliard de dollars de produits divers entre janvier et mai 2016, alors que ses exportations ne totalisaient que 657 millions de dollars dans la même période.

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