Mort d’Elie Wiesel, rescapé de la Shoah et prix Nobel de la paix

  03 Juillet 2016    Lu: 519
Mort d’Elie Wiesel, rescapé de la Shoah et prix Nobel de la paix
L’écrivain Elie Wiesel, qui avait reçu le prix Nobel de la paix en 1986, est mort samedi 2 juillet à l’âge de 87 ans, a annoncé le mémorial israélien de Yad Vashem.

Rescapé de la Shoah, il a souvent dénoncé la responsabilité des dirigeants qui « savaient » le sort des juifs déportés, notamment Franklin D. Roosevelt et Winston Churchill. En 1979, le président américain Jimmy Carter lui avait montré les photos prises, fin 1942, par des avions militaires américains survolant Auschwitz.
Au cours de sa vie, il s’est engagé pour de multiples causes car il avait « fait un vœu » après la guerre.
« Que toujours, partout où un être humain serait persécuté, je ne demeurerai pas silencieux. »

Souvenirs de déportation

Né le 30 septembre 1928 à Sighet, en Roumanie (alors Transylvanie), Elie Wiesel est déporté à 15 ans à Auschwitz-Birkenau, en Pologne occupée par les nazis. Sa mère et sa plus jeune sœur sont assassinées dans ce camp. Son père meurt devant lui à Buchenwald (Allemagne) où ils ont ensuite été transférés.

A sa sortie en 1945, il est recueilli en France par l’œuvre juive de secours aux enfants (OSE) et y vit jusqu’en 1956. Après des études de philosophie à la Sorbonne, il devient journaliste et écrivain. Le romancier François Mauriac préface son premier roman La nuit (1958), basé sur ses souvenirs de déportation. Cet ouvrage sera suivi d’une quinzaine d’autres (en français, en anglais, en hébreu et en yiddish), de trois pièces de théâtre et de nombreux essais.

Refus de présider Israël

Citoyen américain depuis 1963, Elie Wiesel a longtemps occupé la chaire en Sciences humaines de l’Université de Boston et partagé sa vie entre les Etats-Unis, la France et Israël. En 2006, Elie Wiesel a refusé la présidence de l’Etat hébreu arguant qu’il n’était « qu’un écrivain ».

En France, Elie Wiesel a été décoré en 1984 de la Légion d’honneur, avant d’être fait Grand officier en 1990, puis Grand-croix en 2001. Il a également reçu la médaille d’or du Congrès américain pour son travail à la tête de l’Holocaust Memorial Council des Etats-Unis. Il est par ailleurs chevalier commandeur honoraire de l’Ordre de l’Empire britannique.

« Exemple d’humanité »

Le président américain Barack Obama a salué la mémoire d’un « ami », « de l’une des grandes voix morales de notre temps , et à bien des égards , la conscience du monde ». M.
Wiesel ne se battait pas uniquement contre l’antisémistisme a rappelé le locataire de la Maison blanche, soulignant son engagement contre la haine, la bigoterie et l’intolérance sous toutes ses formes.

Le président français François Hollande a lui aussi rendu hommage à un « grand humaniste, inlassable défenseur de la paix ». « De cette expérience au bout de l’horreur qui l’a laissé orphelin, il a aidé à ouvrir les yeux du monde sur l’indicible blessure de l’extermination des juifs d’Europe. »
Il « était l’élégance même, la grandeur, la générosité », a estimé, de son côté, Jack Lang, ancien ministre de la culture, dans un communiqué.
« Les horribles souffrances que la vie lui a infligées ont fait grandir en lui sa profonde humanité. Immense écrivain, il a su admirablement exprimer la densité de l’âme humaine. Son amour de la France le portait à écrire dans la langue française qu’il savourait avec passion. »

Le premier ministre israélien Benyamin Nétanyahou a également salué sa mémoire, faisant valoir qu’il était un « rayon de lumière et un exemple d’humanité qui croit en la bonté de l’Homme ».

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