L’ancien premier ministre Michel Rocard est mort

  03 Juillet 2016    Lu: 685
L’ancien premier ministre Michel Rocard est mort
Michel Rocard, père de la «deuxième gauche», est décédé ce samedi à 18h, annonce le JDD. Une information confirmée par son fils auprès de l`AFP. Le social-démocrate et ancien souffre-douleur de l’ancien président François Mitterrand, dont il a été le Premier ministre de juin 1988 à mai 1991, est mort à l`âge de 85 ans à l`hôpital de la Pitié Salpêtrière à Paris. Son principal héritage politique est la création de la social-démocratie à la française, et la conversion d’une partie de la gauche à l’économie de marché. Fervent soutien de l’écologie, l’homme a influencé nombre de politiques, revendiquant une paternité sur les lignes politiques formulées par Lionel Jospin, Dominique Strauss-Kahn, Manuel Valls ou encore Emmanuel Macron.
Né à Courbevoie (Hauts-de-Seine) le 23 août 1930, Michel Rocard est nommé inspecteur des finances à sa sortie de l’ENA. Militant de la décolonisation en pleine guerre d’Algérie, il rompt avec la SFIO pour fonder le Parti socialiste unifié (PSU) en 1960, dont il est secrétaire national de 1967 à 1973. L’année suivante, il rejoint la création du Parti socialiste lors du Congrès d’Epinay, et dont la direction tombe dans les mains de François Mitterrand. La nouvelle formation doit incarner, pour Michel Rocard, une nouvelle gauche, moderne, refermant l’héritage marxiste pour s’ouvrir à l’économie de marché. Telle sera la ligne du le père de la «deuxième gauche», qui se positionne à la droite du nouveau parti.

Premier ministre en 1988

Les relations avec François Mitterrand, l’éternel rival, sont douloureuses. Michel Rocard n’arrive pas à renverser le député de la Nièvre élu président de la République en 1981. Michel Rochard rejoint le gouvernement en tant que ministre du Plan puis de l’Agriculture, avant de revenir comme Premier ministre en 1988, après la réélection de Mitterrand à l’Elysée. Dans «l’enfer de Matignon», Michel Rocard reste trois ans. Parmi ses réalisations, il met en place le Revenu minimum d’insertion (RMI) en 1988, la contribution sociale généralisée (CSG) en 1990, et est l’un des artisans de l’apaisement en Nouvelle-Calédonie en 1988. Peu après cela, à propos de sa politique d’immigration, il prononce une phrase qui le poursuivra des années: «La France ne peut accueillir toute la misère du monde». Il expliquera plus tard que cette citation était tronquée, rectifiant: «La France ne peut accueillir toute la misère du monde, mais elle doit en prendre fidèlement sa part».

Reconnu pour son dialogue, notamment avec ses ennemis en politique, Michel conserve cette qualité après Matignon en écrivant, par exemple, un livre d’entretiens avec l’ancien Premier ministre Alain Juppé (La Politique telle qu`elle meurt de ne pas être 2011 éd. Lattès). Il est chargé de mission, nommé par Nicolas Sarkozy, sur la taxe carbone et le grand emprunt.

Poil à gratter de la gauche

Victime d’un accident vasculaire cérébral en Inde en 2007, il démissionne du Parlement européen en 2009, mettant fin à 40 ans de carrière d’élu. Mais la retraite ne rime pas avec pétanque: Michel Rocard reste hyperactif en politique. Nommé ambassadeur du climat chargé des pôles en 2009, il participe en 2012 à la création du Collectif Roosevelt 2012 avec son grand ami Stéphane Hessel, ancien résistant et auteur d’Indignez-vous (2011 éd. Indigène). Poil à gratter de la gauche, il distribue les bons et mauvais points: en avril 2016, il explique que «la gauche n`est pas à la hauteur de sa mission réformatrice». Au président François Hollande, il lui «déconseillerai[t]» de se représenter. Manuel Valls est accusé de vouloir «déclarer la désuétude [du PS] et programmer sa disparition». Sans oublier le ministre de l’Economie Emmanuel Macron : « Macron comme Valls ont été formés dans un parti amputé. Ils sont loin de l`Histoire.»

Plusieurs fois marié, Michel Rocard a eu plusieurs enfants. Son fils Loïc, ancien élève de Polytechnique et de l`Ecole nationale de l`aviation civile, est conseiller au cabinet du Premier ministre… Manuel Valls.

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