Diriger l’ONU, un drôle de métier - Le Monde Diplomatique

  12 Juin 2016    Lu: 1234
Diriger l’ONU, un drôle de métier - Le Monde Diplomatique
Le Monde Diplomatique
La course pour le remplacement de M. Ban Ki-moon au poste de secrétaire général de l’Organisation des Nations unies a déjà démarré. D’ici à la fin de l’année, le nom du titulaire devrait être connu, au terme d’un processus qui, pour la première fois, a vu se tenir des auditions publiques. L’auteur fut secrétaire général adjoint avant de présenter sa candidature lors de la précédente élection, en 2006.

Le boulot le plus impossible au monde » — c’est en ces termes qu’en 1953 le premier secrétaire général de l’Organisation des Nations unies (ONU), le Norvégien Trygve Lie (1946-1952), décrivait son poste à son successeur, le Suédois Dag Hammarskjöld. Au fil des décennies, la tâche ne s’est pas simplifiée. La Charte de l’ONU précise que le secrétaire général cumule la fonction d’administrateur en chef et de fonctionnaire indépendant, susceptible de se voir confier par l’Assemblée générale ou le Conseil de sécurité des missions non spécifiées (mais de nature implicitement politique). C’est au titulaire du poste de décider s’il souhaite davantage être « secrétaire » ou « général ».

Son métier est lourd de paradoxes. On attend du secrétaire général qu’il réponde aux attentes des gouvernements, et surtout à celles des cinq membres permanents du Conseil de sécurité (Chine, États-Unis, France, Royaume-Uni et Russie, qu’on appelle « P5 »), mais aussi qu’il se montre impartial. On exige de lui des qualifications forgées dans les arcanes de la bureaucratie ou de la diplomatie, mais on voudrait également qu’il transcende son passé et devienne le porte-parole de la planète, voire qu’il s’érige en « pape séculier ». Il lui faut prêter assistance aux États membres afin qu’ils prennent les décisions les mieux informées, dont il lui appartient ensuite d’assurer la mise en œuvre. Mais il doit également influer sur leur travail et les pousser à agir dans le sens qu’il juge opportun. Il gère une administration de 41 081 personnes, d’une redoutable complexité, ainsi que toutes les agences qui en dépendent. Il reste cependant prisonnier des contraintes budgétaires et réglementaires que lui imposent les États membres.

Certes, il dispose d’une autorité incomparable pour peser sur l’action politique internationale, mais il n’a aucun pouvoir pour traduire ses idées en actes ou même pour les faire accepter aux gouvernements. Il représente le monde, mais il ne le dirige pas. Hammarskjöld (1953-1961) aimait à dire, à l’apogée de la (...)

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