«Puis sa famille l’a leurrée, lui promettant des réconciliations et une réception digne de ce nom, a-t-il poursuivi. Elle avait peur, (…) Elle ne voulait pas y aller, mais ma famille l`a convaincue. Comment pouvions-nus imaginer qu’ils la tueraient comme ça ?» Ce matin, Perveen Bibi a mis fin aux jours de son propre enfant. Elle a arrosé d’essence sa fille, et a allumé le feu, de son propre aveu. Ce sont des voisins qui, entendant crier, ont alerté les autorités. Mais la jeune fille était déjà morte à leur arrivée.
1.100 crimes d’honneur en 2015
Il s’agit de la troisième attaque de ce type en un mois au Pakistan, où 1100 «crimes d’honneur» ont été commis l’an dernier selon la Commission des droits de l`Homme du Pakistan (HRCP). Mais cet assassinat-là semble encore pire que tout. La mère infanticide, qui a été trouvée dans la maison familiale, auprès du corps, a été arrêtée. Le frère de la victime est recherché. «Sa mère a avoué le crime, mais il nous est difficile de croire qu`une femme de 50 ans a commis cet acte toute seule sans l`aide de membres de la famille», a expliqué un policier à la BBC Urdu.
La semaine dernière, Maria Sadaqat, une Pakistanaise de 19 ans, a été torturée et brûlée vive parce qu’elle avait décliné une demande en mariage. Un mois plus tôt, une adolescente a également été immolée par le feu parce qu’elle avait aidé une amie à s’enfuir avec un homme. Cette recrudescence de ce genre d’affaires intervient alors que la province du Pendjab, où les deux dernières attaques ont eu lieu, a adopté une loi historique en février criminalisant toutes les formes de violence contre les femmes. Mais cette législation progressiste n’est pas du goût de tous : plus de 30 groupes religieux, y compris tous les partis politiques islamiques traditionnels, ont menacé de lancer un mouvement de protestations si le texte n’est pas abrogé.
Et récemment, le Conseil de l`idéologie islamique (CII), organe constitutionnel de clercs et de savants qui conseillent le gouvernement, a déposé un projet de loi autorisant un mari à «battre légèrement» sa femme «si nécessaire». Ce qui a donné lieu à une grande campagne que l’on retrouve sur les réseaux sociaux sous le hashtag #TryBeatingMeLightly. Si les Pakistanaises n’ont pas dit leur dernier mot, l’actualité prouve que la route est encore longue pour les droits des femmes dans le pays de Malala Yousafzai.
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