Le gaz algérien sous pression

  31 Octobre 2015    Lu: 604
Le gaz algérien sous pression
Les exportations algériennes de gaz naturel sont passées, en 10 ans, de 64 à 44 milliards de mètres cubes.
La concurrence se renforce sur le marché européen du gaz. Attendu depuis l’avènement de la révolution du schiste, le gaz naturel américain arrive en Europe, ce qui ne manque pas d’affecter l’équilibre précaire de ce marché fortement concurrentiel et considéré comme un débouché naturel du gaz algérien.

En effet, la compagnie française de distribution de gaz Engie (ex-GDF) a annoncé, mercredi dans un communiqué, la signature avec l’américain Cheniere Marketing International LLP d’un contrat d’achat-vente de 5 ans au prix du marché européen de gaz prévoyant la livraison de pas moins de 12 cargaisons de GNL par an sur le terminal de regazéification de Montoir-de-Bretagne.

Notons par ailleurs que, selon les informations relayées par l’agence américaine Bloomberg, cet accord est le second du genre pour Cheniere avec la France, vu qu’EDF avait également signé un accord d’achat de 50 cargaisons de GNL américain livrables en 2018. Ces accords font de la France le premier point d’entrée du gaz américain sur le marché européen.

Des accords que les responsables français justifient par la nécessité de diversifier les approvisionnements. C’est ainsi que Pierre Chareyre, directeur général adjoint en charge de la branche Global Gaz & GNL, a déclaré qu’«Engie s’est engagée à fournir à ses clients européens une énergie propre et sûre. L’importation de GNL américain participera au renforcement de la sécurité d’approvisionnement en Europe. En outre, dans le contexte de la transition énergétique, le gaz naturel est le partenaire idéal pour les énergies renouvelables, dans la mesure où il est flexible et abondant».

Pour autant, l’arrivée du GNL américain sur le marché européen mettra les fournisseurs traditionnels du marché européen sous pression, la Russie et l’Algérie en tête. Rappelons dans ce sens que Sonatrach, qui est aujourd’hui le troisième fournisseur en gaz de l’Europe après la Russie et la Norvège, fait face à de nombreux défis, qui affectent lourdement ses parts de marché.

A une demande en berne sur le marché européen se conjuguent une explosion de la demande interne en gaz et un déclin de la production.
L’effet ne s’est d’ailleurs pas fait attendre. Les exportations algériennes de gaz naturel sont passées, en l’espace de 10 ans, de 64 milliards de mètres cubes à 44 milliards. Il y a quelques jours, la revue spécialisée Pétrostratégies mettait en lumière les défis qui attendent l’Algérie sur le marché gazier.

Car au-delà du tournant pris par la Russie sur le marché européen afin de préserver ses parts de marché et de l’arrivée annoncée et attendue du GNL américain, Pétrostratégies évoque l’arrivée de nombreux nouveaux entrants, à l’image du gaz en provenance d’Iran, d’Azerbaïdjan, ou encore du gaz en provenance des gisements offshore du bassin oriental de la Méditerranée.

Pétrostratégies n’écarte d’ailleurs pas une guerre des prix du gaz qui risque de miner le marché gazier, comme cela a été le cas pour le marché pétrolier. Une situation que la compagnie pétrolière devra anticiper au risque de voir les pressions quant à son modèle et ses principes de commercialisation augmenter. Ce qui est d’ailleurs déjà le cas. 

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