Selon l’enquête, réalisée auprès de 1 500 personnes dont 500 parents d’enfants de 0 à 6 ans, 511 enfants de 7 à 12 ans et 502 adolescents âgés de 13 à 19 ans, 21 % des moins de 6 ans utilisent des casques et des écouteurs, contre 95 % chez les adolescents et 74 % chez les 7 à 12 ans.
La vraie surprise est venue des enfants de moins de 2 ans qui, selon leurs parents, seraient 15 % à utiliser des casques et des écouteurs. Parmi ces enfants qui utilisent des casques, 71 % s’endorment avec eux lors de longs trajets en voiture, et 61 % dans leur lit. Soit 9 % de l’ensemble des enfants de moins de 2 ans étudiés.
La durée moyenne d’écoute avec un casque et/ou des écouteurs a de quoi surprendre également, elle a été établie à une demi-heure par jour et en continu pour les enfants jusqu’à 6 ans.
« Nous sommes très inquiets de voir que la berceuse est remplacée par le casque », commente Jean-Louis Horvilleur, un audioprothésiste qui a coordonné l’enquête avec notamment le soutien de la Direction générale de la santé (DGS).
« C’est consternant », résume le docteur Jean-Michel Klein, président du Syndicat national des médecins ORL, qui redoute les conséquences sur l’audition à long terme de ces enfants « incapables de dire si le son est trop fort ». « On va en faire des sourds à 30 ans », ajoute-t-il.
« C’est de la folie »
Les commentaires sont tout aussi négatifs du côté des pédiatres. « C’est de la folie, on sait déjà que l’écran avant 3 ans est déraisonnable, mais le casque sur les oreilles avant l’âge de 6 à 8 ans est tout aussi déraisonnable », estime le docteur François-Marie Caron, ancien président de l’association française des pédiatres. « Le risque c’est l’excitation par rapport au sommeil mais également une stimulation auditive excessive », note-t-il.
Mais les tout-petits ne sont pas les seuls à s’endormir avec des casques, les adolescents étant 67 % à le faire lors de déplacements en voiture et 69 % dans leur lit, avec une durée d’écoute moyenne de deux heures par jour.
Cette évolution inquiète les spécialistes qui relèvent que pour entendre le son dans un endroit bruyant comme une voiture, les jeunes ont tendance à augmenter le son à des niveaux dangereux pour leurs oreilles.
Un volume trop élevé provoque un vieillissement « prématuré et irréversible » de l’oreille interne, rappelle le docteur Klein qui conseille aux adolescents de modérer la puissance du son. « Quatre-vint-dix décibels avec un écouteur créent une pression sur le tympan ressemblant à un tsunami », explique-t-il.
Au-delà de la limitation du volume, l’association « La semaine du son » conseille aussi de limiter le temps d’écoute, de diminuer la fréquence de l’utilisation des écouteurs et de faire des pauses, des conseils qu’une très grande majorité d’adolescents connaît mais sans forcément les respecter.
Tags: