Conférence de Vienne sur la Syrie: «L`Iran et la Russie ont les cartes en main»

  30 Octobre 2015    Lu: 1029
Conférence de Vienne sur la Syrie: «L`Iran et la Russie ont les cartes en main»
Veto américain et saoudien obligent, jamais l’Iran n’avait été convié à la table des négociations sur le dossier syrien. Mais ce temps est révolu. Ce vendredi à Vienne (Autriche), la reprise des pourparlers pour s’orienter vers une sortie du conflit en Syrie rassemblera pour la première fois les chefs de la diplomatie américaine, russe, saoudienne et iranienne.
Iran et Russie « ont les cartes en main

Si la Russie insiste depuis le début du conflit en Syrie sur la participation de l’Iran à un règlement politique, les Etats-Unis et l’Arabie Saoudite s’y opposaient fermement. Mais les Américains ont finalement amorcé une inflexion surprise de leur position. « Il y a une volonté claire et consensuelle de trouver une solution politique au conflit syrien, ce que ne permet pas la voie militaire », explique Agnès Levallois, consultante spécialiste du Moyen-Orient et des questions syriennes. Après une réunion quadripartite entre le Russe Sergueï Lavrov, l’Américain John Kerry, le Saoudien Adel al-Jubeir et le Turc Feridun Sinirlioglu, des pourparlers élargis à d’autres diplomaties régionales et européennes incluront vendredi le ministre des Affaires étrangères iranien Mohammad Javad Zarif.

« Face à ce conflit meurtrier, le principe de réalité s’est imposé à tout le monde », estime Agnès Levallois. Et comme la Russie et l’Iran sont les principaux alliés de la Syrie, « aucune solution politique n’est possible sans leur concours. En tant qu’alliés et soutiens financier et militaire de la Syrie, ce sont eux qui ont les cartes en main », analyse-t-elle. C’est la première fois que l’Iran sera représenté à une réunion internationale sur la Syrie. En 2012, Téhéran n’avait pas participé à la conférence de Genève-1 sur la Syrie, et son invitation à participer à Genève-2 en 2014 avait été retirée par le secrétaire général de l’ONU Ban Ki-moon en raison de l’opposition des États-Unis et de l’Arabie saoudite.

Ne pas s’enliser en Syrie

Mais les différentes parties en présence pourront-elles accorder leurs violons ? Jeudi, Ban Ki-moon a appelé les participants aux discussions à se montrer « flexibles », alors que le sort du président syrien continue de diviser Washington et Moscou. Engagée depuis le 30 septembre dans une campagne de bombardements aériens intensifs en Syrie, la Russie, consciente du risque d’enlisement militaire, pourrait toutefois finir par lâcher Assad. Idem pour l’Iran, dont les milices au sol ont essuyé des pertes humaines. « Pour Moscou et Téhéran, la question aujourd’hui n’est pas le maintien à tout prix d’Assad. L’important pour eux est le maintien du système, pas de la personne », souligne Agnès Levallois.
Ces pourparlers représentent « l’occasion la plus prometteuse pour (trouver) une ouverture politique », a déclaré John Kerry, le chef de la diplomatie américaine, même si aucune solution concrète ne devrait se profiler à l`issue de cette rencontre. « Il y a assez peu d’espoir de résultat avec cette réunion de Vienne, tempère Agnès Levallois. Mais le fait que pour la première fois, tous ces acteurs internationaux se mettent autour d’une même table pour tenter de résoudre le conflit est un bon début ».

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