Il y a un mois, le géant allemand se faisait épingler pour avoir falsifié ses moteurs diesel afin de répondre aux normes anti-pollution imposées aux Etats-Unis. Les conséquences de cette fraude se ressentent dans les comptes du groupe.
Le constructeur annonce une perte d’exploitation de 3,48 milliards d’euros, la première en 15 ans, contre un bénéfice opérationnel de 3,23 milliards l’année dernière. Cette perte est imputable aux provisions que le groupe a dû faire en vue des amendes à venir.
Volkswagen a déjà mis de côté près de 7 milliards d’euros et ce n’est qu’un début, car, en plus des amendes, le constructeur doit faire face aux dépenses liées aux rappels des véhicules. Au total, 11 millions de voitures dans le monde sont concernés, dont 8,5 millions en Europe.
Le constructeur s`est engagé à les remettre toutes aux normes d`ici la fin de l`année prochaine. Un chantier titanesque qui débutera début janvier 2016. « En fonction des moteurs, les rappels n’auront pas le même coût. Il faut que Volkswagen puisse provisionner l’argent, mais aussi les pièces pour pouvoir organiser ce rappel sur toute l’année 2016 », précise Bertrand Rakotto, analyste du marché automobile.
Peut-être le rappel le plus cher de l’industrie automobile
Ce n`est pas la première fois que l`on procède à des rappels. Entre 2009 et 2010, Toyota avait rappelé 8 à 9 millions de véhicules et General Motors plus de 36 millions l`année dernière. Ce n`est pas tant le nombre de véhicules qui est élevé, mais bien le coût des remises aux normes.
L`affaire Volkswagen pourrait se solder par le rappel le plus cher de l`industrie automobile. Personne pour le moment ne peut dire combien le scandale coûtera à la firme, d’autant que la justice américaine est très sévère en cas de fraude. « Le risque financier pour Volkswagen, ce n’est pas seulement l’amende aux Etats-Unis, ce sont les actions de groupes aux Etats-Unis et en Europe pour demander des dommages et intérêts au constructeur, explique Flavien Neuvy, directeur de l`observatoire Cetelem de l`automobile. Il y a des actionnaires aussi qui demandent réparation et puis il va y avoir des procédures judiciaires, pénales un peu partout dans le monde. Pour le moment, le risque financier pour Volkswagen est incalculable ».
Dans une étude publiée jeudi dernier, l`agence de notation Moody`s s`attarde sur les conséquences financières et évoque trois scénarios possibles avec une préférence pour le scénario dit moyen dont la facture serait d`environ 20 milliards d`euros. Cette hypothèse a conduit l`agence à modifier les perspectives du groupe.
Les investisseurs sont rassurés
Malgré ces mauvais résultats, les marchés financiers ce mercredi matin 28 octobre ont plutôt bien réagi. A l’ouverture de la bourse de Francfort, le titre était en tête de l’indice Dax et affichait une pointe à plus de 4 %. Les investisseurs sont rassurés par une situation qui se clarifie et par des chiffres moins mauvais que ceux envisagés.
Autre point rassurant : le nouveau patron affirme que les ventes de voitures devraient être stables en dépit du scandale. Volkswagen s`attend à une croissance de son chiffre d`affaires supérieure à 4 % en 2015 par rapport à l`année dernière.
Pour Bertrand Rakotto, analyste du marché automobile, la fraude ne sera pas fatale à la marque, car le consommateur est non seulement peu soucieux des normes environnementales mais, en plus, il oublie vite : « En général, la mémoire collective ne dure pas plus de six mois. On l’a vu avec Toyota : les gens n’ont pas acheté moins de Toyota après le rappel suite à des problèmes qualité. Chez General Motors, ça n’a pas eu non plus une grosse incidence. Même quand il y a eu des morts, les gens n’ont pas déserté une marque. Donc il y a peu de chance que les gens fuient Volkswagen pour avoir eu un problème de fraude à l’homologation des véhicules ».
Opération commerciale en Allemagne
D’ores et déjà, le groupe tente de retrouver la confiance auprès de ses clients. Volkswagen lance une opération commerciale en Allemagne où 2,4 millions de voitures sont concernées. Il propose à ses clients la reprise de leur véhicule frauduleux contre le rachat d’un véhicule neuf.
Selon Bertrand Rakotto, c’est, en général, une bonne politique : « Il faut savoir qu’un client qui a eu un problème et qui est satisfait de la résolution de ce problème sera plus fidèle qu’un client qui n’a jamais eu de problème. Donc, avoir une offre qui soit alléchante pour des clients qui ne sont pas forcément déçus de la marque, mais plus déçus qu’on la voit dans la presse, ça peut être un bon moyen de conserver des clients qui, jusque-là, ont acheté des Volkswagen ».
Avant que l`ampleur du scandale soit totalement mesurée, Volkswagen a perdu sa place de leader mondial. L’ex-leader est désormais devancé par Toyota qui retrouve sa place de numéro 1 sur les neuf premiers mois de l`année.
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