LES DOSSIERS DE TYLER BIRTH: Azerbaijan Airlines, une compagnie étonnante à la conquête du marché premium !

  29 Avril 2016    Lu: 843
LES DOSSIERS DE TYLER BIRTH: Azerbaijan Airlines, une compagnie étonnante à la conquête du marché premium !
De toute évidence Azerbaijan Airlines n’a rien d’une compagnie classique. Situer le pays dont elle est originaire permet déjà d’en apprendre davantage sur son ancrage macroéconomique.

Première partie – A la découverte d’Azerbaijan Airlines, la compagnie aérienne venue de Baku.
Deuxième partie – Voyage à bord d’un Boeing 767 d’Azerbaijan Airlines, entre Baku et Pékin.
Troisième partie – Rencontre avec Pasha Kesamanski, porte-parole d’Azerbaijan Airlines.
Quatrième partie – Le Dreamliner, un service Flagship pour AZAL !
Cinquième partie – Aéroport international Heydar Aliyev, l’aéroport de Baku au service d’Azerbaijan Airlines.


On s’en aperçoit assez vite, l’Azerbaïdjan profite d’une position géographique intéressante puisque situé entre Europe et Asie, et à proximité des pays du Moyen-Orient.

La capitale Baku est le hub de la compagnie Azerbaijan Airlines comme on l’explique exhaustivement dans le chapitre V de ce Dossier.

Le poids de l’Histoire

La date de naissance d’Azerbaijan Airlines ne tient pas du hasard puisque 1991 est l’époque charnière à laquelle les pays d’Asie Centrale étaient libérées du joug soviétique. C’est à la faveur de l’ouverture de ces pays que des compagnies aériennes, portant fièrement le drapeau de leurs pays dans le monde entier, sont créées et développées.

Azerbaijan n’est cependant pas créée de toutes pièces puisqu’elle renaît des cendres d’Aeroflot, compagnie la plus importante du monde grâce à ses ramifications dans les Républiques Soviétiques, mais fortement amaigrie après la chute du Mur de Berlin.

Autre fait qui a son importance, l’ouverture vers l’Ouest est immédiatement concrétisée par des pourparlers avec Boeing, pendant les années 1990, pour l’achats d’avions occidentaux neufs : 737, 757, 767, 777. Même chose plus tard avec Airbus, et plus récemment avec Embraer. Le dernier appareil de conception russe vola pour Azerbaijan Airlines en 2010.

Les années 2010.

Le paradigme a changé depuis quelques années, et les rentes pétrolières du pays lui permettent d’investir massivement dans des postes clefs. Comme beaucoup de pays riches mais paradoxalement encore en développement, la compagnie aérienne est un vecteur indispensable pour faire vivre le pays à l’étranger. Montrer les couleurs, mais aussi être présent sur des marchés stratégiques et donner la possibilité de nouer des liens inter-nations.

Baku-Istanbul est la première liaison lancée par la compagnie, ce qui est cohérent avec le passif turcophone de ce pays. Viendra ensuite Baku-Dubai qui s’explique vraisemblablement par la connivence pétrolifère des deux pays.

Aujourd’hui, le réseau de la compagnie aérienne est très tourné vers la Russie et les anciennes Républiques Soviétiques, mais aussi en Turquie et dans le Golfe Persique. Elle s’est en outre bien développée en Europe, alors que son réseau vers l’Asie et l’Amérique reste pour l’heure modeste.

Azerbaijan Airlines est aujourd’hui surtout centrée sur l’Asie Centrale et le Moyen-Orient :

Les destinations européennes sont au nombre de cinq :

Pour le reste du monde, seules deux destinations long-courriers sont actuellement opérées par Azerbaijan Airlines, mais par des avions dont la nature des produits à bord divergent fortement !

Pour accompagner les mutations de la compagnie, les dirigeants ont fait le choix d’acquérir de nouveaux avions modernes. Ainsi la flotte est passée du russe à l’américain et à l’européen assez rapidement. Aujourd’hui, la flotte est âgée de près de 10 ans en moyenne, mais s’avère en fait assez jeune quand on regarde dans le détail.


Cet appareil n’est cependant plus seul dans la famille des Embraer de la compagnie puisque quatre Embraer 190 neufs ont rejoint ses rangs.

Âgés de 3 ans, ils sont affectés au réseau court-courrier, dont la desserte de Nakhchivan (NAJ), capitale d’une république autonome d’Azerbaïdjan, enclavée entre l’Arménie et l’Iran. On les retrouve également sur la ligne Baku-Istanbul (aéroport de SAW).

Airbus A319 et A320.

L’arrivée des Airbus dans la flotte constitue évidemment un tournant stratégique puisque la compagnie affirme un peu plus son regard vers l’Occident.

Âge : un peu plus de 10 ans en moyenne. Seuls les A319 sont neufs puisque les A320 sont d’occasion.
Nombre : trois A319 et sept A320.
Destinations : ces Airbus sont le cœur de la flotte de cette compagnie essentiellement centrée sur des activités moyen-courriers. Les avions desservent ainsi tout l’Europe, l’Asie Centrale, et le Moyen-Orient.
A Moscou, les Airbus volent vers l’aéroport de VKO et DME ; et Londres n’est pas concernée comme on le verra plus loin.

Note : parmi la flotte d’Airbus, un A319 et un A320 appartiennent à la flotte VIP même s’il sont officiellement rattachés à la flotte de la compagnie aérienne.

Airbus A340.

Le cas des Airbus long-courriers est intéressant. Ces avions étaient destinés à la compagnie indienne Kingfisher Airlines. Cette compagnie prometteuse allait cependant déposer le bilan après moins de 10 ans d’activité, laissant Airbus avec une large commande de plusieurs A340, A350 et même A380.

Intéressée par les A340 déjà équipés de leurs cabines, c’est donc Azerbaijan qui les a récupéré.

Âge : 8 ans.
Nombre : deux A340-500, un avion qui a la particularité d’être très long-courrier. Comme pour les A319/A320, Azerbaijan compte également un A340-600 qui appartient à la flotte gouvernementale.

Destinations : si la compagnie affirme qu’elle continuera à les exploiter, actuellement un seul de ces avions ne vole, et il est affecté à la ligne Baku-Dubai. Ce qui constitue évidemment un paradoxe puisque ce vol ne fait que 1700 kilomètres de distance alors que l’appareil a été conçu pour en parcourir plus de 16 000 – soit l’équivalent d’un Paris-Melbourne !

Boeing 767.

C’est assez surprenant, mais ces Boeing 767 sont en fait parmi les appareils les plus récents de la flotte d’Azerbaijan.


Boeing 787.

Ce sont les avions les plus modernes et les plus récents de la compagnie. Ils proposent le meilleur produit à bord, et sont par ailleurs les premiers à inclure une classe de type Premium.

Âge : arrivés la veille de Noël 2014, ils ont donc à peine plus d’un an d’opération.
Nombre : deux appareils, soit la totalité de ce qui a été commandé pour le moment.
Destinations : Londres comme destination moyen-courrier, et New York sur le long-courrier. Cette dernière est desservie à raison de deux vols hebdomadaires.

Une flotte trop hétérogène ?

Énumérée telle quelle, la flotte Azerbaijan laisse perplexe. Certes à part les 757, la flotte est jeune et les avions sont neufs pour la plupart, mais pourquoi avoir fait le choix de se fournir chez trois fabricants différents, et constituer autant de sous-flottes ?

Malgré ce constat la compagnie aérienne assume parfaitement ses choix. La grande variété de l’offre à bord – en volume autant qu’en qualité – permet de s’adapter aux différents marchés sur lesquels elle opère. Londres et New – York étant stratégiques, le Dreamliner flagship s’imposait assez clairement. A contrario, Dubai est desservie par des appareils différents aux produits très contrastés entre A340 et 767.

A moyen-terme donc, la compagnie aérienne n’envisage pas de rationaliser cette flotte ni même d’harmoniser les différents produits qu’elle propose. La stratégie adoptée est plutôt de penser en termes de marché, avec le court, le moyen, et le long-courriers avec des lignes spécifiques ayant un produit en cohérence avec celui-ci.

Un hub stratégique ?

AZAL commence à assumer sa volonté d’agir en tant que hub. Il faut dire que sa situation est intéressante puisqu’elle a d’un côté l’Europe, à portée de vol moyen-courrier, et de l’autre l’Asie Centrale et le Moyen-Orient dans un rayon de deux heures de vol.

A ce titre, le marché iranien est regardé de très près par la compagnie aérienne qui compte tirer profit de l’ouverture du pays pour monter en cadence. Si elle compte surtout jouer sur la compétition tarifaire, l’argument du hub pourrait faire mouche car Téhéran est proche de Baku, et le hub permettrait de dispatcher le trafic vers toute l’Europe ainsi que New York, comme cela semble être l’objectif à moyen-terme.

Said Musayev, rédacteur et responsable des publications d`AZVISiON Français

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