Ce pédiatre du CHU de Rennes participera ce jeudi à un café-citoyen autour de ce que l’on appelle les « formules infantiles ». « C’est une des préoccupations principales des parents. Souvent, ils pratiquent l’autoprescription et changent parfois dix fois de lait pour trouver la bonne formule. C’est contre-productif », explique le docteur Dabadie.
S’il préconise avant tout l’allaitement maternel « quand c’est possible », le pédiatre admet que les laits en poudre développés par les industriels sont aujourd’hui adaptés à la croissance des nourrissons. « Il y a eu beaucoup de progrès sur les aspects nutritionnels. On a par exemple diminué les protéines pour se caler sur le lait maternel », poursuit le médecin. Ces teneurs en protéines sont maintenant encadrées par la loi.
« Il ne faut pas lancer de psychose »
Les formules infantiles sont également enrichies en oméga 3, ce qui n’a pas toujours été le cas. « Ce n’est pas obligatoire, mais c’est recommandé, car les acides gras participent au développement du cerveau et de fonctions comme la vision », poursuit Gaëlle Boudry. Physiologiste à l’Inra ( Institut national de la recherche agronomique), la scientifique travaille depuis des années sur la composition des laits pour enfants. « Il ne faut pas lancer de psychose. Tous les laits sont sûrs et ne provoqueront pas de maladie. Les industriels et les scientifiques ont fait d’importantes recherches pour améliorer la composition », assure la physiologiste, qui interviendra également à l’Espace des sciences ce jeudi.
Les différents laits proposés sont conseillés au moins jusqu’à ce que l’enfant ait un an. Avant, le lait de vache « pur » est déconseillé. « On le faisait au XIXe siècle et les enfants mouraient », résume le docteur Dabadie. Les laits de croissance proposés après cet âge peuvent également être utiles au développement. « On a longtemps accuséles industriels de faire du marketing, mais les formules sont très encadrées, beaucoup plus que l’agroalimentaire en général. Les laits de croissance peuvent apporter un complément nutritionnel, notamment aux enfants qui sont un peu difficiles ».
Rien ne remplace le lait maternel
Les deux scientifiques restent cependant catégoriques sur un point. Rien ne remplacera le lait maternel. « Pour les défenses immunitaires, jamais nous n’arriverons à reproduire la même chose. C’est inimaginable », assure le docteur Dabadie. « Mais ça ne sert à rien de forcer la main aux mamans. Il faut savoir convaincre avec tact et patience. C’est notre rôle de médecin », conclut-il.
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