Du Botox contre les douleurs neuropathiques localisées

  21 Avril 2016    Lu: 1208
Du Botox contre les douleurs neuropathiques localisées
L`injection de toxine botulique tous les trimestres pourrait devenir un nouveau moyen de combattre des souffrances très difficiles à soulager.
La toxine botulique de type A – plus connue sous le nom de Botox même si elle est commercialisée sous d`autres marques – est un vrai médicament. Certes, son utilisation la plus fréquente et la plus médiatisée concerne l`effacement de certaines rides du visage, principalement celles du front. Mais elle a d`abord été injectée à titre thérapeutique. Une nouvelle indication semble se dessiner : les redoutables douleurs neuropathiques – souvent liées à la lésion d`un nerf, par exemple après une intervention chirurgicale, un traumatisme, ou en raison d`une maladie neurologique -, qui affectent des milliers de personnes en France et contre lesquelles il n`existe pas de traitement satisfaisant.

Injectée dans un muscle

Tout a commencé dans les années 1950, quand un Canadien a montré que son injection de cette toxine dans un muscle hyperactif provoquait son relâchement temporaire. Elle a d`abord été expérimentée pour traiter le strabisme. Mais depuis, en plus d`éviter le recours à la chirurgie à bon nombre d`enfants qui louchent, son champ d`action s`est énormément étendu : blépharospasme (paupière tombante), torticolis spasmodique, crampe de l`écrivain et du musicien, spasme hémifacial, spasticité localisée (excès de tonus musculaire par exemple après un traumatisme cérébral).

Cette puissante toxine a également envahi progressivement d`autres sphères de la médecine. Elle permet notamment de combattre les excès de transpiration, l`hypersalivation chez les patients atteints de certains problèmes neurologiques, les maux de tête et l`incontinence urinaire (notamment celle due à une hyperactivité de la vessie). Elle est parfois employée hors AMM (autorisation de mise sur le marché), donc dans des indications qui ne sont pas – encore ? – validées par les autorités de santé. C`est le cas pour les douleurs neuropathiques.

Des mises en garde

L`équipe de Nadine Attal* a récemment conduit une étude dans ce domaine. D`après ses résultats, après 24 semaines de suivi, l`évaluation de la douleur passait en moyenne de 6,5 à 4,6 (sur une échelle allant de 0 à 10) dans le groupe Botox, contre 6,4 à 5,8 dans le groupe recevant un placebo. Pour ceux qui souffrent, la différence est importante… Et les personnes ayant bien répondu à la première séance d`injection étaient plus soulagées après la seconde séance. Pour elle, ce travail a non seulement confirmé l`efficacité de la toxine botulique de type A, mais elle a aussi permis de mieux cerner le profil des patients pouvant en bénéficier. Il faut que le territoire douloureux soit peu étendu, qu`ils aient une bonne sensibilité à la chaleur dans la zone concernée et une douleur provoquée par un contact ou un simple effleurement.

Mais la spécialiste met en garde : « Ce traitement ne pourra être proposé qu`en cas d`échec des thérapies conventionnelles, car les injections doivent être réalisées à l`hôpital et sont souvent douloureuses. » Il n`empêche, tout nouvel espoir de soulagement est à prendre en considération, car, comme le rappelle Nadine Attal, ces douleurs « ne répondent pas aux antalgiques classiques et, si les médicaments le plus souvent proposés – comme les antiépileptiques ou les antidépresseurs – peuvent être efficaces, c`est au prix d`effets indésirables souvent gênants ».

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