Port du voile: un problème qui prend de l’altitude

  19 Avril 2016    Lu: 610
Port du voile: un problème qui prend de l’altitude
Hier, Air France a ouvert sa liaison Paris-Téhéran, suspendue depuis 2008 en raison des sanctions internationales imposées à l`Iran. Mais la reprise de ces vols, précédée d`une violente polémique, a soulevé un problème beaucoup plus complexe, celui du port du voile.
L`histoire des hôtesses qui ont refusé de porter le voile en atterrissant à Téhéran a très vite franchi les frontières françaises et a débouché sur une nouvelle étape de la campagne anti-voile. Le mouvement My Stealthy Freedom ("Ma liberté furtive") a appelé toutes les femmes qui visitent l`Iran à se prendre en photo tête nue et à poster leurs clichés sur les réseaux sociaux.

Le projet a totalisé plus de 500.000 mentions "j`aime", la plupart provenant des femmes iraniennes, toutes unies par la volonté d`être libres dans leur choix vestimentaires. Ces femmes estiment que de porter le voile ou pas est un choix personnel et qu`il ne devrait pas être puni en Iran, à l`instar d`autres pays où l`on ne réprime pas pour les choix vestimentaires ou de maquillage.

Il faut se rappeler que les Iraniennes n`ont pas toujours été voilées. Le colonel Reza Khan, proclamé empereur de Perse en 1925, a interdit le port du voile pour les femmes, le hijab n`étant revenu qu`en 1979 avec la Révolution islamique. Mais au fil du temps, l`attitude des femmes envers le foulard islamique évolue et en signe de protestation, elles ont commencé à négliger cette obligation, ce qui a provoqué des arrestations et des amendes.

Le problème de hijab revêt ces derniers temps un caractère politique. L`écrivain américo-iranien Azadeh Moaveni a fait remarquer:

"Pour les responsables iraniens, le hijab a une grande valeur symbolique. On affaiblit le voile, pensent-ils, et l`enfer s`entrouvre, les gens voudront boire de la bière dans la rue et lire des romans censurés. Le hijab pour eux est le barrage de la liberté".

Les réformateurs ont une opinion bien différente. Parvaneh Salahshori, élue lors des dernières législatives a indiqué:

"Les femmes iraniennes veulent des changements. Nous voulons avoir le droit de vote à l`égal des hommes et nous sommes prêtes à tout faire pour mettre fin à la discrimination. Nous devons décider nous-mêmes si nous irons voter ou pas, si nous porterons le voile ou pas."

En 2014, le président iranien Hassan Rohani a indiqué sur Twitter qu`il était impossible de juger de la chasteté d`une femme à partir de sa tenue et qu`une musulmane qui ne portait pas le voile ne devait pas être considérée comme amorale.

"Je mets en garde tout le monde contre l`équivalence entre le hijab et la chasteté", a-t-il précisé, ajoutant que de nombreuses femmes qui ne portent pas le voile mènent une vie morale.

En Iran, le port du voile est obligatoire pour les étrangères, les touristes et les non-musulmanes. Depuis avril 2007, la police iranienne mène une vaste campagne, afin notamment de mieux faire respecter le port du voile islamique. Cette campagne s`est soldée par des centaines d`interpellations et des milliers d`avertissements aux filles et femmes "mal" voilées à travers tout le pays.

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