Le Jiutian SU-AVE a été présenté lors du 15e Salon aéronautique de Zhuhai en novembre dernier, et devrait effectuer son vol inaugural en juin, a annoncé la télévision chinoise CCTV. Cet imposant drone bombardier, d’une envergure de 25 mètres, est doté d’une masse au décollage de 16 tonnes et d’une charge utile de 6 tonnes.
Développé par l’Aviation Industry Corporation of China (AVIC), ce projet aurait bénéficié de 3 milliards de yuans de subventions pour le rendre 100% made in China. Outre sa taille, le «vaisseau mère» serait capable de voler à 15.000 mètres d’altitude, ce qui lui permettrait de se tenir hors de portée de la plupart des systèmes de défense aérienne. Il est également doté d’une portée de 7000 km et d’une autonomie de 12 heures, selon les chiffres communiqués par le constructeur. Mais sa particularité la plus intéressante réside dans ses capacités : le bombardier pourrait en effet lancer jusqu’à 100 drones en essaim, de reconnaissance, de guerre électronique ou kamikaze. C’est là la réelle innovation du Jiutian SU-AVE : il sera le premier porte-drones aérien à entrer en activité.
Cette véritable forteresse volante est également dotée de huit points d’emport sous les ailes pour des missiles air-sol ou des bombes. Si elle n’accueille pas de drones, sa soute peut transporter jusqu’à 1000 kg de missiles. Un journaliste de Xinhua News, la plus ancienne agence de presse nationale chinoise, a publié sur les réseaux sociaux une vidéo de l’engin en animation 3D. On y aperçoit une nuée de drones sortir des entrailles structurées en nid d’abeilles du Jiutian SU-AVE. En légende, le journaliste ne se prive pas de tacler l’ennemi américain : «Ne vous inquiétez pas, l’armée chinoise a toujours été orientée vers la paix. Nous montons en puissance pour dissuader toute agression, contrairement aux États-Unis, qui attaquent constamment d’autres nations».
Mais les images sont trompeuses : les munitions rôdeuses qui sortent des deux côtés du bombardier ressemblent à des Shahed 136, ces drones iraniens dont la cote a explosé depuis le début de la guerre en Ukraine. Or, ces aéronefs sans pilote mesurent 3,5 mètres de long, 2,5 mètres d’envergure et pèsent plus de 200 kg, ce qui impliquerait une taille vraiment inédite pour le Jiutian SU-AVE. En réalité, si l’appareil peut réellement emporter une centaine de drones, il s’agira de munitions beaucoup plus réduites. La taille du «vaisseau mère» chinois se rapproche en fait de celle du MQ-9 Riper américain, qui est même doté d’une plus grande envergure (20 mètres). En revanche, sa charge maximale est bien moins élevée (4,5 tonnes), et il ne peut pas emporter de drones. Sa masse est également similaire à celle du RQ-4 Global Hawk américain, mais ce dernier est destiné à la surveillance.
Comme le souligne The Telegraph, la Chine dispose déjà d’une gamme complète de drones de combat, allant du drone armé classique au drone furtif, illustrant parfaitement sa montée en puissance dans la guerre aérienne autonome.
Avec Le Figaro